Une fin heureuse

348 14 12
                                    

PDV de Ludmila:

Papa Ferro, voilà des années lumières qu'il n'avait pas donné signe de vie! Quelle ironie que notre première rencontre après tout ce temps, se fasse juste après que j'aie donné le baiser le plus passionné de ma vie. Bien sûr, j'étais en colère qu'il ne se soit jamais soucié de moi. Pourtant un autre sentiment m'envahissait à mesure que j'avançais vers lui. J'étais presque soulagée de le découvrir ici.

-  Ludmila, ma douce fille. Je suis heureux de te voir, commença-t-il d'un ton incertain.

Lui aussi devait sentir la tension palpable dans l'air. Ma rancune devait se ressentir jusqu'à l'autre bout de la ville. Après tout, cet homme m'avait abandonné. Il avait abandonné notre famille alors qu'il était au courant des problèmes de ma mère. Il avait choisi de me nier comme il l'avait fait avec son épouse. Je ne valais rien à ses yeux.

-  Bonjour, je peux savoir ce que tu fais là, lui demandai-je en guise de réponse.

-  J'ai reçu des appels très inquiétants faisant mention de ta disparition alors j'ai sauté dans le premier avion sans réfléchir. J'étais si inquiet ma chérie.

-  Je vais bien ne t'en fais pas. Tu peux retourner à ta réserve en Afrique du Sud, il me semble qu'il te reste encore toute une flopée d'espèces à sauver d'une disparition quasi inéluctable.

-  Ludmila, murmura-t-il doucereusement.

-  Non pas de Ludmila qui tienne, rugis-je. Tu t'inquiètes après plus de dix ans de silence! Sache que je n'en veux pas. D'ailleurs je ne veux rien de toi.

Un long silence suit mon aveu. Du dos de ma main, je balayai les larmes qui menaçaient de s'échapper de mes yeux. Bon sang, il n'avait pas le droit d'être là. Il n'avait pas le droit de faire comme si je comptais pour lui après tant d'années d'absence. Il ne pouvait pas jouer son rôle de père seulement quand ça lui chantait.

-  Pourquoi continues-tu à me repousser Ludmila?

Sa question frôlait la rhétorique. Il semblait se retirer dans ses pensées pour trouver une réponse. Puis, son regard accrocha le mien. Nous avions les mêmes billes vertes. L'un des rares traits qu'il m'avait transmis. Il semblait sincèrement peiné par mon rejet. Comme moi, il comprenait enfin combien il était difficile d'accepter d'être laissé pour compte.

-  J'admets que mon départ a été précipité mais ça ne m'explique pourquoi tu as toujours refusé de me voir, de répondre à mes appels, à mes lettres. Je suis ton père, Ludmila. J'ai signé pour la vie et même si tu me détestes parce que j'ai quitté ta mère, mon amour pour toi continuera à s'agrandir chaque jour. Je ferai tout pour toi. Même si tu ne veux pas de moi dans ta vie, je veux quand même m'assurer que tu ne manques de rien et que tu vas bien. Tu es ma fille, la prunelle de mes yeux. Je ne veux plus voir cette souffrance dans tes yeux, mon étoile.

Les paroles de mon père avaient su atteindre mon coeur. Malgré mes doutes, il avait su le refaire fonctionner. C'est à cet instant précis, que j'ai pu entamer mon processus de guérison. Ma poitrine se fit plus légère. Toute ma colère et ma peine semblaient s'être envolées. Je me souviens que mon père m'avait étreinte de longues minutes après ça. J'avais pleuré contre lui. Longtemps. Puis, nous sommes allés prendre un café infecte à la machine de l'aéroport. J'avais officiellement présenté Federico à mon paternel. La matinée s'écoula sans même que je m'en rende compte. Puis la journée. Et une semaine. Je repris ma place au sain du spectacle du Studio. C'était notre dernière représentation ensemble alors j'avais accepté sans trop me faire prier. Le concert avait été incroyable, riche en émotions. Nous avions célébré notre amitié, notre évolution et les années que nous avions passées ensemble. Un chapitre se terminait mais l'histoire ne faisait que commencer.

Lettres d'une supernovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant