Après les larmes

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PDV de Ludmila:

-  A bientôt mon étoile.

Il poussa un dernier soupir et s'en alla. Je m'effondrai. Un sanglot, un autre. Puis le silence s'installa dans la pièce. Mes larmes coulaient à flot le long de mes joues. Je lui avais demandé de me laisser mais j'avais vraiment besoin de lui. Je voulais sentir ses bras forts me serrer contre son coeur. Entendre sa voix grave et profonde me dire que tout irait bien à partir de maintenant. Bon sang, je souhaitais plus que tout qu'il me revienne. Il s'agissait là, de mon voeu le plus cher alors que je lui avais sommé de partir, il y a à peine une minute. Ma fierté me perdrait. Mon orgueil m'avait toujours desservie et pourtant je n'arrivais pas me défaire de mes vieux démons. La rancune faisait partie de mon ADN. Je me sentais si seule mais je ne parvenais pas à saisir la main qu'on me tendait ces derniers temps. Je ne voyais pas de petite lumière dans mon brouillard de tristesse. J'étais trop abimée pour la distinguer. Mon esprit était formaté pour assimiler la compassion à la pitié, la peine à la colère et la solitude à la haine. Je me détestais de penser de cette manière mais je n'arrivais pas à me défaire de la méfiance que je nourrissais pour le monde qui m'entourait. Je me détestais encore plus d'être là, dans cette petite cuisine, incapable de me reprendre en main et de comprendre mes propres sentiments. Je demeurais alors immobile, tentant encore une fois de me raisonner. Alors que j'estompais maladroitement mes larmes du dos de la main, je sentis une main presser mon épaule:

-  J'ai pris des mouchoirs.

Je me retournai et découvris mon ancienne demi-soeur, un léger sourire compatissant plaqué sur les lèvres. Elle me tendait une boite en cartons, attendant patiemment mon accord pour approcher.

-  Je peux te prendre dans mes bras, ajouta Violetta. Tu sais, tu n'es pas obligée de m'expliquer pourquoi tu es si triste mais je veux que tu saches que je suis là. Je t'écouterais si tu éprouves le besoin de te confier.

Lentement, elle combla l'espace entre nous et elle me serra dans ses bras. Je lui rendis son étreinte. Mon ancienne pire ennemie avait raison, je voulais me confier et me décharger du lourd fardeau que je portais depuis mon arrivée en Espagne. Je me détachai lentement de Violetta et me détournai d'elle pour attraper un mouchoir. Je m'assis, elle m'imita.

-  Je ne sais même pas ce que je ressens, dis-je tout haut.

Je devais être à peine audible car cette remarque m'était destinée à moi-même plutôt qu'à mon interlocutrice. J'affrontais cette vérité en essuyant mes larmes. Je déglutis péniblement, refoulant un autre sanglot et poursuivis:

-  Je ne pense pas être capable de lui pardonner. J'ai beau dire le contraire, je ne peux pas passer au dessus de tous les évènements que j'ai dû affronter. Je... Tout le monde m'a tournée le dos encore une fois. Ma propre mère a choisi de se séparer de moi plutôt que de perdre la face. Alors que je pensais avoir tout perdu, c'est Federico... C'est lui qui a... bafouillai-je en cherchant mes mots. Il m'a achevée en m'assenant le coup de grâce. Il m'a abandonnée à son tour alors qu'il m'avait jurée de ne jamais le faire. Je ne suis même pas en colère, je comprends parfaitement sa décision. Sa propre meilleure amie m'accusait de son accident.

Je relevai la tête et vis Violetta s'agiter à mes cotés, visiblement gênée par cette partie de l'histoire.

-  Je m'en excuse encore. Tu m'as demandée d'enquêter en me jurant que tu n'y étais pour rien. J'aurais dû le faire plus tôt mais j'avais tellement peur de ce que je pouvais découvrir.

Elle prit mes mains dans les siennes et me sourit. Mes lèvres s'étirèrent d'elles-mêmes, je me sentais enfin entendue et comprise.

-  Je me mets à sa place et je comprends pourquoi il s'est braqué. Malgré tout, son indifférence et son mépris ont eu raison de mes dernières forces. J'avais l'impression que j'avais tout perdu, que je n'avais plus aucune raison de me battre, que le jeu n'en valait plus la chandelle.

Lettres d'une supernovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant