Partir la rejoindre

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PDV de Nata:

Je n'avais pas remis les pieds dans notre école depuis quelques temps déjà. Après l'arrestation de Priscilla et les nombreuses révélations auxquels nous avions dû faire face, j'avais eu besoin de prendre du recul. Néanmoins, mes camarades me transmettaient quelques nouvelles tous les jours. Ainsi, j'avais pu apprendre que la mère de ma meilleure amie avait admis toutes ses erreurs. De la mygale retrouvée dans la voiture d'Angie à l'accident de Violetta, elle s'était confessée auprès des policiers chargés de l'enquête. Pourtant, lorsqu'ils souhaitaient évoquer avec elle, sa relation avec sa fille, Priscilla choisissait de se taire. D'après les professionnels qui l'avaient examinée, elle souffrait d'un trouble dissociatif post-traumatique lié à la disparition de Ludmila. Les psychiatres percevaient ses réactions comme un mécanisme de défense qui l'empêchait de perdre pied. Elle devait avoir tellement de choses à se reprocher, trop de cadavres dans ses placards. Si Ludmila avait choisi de partir, elle devait avant tout cette décision à sa mère. Priscilla n'avait jamais pris soin d'elle. Elle ne s'était jamais montrée à la hauteur de son rôle de parent. Elle se conduisait la plupart du temps comme un despote qui dirigeait, selon ses désirs, la vie de sa propre fille. Elle n'avait jamais pris en compte les envies de mon amie, ni même ses besoins. Je n'osais même pas imaginé tout ce que Ludmila avait subi ces dernières années. Ses souffrances l'avaient abimée de manière permanente. Tout ce temps passé auprès d'elle, pourtant je ne m'étais même pas rendue compte de la gravité de ses blessures. Sans cesser de penser à ma meilleure amie, je me préparai à partir au Studio. German et Pablo nous avaient demandé à tous de venir. D'après le message que je venais de réceptionner, l'urgence de la situation les forçait à nous convoquer au plus vite. Tous mes camarades avaient répondu favorablement à la demande, tous seraient présent. 

Une fois arrivée dans la grande salle de répétition, je me redis vite compte qu'il ne manquait personne à l'appel. Les saluant d'un geste de la main, je m'installai un peu en retrait du groupe. Par mon geste, je voulais leur faire comprendre que je n'avais pas oublié les récents évènements. Non, mes rancoeurs ne s'envoleraient pas d'un revers de la main. Quelques uns d'entre eux me jetèrent un regard désolé. Maxi essaya même d'entamer la discussion. Je restai muette, je n'esquissai pas de léger sourire comme je le faisais d'ordinaire. J'attendais simplement l'arrivée des professeurs pour qu'enfin cette réunion commence. Ils ne tardèrent pas. Angie, Pablo, Roberto et Grégorio nous saluèrent suivis de près par German. Ils prirent place et notre directeur fut le premier à s'exprimer:

-  Bien, je vois que vous êtes tous là. Alors, commençons sans plus tarder.

Les élèves et les professeurs hochèrent la tête comme un seul homme, poussant Pablo à poursuivre son discours:

-  Comme vous le savez, nous sommes tous très inquiets au sujet de Ludmila. Votre camarade n'a plus donné de signes de vie depuis son départ. Grâce à votre grande mobilisation et notamment à celle d'Andrès sur les réseaux sociaux, nous avons pu retrouver sa trace. D'après les autorités compétentes sur place, elle résiderait à Madrid dans un petit appartement. Elle s'est inscrite à l'université pour y étudier l'astrophysique et a décroché un job dans un café du coin.

-  Si nous vous avons tous convoqué ce matin, c'est pour prévenir que Pablo et moi allions la rejoindre, poursuivit German en jetant un coup d'oeil à notre directeur. Ludmila est encore très jeune et ne peut pas vivre sans attache dans une si grande ville. Bien que je ne doute pas de sa capacité à être autonome, elle n'a pas à subvenir à ses besoins toute seule. Nous partons donc la retrouver pour voir avec elle ce qu'elle souhaite faire de sa vie, si elle se projette là bas ou si, au contraire, elle préférerait rentrer poursuivre son cursus en Argentine.

-  Nous partons par le premier vol cet après-midi, reprit Pablo. En notre absence, Grégorio, Roberto et Angie géreront avec vous les préparatifs pour le concours. Je vous rappelle que vous n'avez plus beaucoup de temps. Bien que German ait conclu un accord de vente avec Nicolas, il est très important que notre école continue de rayonner à l'échelle internationale. Vous méritez aussi de vous faire connaitre. Vous avez tous un grand potentiel artistique et notre but est avant tout de vous permettre de vous épanouir dans vos futures carrières, une fois vos diplômes en poche.

-  Bien maintenant que vous êtes informés, je vous laisse retourner répéter. Ne vous inquiétez pas, nous vous tiendrons au courant pour Ludmila, conclut le père de Violetta en frappant dans ses mains.

German se leva et se dirigea vers la sortie, tandis que nos professeurs se dirigeaient vers leur bureau en discutant des modalités du concours. Un silence angoissant régnait dans la pièce. Aucun de nous n'osait parler ni même respirer. Ludmila était saine et sauve. Je soupirai de soulagement. En apparence elle semblait mener une vie paisible d'étudiante. Malgré tout, je continuais de m'inquiéter. Après tout, condamnée à cet exil forcé, le poids de la solitude devait être lourd à porter. Finalement, Federico s'agita sur sa chaise:

-  Je pars avec eux, vous ferez sans moi pour le spectacle. Envoyez moi le programme, les chansons retenues pour la présentation et les chorégraphies, je les apprendrai en Espagne. En attendant, je pars retrouver Ludmila. Je veux la voir de mes propres yeux. Je veux m'assurer de son bonheur. Je dois aussi m'excuser, ces dernières semaines m'ont ouvert les yeux. Je veux réparer mes erreurs avec elle, elle mérite mes plus sincères excuses.

-  Tu veux surtout soulager ta conscience Federico! Ton petit numéro du mari éploré ne prendra pas avec moi, lui asséna Diego visiblement énervé contre l'italien. Ne comptez pas sur moi non plus, je pars aussi. Je l'ai trop longtemps laissée tomber, il est temps que je joue mon rôle d'ami.

-  Les garçons, vous n'allez pas recommencer! Je pars aussi, avec mon père, intervint Violetta. Elle est partie à cause de moi, je ne peux rester là sans rien faire.

-  Je pars avec toi, Ludmila a besoin plus que jamais de soutien et je veux être là pour elle, surenchérit Leon.

Chaque personne dans cette pièce exprima clairement son envie de partir rejoindre ma meilleure amie. Tout le monde sauf moi. Tout ce remue ménage me donnait la migraine. Je les observai, bien sûr je pouvais lire la sincérité dans leurs yeux. Ils se faisaient réellement du soucis pour Ludmila. Pourtant, je continuais de me questionner quand à leurs intentions. Cet engouement soudain n'était-il pas dû à la culpabilité qu'ils éprouvaient? Retrouver ma meilleure amie n'était pas une oeuvre de charité à laquelle on accordait de l'attention seulement lorsqu'on souhaitait se donner bonne conscience. J'allai leur faire comprendre, parole de Natalia Vidal.

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1145 mots 

Le chapitre 14 est posté. J'espère qu'il vous plaira. N'hésitez pas à voter et à me donner vos avis. On va bientôt retrouver Ludmila! Comment va-t-elle réagir quand elle va les revoir? La suite très prochainement...  

Lettres d'une supernovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant