Chassé-croisé

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PDV de Ludmila:

Nous avions passé près d'une heure à observer les étoiles avec Felipe. Finalement l'espagnol s'avérait être de bonne compagnie quand il ne débitait pas son discours de séducteur à deux sous. Je le quittai en le remerciant, chose plutôt inhabituelle de ma part certes. Pourtant, à cet instant j'étais prête à dire merci à la terre entière. J'étais profondément reconnaissante d'avoir croisé le chemin d'un garçon tel que Federico. Bien sûr, je n'oubliais pas nos moments difficiles, sa méfiance sans limites à mon égard et cette année plus que compliquée sur tous les plans. Je marchais tranquillement en direction du théâtre quand je découvris tous mes amis agglutinés devant le magnifique monument. Tous en cercle, ils semblaient être au coeur d'une discussion très animée. Je m'approchai donc de mes camarades pour comprendre leur préoccupation. Cachée par la pénombre, je tendis l'oreille.

-  Mais Leon, explique nous, qu'est ce que tu entends par « il est parti », lui demanda Maxi visiblement paniqué.

-  Calme toi Maxi, crier ne va pas faire avancer notre affaire, tenta de l'adoucir Camila à sa gauche.

-  Mon amour, intervint Broduey à son tour, comment veux tu qu'il se calme? Leon vient de nous lâcher une bombe, on pensait que Federico était parti retrouver Ludmila et on apprend qu'il a quitté le pays pour aller, Dieu seul sait, où.

Mon coeur loupa un battement. Je cessai brusquement de respirer. Mon camarade brésilien venait-il vraiment d'annoncer que Federico n'était plus là? Non, c'était tout bonnement inconcevable. Il n'avait pas pu s'en aller aussi lâchement. C'était impossible, il ne pouvait pas en être autrement. Le garçon dont je suis amoureuse, n'aurait jamais pu partir comme un voleur. Federico ne fuyait pas, il affrontait. Il était la personne la plus droite qui m'ait été donné de rencontrer. Il faisait toujours honneur à ses engagements, quoiqu'il lui en coûte. Il avait trop bon coeur, jamais il n'aurait quitté ses amis sans leur donner d'explications.

-  Ok, prenons une chose après l'autre, s'enquit Diego. Ludmila a fui la salle quand les lumières se sont rallumées et depuis on n'a aucune nouvelle. Elle n'a pas répondu à tes appels n'est-ce pas Nata?

Il se tourna vers ma meilleure amie qui lui confirma, d'un simple hochement de tête, qu'il visait juste. Effectivement, je n'avais pas pris le temps de regarder mon téléphone ce soir. J'avais été trop absorbée par les révélations de Felipe pour jeter un oeil à mon cellulaire.

-  Très bien, on ne l'alerte pas pour le moment. Ludmila n'a pas besoin de savoir que Federico est introuvable. Laissons la tranquille, elle doit certainement être chez elle en train de nous maudire sur douze générations. La connaissant, elle n'a pas dû apprécier le coup de traitre qu'on lui a fait ce soir, ajouta le petit ami de Violetta.

-  Douze générations? S'affola soudainement Andrés.

-  C'est une façon de parler Andrés, le réconforta Gery. Leon sous-entend simplement que Ludmila doit être chez elle et qu'il est inutile de la prévenir du départ précipité de Federico. Elle s'inquiéterait et elle n'a pas besoin de ça en ce moment.

-  Bref, reprit Diego en se grattant la nuque, quand Fede s'est rendu compte de la fuite de sa belle, il était dévasté.

-  C'est vrai, il m'a fait mal au coeur. Je crois que ses ambitions ont été mises à mal, expliqua Francesca. Il a du se rendre compte que Ludmila ne lui pardonnerait peut être pas.

J'esquissai un sourire amer en remerciant intérieurement la compatriote de mon cher Fede. Quelle parfait analyse de la situation! A la fois chargée d'espoir et extrêmement positive.

-  Je me souviens l'avoir vu quitter les coulisses, ajouta Andrés. Je discutais avec l'une des violonistes quand je l'ai aperçu. Maintenant que j'y repense, il semblait vraiment triste.

Lettres d'une supernovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant