Je marchais dans une petite allée, un sac en plastique rempli de nourriture se balançant sur mes mains quand enfin je repérai l'appartement délabré familier.
–Ouvre-moi.
Je frappai légèrement plusieurs fois à la porte presque cassée avant qu'elle ne s'ouvrît, révélant une Young ji arborant ses vêtements habituels. Vieux et en lambeaux.
–Yoo ma !
Elle poussa un cri et me prit dans ses bras avant même que je puisse entrer dans la pièce glacée.
–Oui oui, lâche-moi, c'est bon, dis-je en la repoussant doucement avant de me diriger vers le salon. Je m'assis sur le sol car il n'y avait pas de canapé ou même de chaise, puis je plaçai le sac en plastique sur la petite table au milieu. J'ai apporté de la nourriture...
Avant même que je n'eus fini ma phrase, elle fouillait déjà le sac à la recherche de son plat préféré.
–Cupcakes ! s'écria-t-elle en sautillant de joie.
Elle voulut de nouveau m'embrasser mais je l'arrêtai avec mon pied que je posai sur son ventre.
–Je croyais t'avoir dit de rester à 2 mètres de moi, lui rappelai-je calmement.
Puis je sortis le nouveau manuel que j'avais acheté et me mis à lire.
Les sourcils froncés, elle retourna à sa place de l'autre côté de la pièce, mais elle retrouva vite le sourire une fois qu'elle commença à manger les petits gâteaux que je lui avais préparés.
De temps en temps, je jetai des coups d'œil ici et là. Ce n'était pas si mal, mais à cause du manque de meubles et autres fournitures, cela ressemblait presque à un endroit abandonné. Les murs autrefois pêches étaient désormais gris foncé et des moisissures s'étaient déjà formées. Son lit n'était rien d'autre qu'un tapis empilé dans une tentative de ressembler à un lit décent. Mis à part la petite table au centre de la pièce et son lit dans le coin, un petit tiroir était placé juste à côté du lit. Je suis certaine que les seuls vêtements qu'elle avaient étaient son uniforme scolaire, l'uniforme de son travail à temps partiel et quelques vieux habits.
En haut du tiroir se trouvait un cadre photo de Young ji lorsqu'elle avait dix ans et de ses parents. Son père, grand mais gros, enroulait sa main autour de l'épaule de Young ji, tandis que sa mère avait les mains posées sur la tête de sa petite fille.
Tous avaient un sourire authentique sur le visage, leurs yeux se plissant presque de joie. Cela me fit me demander pourquoi ils avaient laissé leur fille unique dans la famine. D'après ce qu'elle m'avait dit, ses parents se disputaient jour et nuit. Une fois, quand elle avait voulu s'interposer, elle avait fini avec un bras cassé. Puis, une nuit, elle s'était retrouvée toute seule dans la maison avec rien d'autre qu'une note de ses parents lui disant qu'ils allaient dans un autre pays et qu'ils n'étaient pas certains de leur retour.
Mon attention se porta sur Young ji, laquelle dévorait toujours la nourriture que j'avais apportée, tout en me souriant à chaque bouchée qu'elle prenait.
Je me demandais comment elle pouvait toujours sourire après toutes les souffrances qu'elle avait subies. Sa vie était littéralement un calvaire. Pour commencer, à l'école, elle se faisait malmener par presque tout le monde. Ensuite, après une journée passée à être tourmentée et martyrisée, elle retournait dans cet appartement solitaire sans personne pour l'accompagner, et de nuit jusqu'à l'aube, elle devait aller travailler dans un bar karaoké. Pour finir, le lendemain, elle arrivait à l'école sans avoir bien dormi et se faisait harcelée à nouveau par tout le monde.
–Young ji..., l'appelai-je au milieu du silence.
Elle regarda dans ma direction, des glaçons au chocolat collés sur son visage :
–Quoi ?
J'observai son teint pâle. Il était évident que si sa situation actuelle perdurait, elle tomberait surement malade. Je soupirai en fermant le manuel et en le plaçant sur la table.
–Rien, dis-je finalement, ce qui me valut un regard perplexe de sa part.
–D'accord.
Elle se remit à consommer des tas de bonbons, pendant que je continuais à la dévisager avec incrédulité.
Combien de temps va-t-elle continuer à jouer cette comédie ? pensai-je. Combien de temps va-t-elle continuer à faire semblant qu'elle va bien quand tout son monde s'est déjà effondré ?
Pourtant, elle arborait toujours un sourire joyeux. Cela dit, je pouvais quand même voir la douleur dans ses yeux, je pouvais entendre les appels à l'aide qu'elle lançait intérieurement. Ils résonnaient dans le ciel et secouaient la Terre, mais personne n'y prêtait attention...
Même pas moi. . . Sa propre meilleure amie.
*
Des images scandaleuses se répandirent dans tout le campus comme une traînée de poudre, provoquant des rires et des sourires narquois de la part de tout le monde.
Je vis Young ji marcher dans la salle bondée, la tête basse et les mains tremblantes.
Les gens autour d'elle se mirent à murmurer sur son passage, un air dégoûté mais satisfait collé sur leurs visages.
–Quelle folie, soupirai-je en fermant les yeux avant de me diriger vers le bureau du conseil étudiant. Pour cet incident au moins, je pouvais faire quelque chose pour elle, même si c'était sa faute d'avoir accompagné Fei en sachant très bien que cette dernière la haïssait.
C'était bien elle, ça, souriant à tout le monde, même aux gens dont les motivations étaient malveillantes.
Quand comprendra-t-elle enfin qu'il ne faut pas faire confiance aux gens ?
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La vengeance d'une morte
Horror« Ce n'est pas parce que je suis morte que je ne peux pas me venger... » Sa seule amie l'a trahie. Son petit ami l'a trompée. Ses parents l'ont abandonnée. Ses camarades de classe l'ont maltraitée. Le monde entier lui a tourné le dos. Ne pouvan...