Chapitre 8

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Elijah

L'avantage d'être moi, c'est que je peux être le pire des connards sans que j'en sois la pire personne du monde. Quelle vie ! L'intensité des entraînements me permet d'évacuer toutes les tensions et contrariétés. Et y en a un paquet. Déjà, ils veulent tous me tester. Quand t'es le meilleur, c'est normal, ils veulent tous te ressembler. Je les comprends. Autant de classe et de puissance en un seul être, c'est injuste. Mais c'est moi, alors je le vis bien. Ensuite, le cas Yuna. Bordel, ça je m'en serai bien passé.

Elle est restée dans les vapes une bonne semaine, et là, elle ressemble à Laura Ingalls. Tout va bien. Mais elle croit franchement que je vais y croire ? Si tout le monde semble bien le vivre, moi ça me fout les nerfs. J'ai envie de la secouer pour qu'elle se réveille, et retrouver la petite boule de nerfs qui passe son temps à me défier. Au lieu de ça, madame sourit. Elle fait que ça. Il manquerait plus qu'elle se mette à faire des tartes, et je jure que je l'achève.
Elle devrait être en colère, ou triste, j'en sais foutrement rien mais pas joyeuse et sereine. Elle s'est fait démonter la tronche, elle aurait pu crever. Mais non, ça sourit là et ça me rend dingue.

Reyes et Félix on fait leur devoirs. Je sais tout de son ex. Tout. Y a des choses qu'elle a caché, par fierté. J'hésite entre lui et Alfred pour la médaille du fils de pute de l'année. Et il se planque en plus. Il est introuvable. Quand mon agréable personne lui tombera dessus, ça arrivera, je vais lui faire goûter à mes caresses avec mes poings, mes pieds et tout ce que j'aurai sous la main. Il a cassé mon jouet préféré. Elle sourit même quand je lui lance mes meilleures piques, putain ! C'est avec elle que je m'engueule le mieux et il m'a volé ça.

Je veux qu'elle me gueule dessus, qu'elle m'insulte, ou qu'elle m'en colle une. Oui même ça. Tout ce qu'il faudra mais pas cette façade trop lisse qui m'insupporte. Je sais la fougue qui se cache là dessous, et pas seulement quand elle crie mon nom entre deux coups de reins. Sa hargne quand je l'appelle par des surnoms affectueux. Il l'a cassé. Elle est cassée et moi j'ai envie de tout défoncer.

Mon poing part vite et fort, je n'ai pas mis de gants pour taper le sac, j'ai besoin d'un contact réel. J'ai lu tellement de truc sur elle, parce qu'il tient un blog, qui fait encore ça ? Une grosse merde apparemment. Plus je repense à ça, plus je frappe le sac plus fort et plus vite. Il se vante de ce qu'il lui a fait subir. Et pas de lui avoir cassé la gueule, non, ça il a écrit comme des retrouvailles merveilleuses. Petite merde. Je vais t'en donner des merveilles. Les bruits des mes phalanges sur le sac ressemble à une rafale de mitraillette. Je pourrais les exploser que j'en aurai rien à foutre. C'est ma colère qui s'exprime, et comme elle est aussi cool que moi, je la laisse faire. Bam bam bam bam.

C'est dans mes bras qu'elle est tombée en sang, putain ! Du sang, je voyais que ça ! Et son cou, bordel, jusqu'à sa gorge c'était tellement foncé. Bam bam bam bam. Des bleus partout. Il a fait ça, il lui a fait ça. Je ne venais pas la voir quand elle était réveillée. J'y allais vite fait quand elle dormait. Et depuis qu'elle est sortie, je ne m'en approche pas. Bam bam bam bam. Je crève d'envie de la toucher, ça me consume. Mais à chaque mouvement brusque, elle sursaute. Elle se cache sous des vêtements beaucoup trop grands. Et elle sourit putain ! Bam bam bam bam.

Le sac se décroche du plafond, et tombe lourdement sur le sol. Ma respiration est aussi chaotique que mes tremblements. La salle est complètement silencieuse. J'aime bien qu'on me regarde mais là ça m'emmerde.
Mon père fixe le sac et moi, il doit sentir que je fleure bon l'envie de tuer parce qu'il ne dit rien. Il faut que je sorte avant que la première remarque qui fuse se termine par une mort atroce, et ça sera pas la mienne.

J'attrape une corde à sauter et sors sur le parking. L'air est lourd, il va y avoir de l'orage. Totalement raccord avec mon humeur, chouette. Seul face à moi-même. Je continue de cogiter, sans arrêt. Son hématome dans le cerveau est quasiment résorbé, il était beaucoup moins gros que prévu. Aucunes séquelles, à part des migraines. L'entorse de son genou est encore là, et pour le reste, ça cicatrise. Sa voix est un peu plus grave que d'habitude. Ça m'énerve autant que ça m'excite. C'est surréaliste.

À la lisière de MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant