Ce n'est que partie remise

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PDV de Ludmila:

Dire que son discours ne m'avait pas bouleversée serait sans doute le plus gros mensonge jamais prononcé par une femme blessée. Pourtant, j'allais me résoudre à le faire. Je devais rester forte et intouchable face à ses mots si poignants. Je ne supporterais plus d'être trahie et bafouée à chaque incertitude de sa part. Bien qu'il pense le contraire, quelque chose s'était brisé entre nous. Son manque de confiance et sa méfiance perpétuelle avaient eu raison de notre relation trop souvent pour que je lui accorde sa chance. Non, je l'avais déjà fait. Il m'avait promis d'être toujours présent pour moi, de m'accompagner dans les moments de bonheur comme dans les épreuves, mais il avait menti. Il ne valait finalement pas mieux que moi. Bien qu'il se soit souvent vanté d'être plus bienveillant et généreux, il ne l'était pas. C'était de la poudre aux yeux, ni plus, ni moins. Une façade dorée qui se fissurait chaque jour un peu plus. Je n'étais même pas en colère contre lui, juste profondément blessée de lui avoir tout donné pour finalement être désabusée de cette manière. Avant mon départ, il ne parvenait même pas à affronter mon regard. Il m'avait condamnée sans ciller. Il avait prononcé ma sentence et jamais il ne pourrait retirer ses mots. Je l'avais pourtant supplié de rester à mes cotés, de me croire et de me faire confiance. Après tout, si le mensonge prend l'ascenseur, la vérité, quant à elle, prend les escaliers. Cette sainte vérité qu'il vénère tant, aurait fini par éclater. Ma mère n'aurait pas pu cacher ses fautes très longtemps. Son horrible caractère aurait vite pris le pas sur l'image lisse et sans défaut qu'elle avait créée. En me congédiant de la sorte, elle avait perdu son plus précieux atout. Elle n'avait plus de bouc émissaire à qui faire porter le chapeau. Non, elle aurait dû assumer les conséquences de ses actes. A l'autre bout du globe, je n'aurais pas pu la protéger de ses démons et les gens auraient compris que la grande Priscilla n'était pas celle qu'elle prétendait être. Alors que je continuai à lutter contre mes plus sombres pensées, Federico tenta de s'avancer vers moi. Par réflexe, je me reculai d'un pas. Ma réaction le surprit, ses yeux d'ordinaire si rieurs brillaient de tristesse face à mon rejet. Non, je ne pouvais pas supporter sa présence. Tout chez lui me rappelait ce que j'avais perdu.

-  Ne t'approche pas, s'il te plait.

Ma voix se perdit dans le silence. Les sons résonnaient presque comme une supplication. Je ne cessai de me répéter de rester digne, de ne pas verser une seule larme et de mettre un point final à cette histoire. Je devais me convaincre que ma vie sans ce garçon en valait mille autres avec lui à mes cotés. Ma mère avait raison, je ne devais me fier qu'à moi-même. Alors pourquoi mon instinct me soufflait que j'avais besoin de lui plus que de l'air que je respire. Je nageais en plein paradoxe, perdue entre mon envie d'être sincèrement heureuse dans ma nouvelle vie loin de tout et ma nostalgie en voyant le visage de celui, qui a jadis, fait battre mon coeur.

-  Je te pardonne. Je te le promets, je suis sincère, lui dis-je en m'éclaircissant la gorge. Mais, je ne peux pas oublier ces dernières semaines. Je ne peux pas oublier ce que tu as dit à ma mère, ni ce que tu m'as dit à moi la dernière fois que nous avons discuté. C'est comme un mauvais jingle publicitaire qui tourne en boucle dans ma tête.

Ma voix se brisa à l'évocation de ces souvenirs.

« Je connais Ludmila. Je n'ai aucun doute, elle a poussé Violetta. Elle en est capable et elle est même capable de plus que ça. Je crois en fait, que la meilleure chose qui puisse arriver, c'est qu'elle aille en Suisse et qu'elle ne revienne pas. » *

« Je ne sais pas si j'ai envie d'être avec toi. » *

Je l'avais supplié de me croire. Je lui avais ouvert mon coeur et lui avais expliqué pourquoi il devait me faire confiance. J'avais déposé les quelques morceaux brisés de mon âme au creux de ses mains, le priant silencieusement de la réparer. De me réparer, bon sang! J'étais au fond du trou et il m'avait achevée à coups de mots et de soupirs affligés.

« Je serais prêt à revenir vers toi seulement quand on saura toute la vérité. » *

Il m'était revenue. Il avait eu la preuve formelle de ma bonne foi et me trouvait sans doute suffisamment digne pour mériter son attention. Je n'étais plus la pestiférée détestable et détestée. A présent, je devenais un dommage collatéral, une victime d'injustice de qui on a pitié.

-  Ludmila, par pitié, regarde moi, lâcha-t-il d'une voix peu assurée. Je ne peux pas revenir en arrière et retirer tout ce que j'ai dit. Mais si c'était possible, je le ferais, qu'importe le prix. La vérité, c'est que je ne savais pas comment réagir. Je me suis comporté comme le roi des abrutis avant ton départ parce que je paniquais. J'avais l'impression qu'on m'arrachait une partie de moi-même. Je ne voulais pas assimiler la nouvelle, je ne voulais pas te perdre. Au plus profond de moi, je savais que tu étais innocente mais d'un autre coté, tout t'accusait. Je voulais prendre du recul pour analyser factuellement la situation, la comprendre et démêler le vrai du faux. Mais je me rends compte que c'était une erreur, la priorité c'était toi. J'aurais dû t'apporter mon soutien au lieu de chercher une explication rationnelle à ton comportement. En choisissant cette option, je te condamnais et je n'ai pas saisi mon erreur tout de suite.

-  Il t'a fallu une vidéo surveillance pour ça, n'est-ce pas. Il te fallait une preuve irréfutable pour te convaincre, ma parole ne te suffisait pas, repris-je les larmes aux yeux. Comme à chaque fois finalement, pourquoi je m'étonne encore. Nous avons toujours fonctionné de cette manière. Tu te méfies, je fais quelque chose qui te parait immoral, tu t'en rends compte et je te courre après. Je suis fatiguée, tu ne t'imagines même pas à quel point. J'ai passé deux ans à essayer de me persuader que tu étais celui qui serait capable de m'aimer, alors que personne ne semblait vouloir de moi jusque là. Deux longues années, où j'ai passé mon temps à te réclamer un peu d'affection, comme l'âme en peine que j'étais. Tout bonnement pathétique.

-  Arrête, Ludmila tu ne le penses pas. Je prends la responsabilité de nos échecs, j'étais trop exigeant et je voulais que tu aies les mêmes opinions que moi. Très récemment, j'ai compris mon erreur. Nos différences sont nos forces, il faut juste qu'on apprenne à mieux communiquer, que moi j'apprenne à mieux gérer mon impulsivité et ma colère.

-  Tu l'as compris en voyant ma mère pousser ma chère soeur dans les escaliers, j'imagine? Ecoute Federico, ma gorge se serra un peu plus lorsque je prononçai son prénom, c'est terminé. J'en ai fini avec toute cette histoire. J'ai refait ma vie, ici, à Madrid. Je te souhaite à toi aussi de tourner la page. Pars en paix, je ne t'en veux pas. Oui, par pitié, va t'en.

Je sentis de chaudes larmes dévalées le long de ma gorge. Je ne m'étais même pas rendue compte que je pleurais. En relevant, la tête, je découvris un Federico blême et pétrifié devant moi. Sans doute, avais-je haussé un peu le ton, peut être même lui avais-je hurlé de s'en aller. En effet, il m'était impossible de continuer cette conversation, j'en sortirais trop abimée pour m'en remettre par la suite. Il devait simplement quitter les lieux. Il fallait que Federico déguerpisse avant que je ne m'effondre pour de bon. Un pas après l'autre, il s'approcha de la porte. La main posée sur la poignée, il me répondit dans un souffle:

-  Je ne t'abandonne pas. Plus jamais, je ne ferai cette erreur. Mais ce coup-ci, on fera à ta manière. Progressivement. Cette fois, c'est à mon tour de te courir après, de me battre pour notre amour. A bientôt mon étoile. 

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Tout d'abord, bonne année! Je vous souhaite énormément de belles choses pour 2021, de la joie, du bonheur, de l'amour et de la réussite à tous les niveaux. J'en profite aussi pour vous remercier car ma fiction a été visitée plus de 1000 fois. J'espère que ce nouveau chapitre vous plaira même si ce n'est peut être pas la suite que vous attendiez. D'ailleurs ne m'en voulez pas mais on connait Ludmila! Elle n'accorde pas son pardon et sa confiance si facilement. Comme d'habitude, n'hésitez pas à me donner votre avis, ça me fait toujours plaisir de lire vos petits commentaires. 

* NDA: répliques de Federico tirées de l'épisode 67 et 68 de la saison 3 (oui, oui, je suis allée les rechercher!) 

Lettres d'une supernovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant