22.

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Kelly

Je marche sans but dans l'école, tremblant de peur à la vue de tous ces cadavres agglutinés sur le sol, espérant qu'ils ne se réveilleront pas pour m'entraîner  en enfer avec eux.

S'il n'y avait pas eu ce fichu éclair, je n'aurais pas été séparé de Fei et des autres. Maintenant, je dois arpenter cette route ténébreuse et ensanglantée pour les retrouver.

Je sais que c'est stupide de rester seule, mais d'après ce que j'ai vu, ceux qui restent en groupe sont des proies faciles pour le tueur. Peut-être parce que c'est beaucoup plus simple de tuer plusieurs personnes d'un coup.

Il fait super froid, dis-je, me parlant a moi-même. On se croirait au pôle Nord.

Dehors, la tempête est toujours aussi forte. J'ai l'impression qu'elle ne s'arrêtera pas avant que tout le bâtiment s'effondre et nous avec.

J'ai essayé de sortir du lycée, sans y parvenir. Il y avait comme un mur invisible qui m'empêchait de franchir le portail.

J'ai intérêt à me dénicher une jacket si je ne veux pas mourir de f....

Avant d'avoir pu terminer ma phrase, je reçois un violent coup sur la tête. Très vite, je me retrouve au sol, le gout du sang se mélangeant à celui de la salive dans ma bouche. A ma droite, je remarque qu'il y a des chaussures en cuir. Je ne sais pas à quelle fille elles appartiennent, mais je compte m'en servir pour me protéger.

Au moment où ma main se dirige vers l'une d'entre elles, une autre paire de chaussures noire fait son apparition juste à côté.

Tu veux ces chaussures ?

J'essaie de répondre, mais je n'y arrive pas. Seuls des borborygmes mixés avec du sang et des crachats sortent de ma bouche.

Attends, je vais t'aider.

Elle lève son pied et m'envoie l'une des chaussures en cuir en pleine figure. La force qu'elle a est tout à fait surhumaine.

Et si je te faisais courir complètement nue dans toute l'école ? dit-elle avec un petit rire diabolique. Elle est clairement en train de prendre son pied. Me voir souffrir doit lui procurer une jouissance extrême. Bon, on va commencer par te débarrasser de tes vêtements.

Elle m'enlève mon blazer, mon chemisier, fait glisser ma jupe, puis s'attaque à mes chaussures et mes chaussettes.

Je ne porte plus que mes sous-vêtements.

Te voilà toute prête. Avec facilité, comme si je n'etais rien d'autre qu'une poupée de chiffon, elle me remet sur pieds. Ne t'inquiète pas, j'ai pris soin de ne pas te frapper trop fort pour que tu sois en mesure de courir normalement.

N-non... Pitié..., marmonné-je, tenant à peine debout.

A cause du coup qu'elle m'a donnée, ma vision est floue. Je n'arrive pas à la voir et je l'entends comme si elle parlait de très loin. Je ne sais pas qui elle est, mais une chose est sure : elle me hait vraiment.

OK. A tes marques... Prête... C'est parti ! dit-elle avec jubilation.

Mais dans mon état, je ne peux pas lui obéir.

Tu ne veux pas courir ? dit-elle d'une voix menaçante.

Du coin de l'œil, je peux voir qu'elle s'apprête à me frapper encore. Il n'en faut pas plus pour que je me décide.

Je me mets donc à courir, mais très lentement, car je ne cesse de piétiner des cadavres.

A plus tard ! me crie-t-elle. Je vais m'occuper des autres en attendant.

Je ne sais même pas pourquoi je lui obéis. Une fois que j'aurai terminé, je finirai comme tous les autres.

Argh !

Sans faire attention, deux de mes orteils se sont enfoncés dans la bouche de l'une des personnes mortes sur le sol.

Je me mets sur mon séant. J'attrape mon pied avec mes deux mains, priant pour que la douleur s'estompe. Des larmes coulent rapidement de mes yeux.

Au secours... Aidez-moi, je vous en prie...

Personne ne me répond.

Lentement, je me remets debout. J'ai l'impression que je vais m'évanouir d'un instant à l'autre.

Quelques instants plus tard, je me remets à courir, plus lentement cette fois, notamment à cause de mon pied qui me lance.

Aidez-moi, je vous en prie...

J'ai beau répéter ces mots, je sais au fond de moi que c'est inutile. Je sais que d'un moment à l'autre, elle va me retrouver et me tuer le plus lentement possible. Je sais qu'il n'y a aucune échappatoire...

Je sais que je vais mourir.

Et puisque je dois mourir, autant que ce soit une mort que moi-même j'aurai choisi.

Après avoir pris cette décision, je m'arrête, me retourne et me dirige vers la fenêtre. D'un geste rapide, je l'ouvre. Aussitôt, un vent glacial s'immisce dans la pièce.

Je ne ressens plus rien. J'ai l'impression qu'on m'a injecté une grande dose de morphine. Le froid ne me fait même plus rien, malgré le fait que je sois toujours en sous-vêtements.

Je grimpe sur le rebord de la fenêtre jusqu'à ce que mes deux pieds soient posés dessus. Les yeux fixés vers l'horizon, je souris d'un air triste alors que toute ma vie défile soudain devant mes yeux.

Kelly !

Je me retourne lentement. Fei se tient derrière moi et me regarde avec de grands yeux.

Qu'est-ce que tu fais ? dit-elle en marchant vers moi.

Ayant réalisé ce que je m'apprête à faire, elle veut surement m'en empêcher.

Mais il est trop tard maintenant. J'ai pris ma décision.

Je veux mourir comme je le souhaite.

Au revoir, lui dis-je en souriant, alors que je m'élance dans les airs.

*bruit sourd*

A la fin, tout ce que je vois c'est un flash. Une lumière brûlante, insupportable.

La douleur déchire mon corps, érafle mon âme en mille morceaux.

Quelques secondes plus tard, je ne suis plus rien. La lumière s'éteint et je disparais dans une profonde obscurité.

J'accueille la mort, les bras ouverts.

La vengeance d'une morteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant