Chapitre 12

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Elijah

J'aurai préféré me faire engueuler, ou un truc comme ça. Là, je suis puni. Puni ! C'est pas arrivé depuis je sais plus quand. Tout ça à cause de leur embuscade à la con. C'est toujours sur moi que ça retombe, fais chier. Il y a une instance électrique à la salle, mon vieux a trouvé un truc à faire. Il a l'air bien content, à côté d'Anton. Je suis sûr qu'ils ont vu le truc venir, et qu'ils ont décidé de nous faire venir aussi tôt exprès.

J'ai du mal à garder les yeux ouverts, mon lit m'appelle, je l'ai quitté à neuf heures, ça fait à peu près quatre heures de sommeil. J'ai la tête en vrac et ils rigolent comme des vieux cons. Félix dort à moitié sur l'îlot de la cuisine, Reyes à l'air crevé mais hyper détendu. Je parie qu'il a passé le reste de la nuit à faire des trucs crades, enfoiré de merde.

Linus a dormi chez moi, je me rappelle même pas comment on est rentrés. Ça devait pas être triste, vu la gueule de bois que je mange, elle est sévère. Ils ont eu la gentillesse de nous faire un petit déj, je vais me noyer dans le café, la tête la première.

- Comme vous êtes des trous du cul irresponsables, vous allez finir ça et vous bouger le fion dans le jardin.

Ça pue l'embrouille, on le sait mais à part Félix qui gueule, on la ferme tous. Ou c'est peut être parce que je suis trop en vrac pour dire quoi que se soit. Fais chier. On est bien chez Yuna en train de revenir d'entre les morts. Elle est rentrée comment, au fait ?

- Je l'ai porté sur mon dos. Répond Félix à ma question silencieuse. Et on s'est vautré comme des grosses merdes. Finit-il en rigolant.

Une tape derrière la tête le calme, et c'est Anton qui lui met.

- J'ai du ramasser ta gerbe, alors vaut mieux pour toi que tu la ferme, si tu veux pas que je t'enterre.

Il est flippant avec ses yeux de sniper. C'est moi qui rigole et mon cher cerveau me calme direct. La dernière fois que je me suis fais engueuler comme ça, je devais avoir quinze ou seize piges. C'était pour le Simba tatoué. Mémorable !

- C'est quoi sa punition ? Demande Reyes.

Mon père se retourne avec son air de conspirateur, ça sent mauvais.

- Pas "sa", votre punition à tous. Fermez la !

Des protestations bien bruyantes montent dans la cuisine et je balance ma serviette dans la gueule de Félix. Une pile de plan s'étale devant nous, je vois encore flou. Mais quand je vois leurs tronches se décomposées, j'ai vraiment pas envie de savoir.

- Vous allez monter le barbec', et il a intérêt à être parfait. Lâche Anton.

Tuez moi, par pitié ! Je regarde le plafond en écoutant les consignes. Elle est où Yuna ? Elle dort encore ? C'est grave si je vais finir ma nuit dans son lit ? Vu dans l'état qu'on est nous, j'imagine le sien et je repense à la première fois où je l'ai vu cuite. Elle avait fait un billard avec des mecs, et elle leur a foutu une branlée. C'est son aplomb qui m'a fait halluciner. Le lendemain elle était dans le mal total, un vrai zombie. Je rigole tout seul, j'ai l'impression que ça fait mille an que ça s'est passé.

Les sacs de béton pèsent aussi lourd que mon cerveau. Parce qu'avant ce putain de barbecue de merde, il faut couler une dalle de béton, évidemment. Ils veulent nous faire crever, alors qu'ils ont les bras croisés à nous regarder nous activés. Félix s'arrête pour reprendre son souffle, il va y passer avant nous, le con.

- Je t'ai pas laissé dormir sur mon canapé pour que tu la coule douce. Bouge toi le cul !
- C'est de l'esclavage ! Et les Droits de l'Homme, hein ?
- T'en as pas, faut être un homme pour ça.

À la lisière de MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant