Innocence et vérités

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PDV de Nata:

Par solidarité pour ma meilleure amie, je ne pouvais pas rester dans la même pièce que cet hypocrite. Je me dirigeai donc vers la sortie sans un regard en arrière. Après tout, je n'avais plus rien à ajouter. Il n'y avait plus rien à faire. Ludmila était partie et elle n'avait pas souhaité nous communiquer sa nouvelle adresse. Elle avait choisi de s'en aller pour se reconstruire ailleurs, loin de toutes les personnes qui l'ont chagriné, loin de tous ces maux. Au fond, je la comprenais. Cette dernière semaine avait été dure à vivre pour elle. Ces quelques jours au Studio s'apparentaient presque aux derniers jours d'un condamné. Je la revoyais errer de salle en salle, à la recherche d'un coin calme pour répéter loin de tous les regards haineux et des remarques injurieuses de ses anciens amis. Ils ne l'avaient pas ménagé. Ils avaient décidé d'un commun accord de l'exclure des répétitions pour le concours et de l'ignorer jusqu'à nouvel ordre. Ils exigeaient de mon amie, des excuses sincères pour sa demi-soeur, qui, d'après leurs dires, avait vécu une expérience traumatisante. Je ne doutais pas de la véracité de leurs propos, mais leur acharnement à faire de Ludmila une parfaite coupable me rendait hermétique à toute forme de compassion pour leur Violetta bien aimée. Aujourd'hui, j'avais pu voir à quel point ses lettres les avaient ébranlés dans leurs convictions. Ils n'étaient plus tout à fait certain, qu'elle soit responsable de l'accident de Violetta. Bien sûr, ils n'étaient pas capable de l'admettre à voix haute car la culpabilité leur enserrait à la gorge. J'épongeai une nouvelle fois mes yeux quand j'entendis des pas lourds derrière moi. Une respiration saccadée à peine audible résonnai dans le couloir, quand j'aperçus Maxi apparaitre sur le seuil de la porte de la salle de danse:

-  Te voilà enfin!

-  Oui, maintenant que tu t'es assuré que j'étais en vie, tu peux repartir, lui assénai-je d'un ton sec et distant.

-  Nata lève toi s'il te plait, c'est important. Je comprends que tu nous en veuilles mais on a compris, tu sais. Plus personne ne croit que Ludmila soit coupable.

-  La belle affaire! Elle n'est plus là maintenant. Ce que vous pensez m'importe guère, maintenant laisse moi, j'ai besoin d'être seule pour digérer les évènements.

-  Nata!

Maxi s'approcha et me prit les deux mains pour me relever. Une fois debout sur mes deux jambes, il me prit dans ses bras. Je me laissai aller contre son petit corps musclé car j'avais besoin, plus que jamais, d'une épaule sur laquelle pleurer. Je voulais exprimer toute ma peine et rejeter toute la frustration que j'avais accumulé ces derniers temps.

-  Je me doute bien que c'est dur pour toi, mais il faut qu'on découvre la vérité une bonne fois pour toute. J'ai réussi à pirater le réseau de caméras de la ville et il s'avère qu'il y en a une orienté en face de l'escalier dans lequel Violetta est tombée.

Je remarquai la légère nuance dans le discours de mon petit ami. Il avait préféré employer les termes « Violetta est tombée ». Des mots plus doux, qui rendaient la thèse de l'accident possible. Après tout, Violetta qui prétendait avoir été poussée, n'avait jamais vu son agresseur présumé. Cette phrase, pourtant si innocente, reflétait son changement progressif d'opinion. Maxi venait de me prouver qu'il me croyait enfin et se montrait même disposé à me donner un coup de main pour établir l'innocence de Ludmila. La chance me souriait. Je me détachai de ses bras réconfortants et lui accordai un sourire chaleureux.

-  Je te suis alors!

De retour dans la grande salle de répétitions, nos amis étaient toujours là. Ils s'étaient rassemblés autour de l'ordinateur de Maxi, entendant patiemment son propriétaire. Seul Fédérico, visiblement agité, manquait à l'appel. Assis sur la scène, il se triturait le cuir chevelu et ne cessait de remuer les jambes. J'interrogeai Maxi du regard qui me répondit simplement:

Lettres d'une supernovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant