Ils sont là

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PDV de Ludmila:

Je venais de terminer ma dernière heure de cours. Très sincèrement, je ne pensais pas un jour me retrouver à l'université pour étudier l'astrophysique. Pourtant, il s'agissait de ma réalité maintenant. En un peu moins d'un mois, j'étais devenue une étudiante madrilène qui jonglait entre ses devoirs et son petit boulot de serveuse. Je consultai ma montre, il ne me restait que quelques minutes avant de prendre mon service. Linda, ma patronne, m'avait tout de suite prise sous son aile lorsque j'étais arrivée en Espagne. Nous nous étions rencontrées à l'aéroport. Arrivée à Zurich, j'avais pris une correspondance pour la capitale espagnole. Alors que je courrais pour ne pas manquer mon vol, j'avais, sans le vouloir, bousculé une femme d'un certain âge. A la fois perdue et désolée, je n'avais pas pu retenir mes larmes. Je sanglotais face à cette dame, que je ne connaissais pas en essayant de ramasser ses affaires. Toutes mes émotions enfouies jaillissaient pendant que ces gouttes salées courraient le long de mes joues. Je devais passer pour une véritable folle. Mais la vieille femme ne s'en accommoda pas. Elle me demanda de me relever et de lui expliquer la raison de ma tristesse. Mais, je n'étais pas abattue, non, je bouillonnais de colère. J'avais l'impression que le sort s'acharnait sur moi. J'avais laissé derrière moi tout ce que je possédais. Je n'avais plus d'avenir dans la musique. Je n'avais plus d'amis, plus d'amoureux ni même de famille. J'avais perdu tous mes repères en l'espace d'un instant. Il avait fallu moins de dix secondes pour que ma vie tourne au cauchemar. Juste le temps de prononcer ces quelques mots « Ludmila m'a poussé. ». J'avais continué de me confondre en excuses devant cette inconnue, espérant reprendre mes esprits assez vite. Elle m'avait prise la main et m'avait murmurée que tout irait bien maintenant. Etait-ce un coup du destin ou simplement de la chance, mais elle et moi avions été voisines de siège durant notre vol. J'avais alors pris le temps de lui expliquer la raison de mon voyage. Je lui avais dévoilé tous mes secrets, même ceux que je n'avais jamais évoqués. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais entendue. Elle me laissait déversée toute ma peine sans émettre le moindre jugement sur l'horrible personne que j'étais. Elle acquiesçait sans cesse, me poussant à continuer mon histoire. J'avais tant parlé que je ne m'étais pas rendue compte que nous étions arrivées à bon port. Alors que j'allais la remercier pour son oreille attentive, elle me proposa un travail et un logement. Avec le recul, je suis extrêmement reconnaissante de l'avoir rencontrée. Je pense même qu'elle est mon ange gardien sur cette terre. Un nouveau coup d'oeil à mon poignet m'indiqua que je n'étais pas en retard pour ma prise de poste. Néanmoins, je devais me dépêcher. Je poussai la porte du petit café et criai à la volée:

-  Linda, je n'ai pas eu le temps de me changer mais j'arrive t'aider.

Je n'attendais pas de réponse. Ma patronne, certainement dans sa cuisine, ne m'avait pas entendu. Elle devait certainement être trop occupée à créer de nouvelles recettes. Je pris donc mon tablier et le revêtit. Rapidement, je balayai la salle du regard. Il y avait quelques personnes attablées, dégustant leurs cafés et leurs viennoiseries. Linda les avait déjà servi, il ne restait plus qu'à attendre les prochains clients.

-  Lù, comment s'est passé ta journée ma belle?

Comme à son habitude, Linda utilisait le diminutif de mon prénom. D'ailleurs, je préférais que l'on me surnomme ainsi. Je n'étais plus la même qu'avant, je n'étais plus Ludmila la supernova ou Ludmi l'étoile du Studio. Ce temps était révolu. Alors que je serrai ma queue de cheval, je découvris ma patronne à mes cotés. Elle portait sa blouse noire maculée de traces de farines et de jaune d'oeuf. Elle me souriait, certainement le faisait-elle pour m'encourager à lui détailler mes faits et gestes de la matinée.

-  Toutes mes journées à la fac se ressemblent Linda. Je suis allée en cours. J'ai écouté mon professeur parler pendant quatre longues heures de la fission nucléaire et je suis venue te rejoindre. Le cours était très intéressant, malheureusement notre enseignant ne l'a pas rendu assez vivant et dynamique. C'est assez ironique quand on y pense parce que ce phénomène physique dégage énormément d'énergie.

-  Ma chérie, je suis très heureuse que tu apprécies tes cours, mais j'aimerais surtout savoir si tu as rencontré du monde. Est ce que tu as parlé avec les autres personnes de ta promo? Tu m'avais promis que tu essayerais d'engager la discussion avec eux.

Alors que je secouai la tête pour lui signifier que je ne l'avais pas fait, mon regard se fixa sur la porte du café. Ou plutôt sur la personne qui s'apprêtait à franchir le pas de la porte. J'espérais du plus profond de mon être, qu'il s'agissait d'un mirage. Je devais avoir des visions. Peut être que je rêvais les yeux ouverts. Oui, c'était la seule explication possible. Malgré mes tentatives de rationalisation, je fis le choix de me cacher derrière le comptoir. Sans plus attendre, je me baissai.

-  Lù, je peux savoir ce qui te prend? Pourquoi tu te caches? Rassure moi tu ne t'es pas fait mal au moins.

-  Linda moins fort s'il-te-plait, lui intimai-je. Tu te souviens quand nous nous sommes rencontrés, je t'ai longuement parlé de mon passé. Et bien figure toi que ce même passé va bientôt franchir le seuil de ton café.

-  Tu es sûre de toi ma beauté? Je sais que ma mémoire n'est pas très bonne, mais il me semble qu'ils vivent à Buenos Aires.

-  Je sais bien, moi non plus je ne comprends pas.

J'étais certaine d'avoir reconnue German. Cette carrure imposante et cette manière assez particulière de porter une chemise ne pouvaient appartenir qu'à mon ancien beau-père.

-  Linda, que fait-il? Par pitié rassure moi et dis moi qu'ils est parti.

-  En fait, le monsieur vient d'être rejoint par quatre autres personnes. Il y a un autre monsieur plus petit, aux cheveux noirs et à la barbe épaisse et trois jeunes gens de ton âge. Une fille et deux garçons. La jeune fille doit faire la même taille que toi, elle a de jolis cheveux châtains et des yeux noisettes en amande. Le premier jeune homme la serre dans ses bras. Il ressemble au prince Henry de Cendrillon. Le second est très beau aussi, il a des airs méditerranéens. Peut-être italien. En tout cas, il est très charmant, même s'il semble triste.

Federico. Tous mes sens s'éveillèrent. J'étais en état d'alerte. Pour rien au monde, je ne souhaitais le voir. Je ne pouvais tout simplement pas. C'était au dessus de mes forces. Je sentais la panique monter à une allure folle. C'était impossible, il n'était pas vraiment être ici en Espagne, n'est-ce pas? 

-  Linda, je... Je ne me sens pas bien, bégayai-je.

-  Ma chérie, si ce sont ces gens qui te mettent mal à l'aise et t'ont rendu triste, je vais les voir et leur dire ma façon de penser. Ils ne rentreront pas les pieds dans mon établissement, parole de Linda Marcela Alba González, s'emporta ma patronne.

-  Non tu n'as pas besoin de faire ça. Si tu le veux bien, j'ai besoin de partir m'aérer. Je ne veux pas être confrontée à eux.

-  Bien sûr ma belle. Prends ton après-midi. Je vais gérer pour la fermeture. Néanmoins, je pense que les remettre à leur place, leur ferait grand bien.

-  Non par pitié, Linda ne fais pas ça. Il se peut que je me sois trompée mais dans le doute, je préfère... Enfin, merci, lui répondis-je en rampant sur le parquet fraichement ciré.

-  Ne t'inquiète pas, c'est normal. Pars tranquille ma beauté.

-  Merci Linda, je te promets d'arriver plus tôt demain et de...

Elle m'interrompit en me répétant une nouvelle fois de ne pas m'en faire. Cette dame était tout simplement un ange. Je pris donc rapidement mes affaires et sortis par la porte de derrière. Une fois dehors, je soufflai fort pour tenter de ralentir mon rythme cardiaque.

-  Voilà des années qu'on se connait mais jamais je n'aurais pensé que tu prendrais la fuite.

Mon coeur s'affola une nouvelle fois. Cette voix. Plus de doute possible, ils étaient là. 

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1395 mots

C'est (déjà) le 17ème chapitre que je poste pour cette fiction. Je ne pensais pas autant développer l'intrigue. Merci à toutes les personnes qui lisent mon histoire, à celles qui l'aiment et la commentent. D'ailleurs Linda est un prénom qui n'a pas été choisi au hasard. Je suis toujours très heureuse d'avoir vos retours, ils me poussent à continuer dans cette voie. 

Lettres d'une supernovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant