Partir

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PDV de Federico:

Encore une fois, elle était partie. Elle avait choisi de s'en aller. Bien que je sois entouré de tous mes amis, je me sentais profondément seul sur cette immense scène. J'entendais vaguement des applaudissements et des sifflets au loin. Je voyais les gens se lever les uns après les autres. Pourtant, je ne percevais que son absence. Ma conscience me dictait de faire bonne figure. De continuer à afficher un air satisfait quelques instants. D'accueillir les félicitations chaleureuses de toutes ces personnes que je ne connaissais pas. Je demeurais impassible, ma tristesse cachée derrière mon plus beau sourire. Son nouveau rejet me blessait plus que les précédents. Ses intentions n'étaient même plus voilées. Elle ne voulait pas de moi. Les signaux étaient clairs. Alors que je peinais de plus en plus à dissimuler mon chagrin, je sentis une main bienveillante sur mon épaule. Je tournai la tête et découvris le sourire compatissant de Leon:

-  Allez, ne te laisse pas abattre. Elle finira par te pardonner. Elle a juste besoin de temps.

-  Je ne pense pas, répondis-je plus à mon intention qu'à la sienne. Elle et moi nous sommes souvent disputés mais Ludmila ne m'a jamais fui. Au contraire, à chaque fois qu'elle s'est énervée contre moi, elle me faisait part de sa façon de penser.

Le rideau tomba tandis que l'orchestre se mettait en place derrière moi. Mes amis se dirigèrent vers les coulisses, souhaitant bon courage aux musiciens sur leur passage. Je les imitai, camouflant ma peine, encore et toujours, aux yeux du monde. Bon sang, ma dernière tentative pour toucher le coeur de mon étoile s'était, une nouvelle fois, soldée par un cuisant échec. Un goût de bile me brûlait la gorge. Cette histoire me retournait les tripes. Si seulement je pouvais revenir en arrière, tout serait différent aujourd'hui. Absorbé par mes tourments, je ne me rendis pas compte des dizaines de mètres que je parcourais. L'air frais de la nuit me tira de mes pensées tandis que mon regard se posait sur le ciel étoilé. Mes pas m'avaient conduit dans l'arrière cour du théâtre. Un sourire nostalgique étira mes lèvres en découvrant tous ces points lumineux au dessus de ma tête. J'aimais regardé ce magnifique spectacle mais j'aurais tant voulu le partager avec Ludmila. Alors que je balayais l'horizon du regard, mon oeil fut attiré par un couple qui admirait paisiblement les étoiles, lui aussi. Assis sur un banc de pierre, la jeune femme appuyait sa tête sur l'épaule de son partenaire. Il m'était arrivé d'adopter la même position avec Ludmila lors de nos sorties au crépuscule. Nous regardions le soleil se coucher en discutant de tout et de rien. J'avais toujours chéri cette facette de notre relation. Elle et moi pouvions parler pendant des heures et évoquer tous les sujets, du plus sérieux au plus insignifiant, sans jamais être lassé l'un de l'autre. Je continuais de me rapprocher des deux tourtereaux en me remémorant des souvenirs de mon amour perdu. J'étais comme attiré par leur bonheur qui m'était désormais interdit. Après tout, je l'avais cherché. C'était moi qui lui avait tourné le dos le premier. A mesure que j'avançais dans la cour du théâtre, une étrange impression me serra le coeur. En effet, aussi étonnant que cela puisse paraitre, j'avais la folle impression de reconnaitre les silhouettes entremêlées de ce couple qui se tenait dos à moi. Peut être que mon chagrin altérait ma vision de la réalité? Alors que je continuais de m'approcher, l'écho d'une voix masculine se fit entendre. J'écarquillai les yeux et me stoppai net. De là où j'étais, je discernais parfaitement la lune qui mettait en lumière les chevelures châtains des deux amoureux. Mes jambes s'étaient ancrées dans le sol tandis que je peinais à reprendre mon souffle. Impossible. C'était tout bonnement impossible. J'allais me réveiller d'un foutu cauchemar, il ne pouvait pas en être autrement. Mon coeur menaçait d'exploser dans ma poitrine. Les bourdonnements dans mes oreilles s'accentuaient à mesure que mon cerveau analysait la situation. Alors que je tentais de me concentrer pour ne pas défaillir, je parvins à entendre une bride de leur conversation. La phrase de trop, celle qui eut raison de mes derniers espoirs.

-  J'imagine que c'est ça deux étoiles binaires.

Voilà donc ce que l'on ressentait lorsque notre coeur se brisait. Sans attendre et sans un regard de plus pour Ludmila et Felipe, je décampai. A présent, je comprenais pourquoi elle m'avait rejetée à chaque fois que j'avais tenté de lui parler. Elle avait trouvé du réconfort auprès d'un autre. Sans doute, avait-elle tenté de me ménager en me cachant son histoire re-naissante avec ce bon à rien d'espagnol. Malgré toutes mes erreurs, j'avais espéré qu'elle me pardonne et que nous puissions nous donner une seconde chance. Visiblement, j'avais tord. Elle avait tourné la page. Elle m'avait d'ailleurs conseillé de faire la même chose quelques jours plus tôt. J'aurais dû comprendre. Un autre s'était frayé un chemin jusqu'à son coeur. Quel imbécile! Je n'avais rien vu, préférant me bercer d'illusions à propos de nos souvenirs et de notre relation passée. J'étais à la fois fou de douleur à l'idée de l'avoir perdu pour de bon, mais aussi profondément en colère contre moi-même. Comment avais-je pu laisser la situation prendre une pareille tournure? Bon dieu, comme j'avais merdé. Et maintenant, il était trop tard. Désespéré, je fis marche arrière. Je devais quitter cet endroit au plus vite. Oui, j'allais décamper de cette fichue ville, et même de ce pays de malheur. Après tout, je me pliais simplement aux désirs de ma supernova. Elle-même me l'avait ordonné lors de notre dernière discussion.

« J'ai refait ma vie, ici, à Madrid. Je te souhaite à toi aussi de tourner la page. Pars en paix, je ne t'en veux pas. Oui, par pitié, va t'en. »

Je compris enfin le sens de ses mots. Tourmenté, je hélai un taxi et lui indiquai l'adresse de mon hôtel. Il me fallait m'en aller. Même si j'étais en proie à une douleur intense, je quitterais la vie de ma belle étoile sans perdre une seconde. Je n'oubliais pas le mal que je lui avais fait. Hors de question d'être un frein à son bonheur, même si je ne faisais pas parti de l'équation. En un temps record, je regagnais ma chambre. Heureusement pour moi, les autres n'étaient pas rentrés. Ils devaient certainement profiter de la représentation au théâtre. Tant mieux, les adieux n'étaient pas vraiment mon fort. Je rassemblais mes affaires, laissant à mon colocataire un message assez bref lui expliquant les raisons de mon départ. Sans rentrer dans les détails. Je n'avais pas envie de m'étaler à propos de toute cette histoire. Mon coeur avait été brisé mais j'espérais encore pouvoir sauver mon égo. Il me paraissait donc inenvisageable d'expliquer à mes amis que Ludmila avait retrouvé l'amour en la personne de Felipe. Sans vraiment savoir ce que j'allais faire, je repris un taxi. Installé à l'arrière de la voiture, je me laissais aller à mon chagrin, le ciel étoilé se reflétant dans mes yeux humides. 

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1174 mots 

Ok, ok, je n'ai rien posté pendant quasiment un mois, mais me revoilà avec un trentième chapitre, un peu dramatique, je l'admets. J'espère qu'il vous plaira quand même. J'essayerai de poster la suite en fin de semaine. N'hésitez pas à me donner vos avis ou à voter si vous appréciez mon travail. D'ailleurs j'en profite pour remercier toutes les personnes qui lisent fidèlement ma fiction, sachez que ça me fait chaud au coeur. Mille mercis! 

Lettres d'une supernovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant