Cher journal

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PDV de Violetta:

Cher journal,

Voilà quelques temps que je ne t'ai plus écrit. Pour tout te dire, il s'est passé beaucoup de choses ces trois dernières semaines. Pour commencer, Ludmila est partie. Priscilla a pris la décision de l'envoyer poursuivre ses études en Suisse suite à l'accident dont j'ai été victime. Je l'ai accusée. Sans me poser de questions et surtout sans preuve. Maintenant, je sais qu'elle n'a rien fait. Elle me l'avait pourtant assurée, mais je ne l'ai pas cru. Puis, j'ai reçu sa lettre. J'ai senti la culpabilité prendre progressivement possession de mon âme. Elle avait raison, tout n'est pas tout noir ou tout blanc dans la vie. J'ai moi aussi ma part de responsabilités dans les conflits qui ont pu nous opposer par le passé. Je l'ai faite souffrir. Je ne m'en rendais même pas compte mais je me suis montrée égoïste trop souvent, lui gâchant des opportunités professionnelles et personnelles. Je pense notamment à son histoire avec Thomas ou à ses rôles principaux, que je lui ai repris à la dernière minute lors de certaines représentations. Je pourrais citer de nombreux exemples, le voyage à Madrid pour les gagnants du concours Youmix, sa place dans le spectacle de première année... Plus j'essaye de me souvenir, plus je peux allonger cette liste. J'en ai vraiment honte. Mon intention n'était pas de lui nuire mais le mal est fait. Un simple mot d'excuses ne suffirait pas pour me faire pardonner de telles méchancetés. A présent, j'en ai conscience. Son courrier a eu l'effet d'un électrochoc, Ludmila n'était pas l'agresseur mais l'agressée. Elle n'était pas le harceleur mais la harcelée. Elle n'était tout simplement pas la méchante de l'histoire. Elle souffrait et avait choisi de se protéger en instaurant une grande distance avec les autres. Elle se montrait hautaine et médisante pour ne pas nouer de liens avec nous et ainsi éviter de souffrir si la relation ne marchait pas. Elle ne souhaitait plus être brisée. Et pourtant! Qu'avait-elle ressentie quand nous l'avions tous accusée d'être responsable de ma chute dans ces escaliers? Qu'avait-elle pu penser quand elle a reçu cette punition aussi pénible qu'injuste? Aujourd'hui, nous avions la preuve de son innocence, mais nous aurions dû lui laisser le bénéfice du doute. Nata et mon père l'avaient fait, pas moi. Elle avait vécu une double trahison, d'abord cette horrible accusation et ses conséquences sur ses relations avec nos amis, puis le chantage exercé par sa mère pour la faire taire à propos de la vérité.

Aujourd'hui, papa est allé au tribunal et au poste de police. Il voulait s'assurer que la plainte contre Priscilla soit traitée dans les plus brefs délais. Mais il souhaitait avant tout vérifier que toutes les démarches qu'il avait entrepris ces deux dernières semaines, étaient enfin validées. En effet, papa avait décidé que le bien-être de Ludmila devait primer sur toutes les autres affaires en cours. Il avait donc décidé de devenir son responsable légal. Avec l'aval d'un psychiatre qui avait jugé sa propre mère inapte et l'accord du juge, il était devenu son tuteur et pouvait dès à présent, entreprendre des recherches pour retrouver sa trace. Comme chacun d'entre nous, il était inquiet. Ludmila ne donnait plus signe de vie. Elle avait juste laissé cette vidéo à Nata. Les policiers n'avaient d'ailleurs rien pu en tirer. Un avis de disparition inquiétante avait été envoyé à l'international mais il n'eut pas l'effet escompté. Personne ne semblait l'avoir vu. A ce jour, elle demeurait introuvable.  

Ces trois dernières semaines ont été vraiment difficiles à encaisser. Nous avions tous notre manière de gérer cette crise sans précédent. Francesca s'était enfermée dans un mutisme angoissant. Camila et Broduey occupaient sans cesse la salle de danse du Studio. Ils y enchainaient des chorégraphies, sans doute pour ne pas ressasser les derniers évènements. Andrès avait repris son blog, il y postait chaque jour des messages à propos de Ludmila, espérant retrouver sa trace via ses followers. Maxi passait des heures le nez penché sur ses écrans. Leon se contentait d'agir comme un automate mais je remarquai son visage s'illuminer dès que son téléphone sonnait. Son sourire s'effaçait dès qu'il décrochait. Non, ce n'était jamais notre amie au bout du fil. Nata, quand à elle, ne venait que très rarement au Studio. Nous avions peu de nouvelles malgré nos nombreux tentatives pour en recevoir. Les plus touchés par cette soudaine disparition restaient néanmoins Diego et Fédérico. Irritables et malheureux, ils ne parvenaient pas à surmonter son départ. Diego s'énervait pour un oui ou pour un non, tandis que Fédérico restait cloitré à la maison pour ne croiser personne susceptible de lui rappeler son amour perdu.

Je déposai le stylo sur mon bureau et refermai mon journal. Ludmila me manquait. La maison était vide sans elle. Je ne l'entendais plus chantonner pendant deux heures chaque matin lorsqu'elle se préparait. Elle ne rentrait plus dans ma chambre à toute heure du jour ou de la nuit pour récupérer ses affaires en prétendant que je lui avais pris. Chaque fois, elle restait et nous discutions de nos projets, de nos envies et de nos problèmes. Elle était devenue ma confidente. Bien malgré nous, nous avions créé une complicité fraternelle. Mais je l'avais perdu le jour où elle était partie. Alors que je me replongeai dans mes souvenirs pour chasser mes idées noires, mon téléphone vibra. L'appel provenait d'Espagne, un numéro que je ne connaissais pas. Pourtant, mon instinct me poussa à répondre:

-  Allô?

-  Violetta, je suis heureux de t'entendre. J'espère que je ne te dérange pas.

Bien que la voix me paraisse familière, je n'arrivai pas à l'associer à une personne de mon entourage:

-  A qui ai-je l'honneur?

-  Violetta, c'est moi, Felipe!

-  Je m'excuse, je ne t'avais pas reconnu, comment vas-tu?

-  Très bien, écoute Violetta je n'ai pas beaucoup de temps. Je dois me rendre à un shooting photo pour le lancement de mon album.

-  Je suis heureuse d'entendre que ta carrière décolle. Je suivrai tout ça de très près, lui assurai-je un léger sourire aux lèvres. 

-  Merci mais passons. Je t'appelle parce que je dois te mettre au courant. J'ai appris via le blog d'Andrès que Ludmila avait disparu.

-  Oui en effet, mais nous faisons tout pour la retrouver. Je comprends que tu te fasses du soucis mais je te promets de te passer un coup de fil dès que l'affaire avance, énonçai-je précipitamment.

Tout le monde s'inquiétait, quoi de plus normal. Nous vivions tous dans la criante continue de ne plus la revoir. 

-  Violetta, écoute moi! Elle est ici. Ludmila réside en Espagne. 

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1102 mots

J'espère que ce chapitre vous plaira. J'ai décidé d'écrire un chapitre du point de vue de Violetta, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. Nous retrouvons enfin la trace de Ludmila, il était temps vous ne pensez pas? 

Lettres d'une supernovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant