Federico

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PDV de Federico:

Lentement je pris l'enveloppe que Nata me tendait. Finalement, Ludmila m'avait aussi écrit une lettre. J'avais entendu parler de cette histoire. Il y a deux semaines, la meilleure amie de ma supernova avait convoqué tout le monde de bonne heure. L'urgence de son message avait inquiété tout le monde, si bien qu'ils étaient tous arrivés avant l'heure prévue. Après un bref résumé de la situation, Nata avait distribué leur courrier à chaque personne présente dans la pièce. Ils en avaient tous pris connaissance rapidement, certainement intrigués par ce geste inattendu de la part de Ludmila. En effet, lorsque son affreuse mère lui avait annoncé qu'elle terminerait son année en Suisse, mon étoile n'avait pas souhaité retourner au Studio, laissant tous nos camarades sans nouvelles. Moi-même alors que je vivais dans la même maison qu'elle, je bataillais pour pouvoir lui parler un moment chaque jour. Je savais qu'elle m'évitait depuis l'annonce de son départ. Elle m'en voulait certainement de m'être rangé une nouvelle fois du coté de mes amis. A ce moment-là, j'étais à mille lieux d'imaginer l'horrible vérité à propos de l'accident de Violetta. Pire encore, je n'aurais jamais pu m'en approcher tant la situation était invraisemblable. Priscilla avait accusé sa propre fille! Je n'en revenais toujours pas. Mais Ludmila semblait s'être accommodée de ce genre de décision, comme si elle avait toujours eu à payer pour les erreurs de sa mère. Elle semblait s'être détachée de la situation. La flamme qui l'animait autrefois s'était éteinte. Elle n'avait plus goût à rien. Quand je lui apportais son plateau repas, elle se contentait de hocher la tête en guise de remerciement. Olga le retrouvait d'ailleurs intact lorsqu'elle passait la voir un peu plus tard le soir. Quand je m'asseyais auprès d'elle quelques instants pour discuter, elle me tournait le dos, ne répondant que très succinctement à mes interrogations. Je voulais comprendre ce qu'il s'était passé ce jour-là. Je voulais lui trouver des circonstances atténuantes, une seule raison qui aurait pu expliquer son présumé geste. Mais elle ne se confiait jamais. Elle n'avait pas confiance en moi. Et aujourd'hui, j'en comprenais la raison. Je ne la méritais pas, tout simplement. Néanmoins, cette lettre me redonnait espoir. 


Federico,

Non so se va bene, non so se non va (Est-ce que je fais bien, est-ce que je fais mal?)

Non so se tacere o dirtelo ma (Dois-je parler ou me taire?)

J'ai longuement hésité mais je crois qu'il est important que je t'écrive une lettre à toi aussi. Il est temps que nos chemins se séparent, que nous entamions un nouveau chapitre de nos vies, que nous écrivions une nouvelle page de notre histoire, séparément. Un jour ou l'autre, il aurait bien fallu que nous nous quittions. Tu souhaitais poursuivre ta carrière en Italie et moi, j'aime mon Argentine natale, enfin, je l'aimais avant cet exil forcé. Néanmoins, je ne voulais pas partir sur des non-dits. Je ne veux plus vivre avec des milliers de rancoeurs, j'ai besoin de m'en décharger pour enfin avancer.

Le cose che sento qui dentro di me (Quel est ce sentiment au fond de moi?)

Mi fanno pensar che l'amore è cosi (Je me demande si c'est ça l'amour)

L'amour est un sentiment bien étrange. Lorsqu'il nous tombe dessus un beau matin sans crier gare, il nous transforme irrémédiablement. Il nous détruit pour mieux nous reconstruire. Il nous affaiblit pour nous rendre plus fort. Il fait vaciller notre monde pour le fusionner avec celui de notre âme-soeur. J'ai longtemps cru que je n'étais pas capable de ressentir de telles émotions, pourtant j'avais tord. Toute ma vie, je n'ai cessé de calculer froidement toutes mes actions, mais à tes cotés, mon coeur s'est réveillé de son long sommeil. Il battait fort à chaque fois que mon regard croisait le tien. Mes poils se hérissaient quand tu passais près de moi. Mes joues rosissaient au son de ta belle voix. Je ne pouvais même plus réfléchir correctement lorsque nous étions seuls tous les deux. Je n'ai pas voulu l'admettre, j'ai essayé de me convaincre que tous ces signes relevaient de la coïncidence. En vain.

Lettres d'une supernovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant