Nata

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PDV de Nata: 

-  Nata.

Mon amie marqua une courte pause et inspira profondément. Elle paraissait à fleur de peau. Ses yeux brillaient, signe évident qu'elle avait ressenti une grande tristesse au moment de l'enregistrement.

-  J'ai décidé de te faire une vidéo. Tu vas peut être trouver mon geste discriminant mais il ne l'est pas dans le mauvais sens. Je préfère parler face à une caméra pour être plus spontanée. Je veux t'ouvrir mon coeur sans réfléchir à ma façon de m'exprimer, sans peser chaque mot à écrire. Honnêtement, je ne sais même pas par où commencer. J'imagine que je devrais déjà te remercier. Te dire puis te répéter à quel point je suis reconnaissante d'avoir pu un jour te rencontrer. Je sais que je me suis montrée odieuse un nombre incalculable de fois avec toi mais tu as quand même tenu bon. Tu t'es révélée être une amie fidèle et à l'écoute, toujours prête à m'aider ou à me défendre, qu'importe les circonstances. Tu étais persuadée que quelque chose de merveilleux sommeillait en moi. Je suis sincèrement désolée de ne jamais avoir pu te donner raison sur ce point là. D'ailleurs, je ne l'ai jamais fait, qu'importe le sujet. J'étais trop têtue pour admettre que tu me conseillais pour ma propre sérénité. Pire encore, je traitais tes opinions avec mépris. Mon dieu, comme j'ai honte. En y repensant, je me demande comment tu as continué à apprécier l'odieux personnage que j'étais. Tout le monde a choisi de partir ou de me laisser tomber. Mon père le premier, les professeurs, nos camarades et... Enfin tu vois de qui je veux parler.

Incapable de continuer ses explications, mon amie se tut. Elle se massa les tempes quelques secondes et baissa la tête. Sa posture et son intonation m'indiquaient qu'elle ne parvenait plus à cacher sa tristesse. Elle n'était plus capable de dissimuler toutes les blessures, encore vives, qu'elle avait choisi d'ignorer ses dernières années. Cachée au plus profond d'elle même, sa peine menaçait d'exploser depuis quelques temps déjà. Ludmila avait vécu toute sa vie dans la douleur. Chaque jour, elle camouflait sa souffrance sous son regard dur, ses remarques déplacées et sa mauvaise humeur. Elle préférait être détestée en jouant la comédie plutôt que de révéler l'étendue de la tristesse qu'elle ressentait. Nous en avions parlé que très rarement mais je le savais. Au delà de la pression qu'elle s'infligeait pour exceller dans tous les domaines, ma meilleure amie souffrait parce qu'elle n'avait pas de repères. Avant leur séparation, ses parents travaillaient trop, si bien qu'elle se retrouvait souvent seule et livrée à elle-même. Une fois le divorce prononcé, son père était parti. Il l'avait laissé dans son sillage sans même se retourner, déclenchant une peur de l'abandon incurable chez sa fille. Elle avait donc des difficultés à accorder sa confiance et à créer des liens car elle était persuadée que les autres la trahiraient sans vergogne. Elle pensait que sa personnalité ne valait pas la peine d'être dévoilée car elle n'était pas assez bien. Après tout, elle ne l'avait pas été pour son propre géniteur. Alors, elle avait choisi de devenir cette fille, arrogante, manipulatrice et mauvaise. Elle s'était forgée une carapace plus difficile à fissurer qu'une vitre blindée. Malheureusement, personne ne semblait l'avoir compris. Pas même la personne à qui elle avait choisi d'offrir son coeur.

-  Je suis tellement désolée Nata. Sincèrement. Je te prie de me pardonner, je ne voulais pas t'infliger tout ça. J'étais tellement obnubilée par toute ma colère, et ma tristesse aussi, que j'en ai oublié tes sentiments. Je me suis isolée parce que je n'étais pas capable de m'ouvrir aux autres et par conséquent je t'ai privé de belles rencontres toi aussi. Je t'ai maltraitée avec mes nombreux caprices et mes exigences plus que déplacées. En un mot, j'ai été la pire amie qui soit et je ne pourrais, malheureusement, jamais réparer mes erreurs avec toi. La seule chose que je puisse faire, c'est de te présenter mes excuses en espérant qu'elles soient suffisantes. Nos trois années au Studio ont dû te paraitre longues à mes cotés, j'en ai conscience. Tu n'as pas réussi à t'épanouir comme tu l'aurais souhaité à cause de moi. Tu étais tiraillée entre l'amitié que l'on partageait et ton envie d'appartenir à la bande de copains que formaient nos camarades de classe. Tu n'as pas pu vivre ton histoire d'amour avec Maxi parce que je n'ai jamais pu accepter votre relation. Je me suis montrée si exigeante et oppressante que tu n'as pu lier d'autres amitiés qu'en me mettant sur la touche. Concernant ta carrière, j'ai aussi été trop intransigeante. Plus je me remémore nos années ensemble, plus j'ai honte de mon comportement. Je ne méritais pas notre amitié, je n'en étais pas digne. Je pourrais m'excuser encore mille fois mais cela n'y changerait rien. Je ne peux pas remonter le temps et réparer mes erreurs. Par contre, je peux te dire à quel point je te suis reconnaissante de m'avoir prise comme j'étais et de m'avoir soutenue envers et contre tout. Merci. Je te souhaite d'être heureuse à présent. Tu mérites la réussite, l'épanouissement, de belles amitiés et l'amour. Nata, je ne t'oublierai pas, jamais. Même si je m'en vais pour de bon. D'ailleurs, j'en profite pour te prévenir mais j'aimerais que tu le gardes pour toi. Si je te confie mon secret, c'est pour t'éviter des prises de tête inutiles. Je ne pars pas pour la Suisse comme me l'a ordonné ma mère. Je n'ai rien fait qui justifie une telle punition. Je ne l'accepte pas. Je vais donc reconstruire ma vie ailleurs. Loin de l'Argentine. Loin du Studio. Loin de toutes mes souffrances. J'ai besoin de me trouver. J'aimerais savoir qui je suis et ce que je peux être loin de toute influence néfaste et de toutes les personnes qui m'ont brisé le coeur. Je te préviens toi, pour ne pas que tu t'inquiètes. Je ne t'abandonne pas. J'essaye pour une fois de me comporter en bonne amie. J'estime que le mieux pour toi, c'est de continuer ta route sans te soucier de mon bien-être, sans appréhender une nouvelle crise, sans vivre avec le soucis de ne pas me contenter.

Mes sanglots s'intensifiaient à chaque mot que mon amie prononçait. Elle me faisait ses adieux. Elle ne souhaitait pas simplement réparer ses erreurs avant de partir, elle voulait tourner une page. Ouvrir un nouveau chapitre de sa vie. Faire table rase du passé et avancer. La vidéo se termina sur le beau visage de Ludmila, elle me souriait avec nostalgie. J'avais vaguement compris qu'elle avait choisi de terminer son message par une note positive en me montrant les rushs montés de notre clip Peligrosamente bellas. Je n'avais pas le coeur à les regarder. Je venais de perdre ma meilleure amie. 

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1137 mots

J'espère que ce nouveau chapitre vous aura plu. Personnellement, je m'éclate toujours autant à écrire cette fiction. N'hésitez pas à me donner vos avis et à voter si vous aimez mon travail. 


Lettres d'une supernovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant