Jina
Depuis que Minho a émis l'hypothèse selon laquelle un de nos condisciples de classe pourrait être le tueur, un silence étrange s'est immiscé entre nous. Fei et Minho se dévisagent continuellement, puis me regardent d'une manière suspicieuse.
–Quoi ? dis-je après un moment, fatiguée de ce manège.
–Rien, dit Fei après s'être éclairci la gorge.
–On devrait aller dans la salle de vidéosurveillance, dit Minho en se levant soudainement.
–Hey hey attends ! dit Fei en se mettant entre lui et la porte. Pourquoi aller là-bas ? demande-t-elle, me volant les mots de la bouche.
– On y sera plus en sécurité et on pourra voir les faits et gestes des autres, répond Minho calmement. Et on pourra aussi mener notre petite enquête.
Voyant qu'aucune d'entre nous ne réagit à ses paroles, il contourne Fei et se prépare à sortir de la pièce.
–Putain, fais chier Minho ! dis-je pour le stopper. Tu ne vois pas qu'on essaie de survivre ? Et on ne peut pas faire ça si on se met à jouer les Sherlock Holmes !
–Alors reste si tu veux. Je suis sûr que le tueur sera bientôt là, puisqu'au cas ou tu ne l'aurais pas remarqué il va dans toutes les salles. Probablement pour s'assurer que personne ne s'échappe.
Malgré moi, je dois avouer qu'il n'a pas tort. Mais il y a quand même un problème : comment aller dans la salle de vidéosurveillance sans tomber sur ce fou furieux ?
Juste au moment où je m'apprête à poser la question, Fei me lance un regard qui signifie clairement : ferme ta gueule. Je ravale donc ma question. Je pense que la solution serait de nous y rendre en faisant le moins de bruit possible.
–Très bien, dit Fei en ouvrant ses bras en signe de défaite.
Elle montre la porte de sa main droite à Minho avant d'ajouter :
–Apres toi.
Ce dernier répond avec un sourire, l'air de dire : vous avez enfin retrouvé la raison. En ce qui me concerne, je continue d'avoir un mauvais pressentiment.
Sur ce, il sort de la pièce avec nous sur ses talons.
–Faites le moins de bruit possible, dit Minho comme s'il avait lu dans mes pensées. Je crois qu'on devrait aussi se séparer, ajoute-t-il dans un murmure pendant que nous avançons en rampant dans le couloir comme des crabes.
Ses paroles me choquent tellement que je me remets debout.
–Se séparer ?! dis-je, incrédule.
Fei me tire aussitôt et m'oblige à m'accroupir à nouveau.
–Elle a raison Minho, renchérit Fei après m'avoir lancé un regard noir, pourquoi tu veux qu'on se sépare ?
–Pour moi, c'est clair comme de l'eau de roche. Il cherche à nous séparer pour pouvoir nous tuer l'une après l'autre. Autrement dit, c'est lui le tueur.
Bon, peut-être que je m'avance un peu trop vite en besogne, mais ayant vu tout ce que j'ai vu ce soir, j'ai le droit d'être un peu parano. D'ailleurs, si ça se trouve c'est vraiment lui le tueur. C'est vrai quoi ! En classe, on se parlait à peine et maintenant il agit comme si nous étions les meilleurs amis du monde. Il y a quelque chose qui cloche.
–Très bien, dit Minho en nous dévisageant tour à tour. Allons-y ensemble. Mais ne me blâmez pas si on se fait choper.
Il pousse un soupir et se remet à ramper comme un pingouin.
Nous traversons le couloir du 1er bâtiment au 2ème étage sans nous dire un mot. J'ai le sentiment que si l'un de nous parle ou émet un son, le tueur surgira de nulle part et nous fracassera le crane contre un mur. A leur air raide et tendu, j'ai l'impression que Fei et Minho pensent comme moi.
Alors qu'on se rapproche, lentement mais surement, vers notre destination, je ne peux m'empêcher de remarquer tous ces corps étendus sur le sol.
Ces corps sans vie, maculés de sang...
–Vous avez entendu ? murmure Fei derrière moi, ce qui me fait sursauter. On aurait dit la voix de Kelly.
Je me tourne vers elle. Elle semble réfléchir.
–Probablement ton imagination, chuchoté-je.
Je scrute, néanmoins, les horizons pour voir si je peux discerner quelque chose.
Il semble que le responsable de tout ce massacre ait délibérément jeté les corps dans le couloir, certainement dans le but de nous ôter toute parcelle d'espoir.
Le couloir ressemble pratiquement à un musée d'art, à la seule différence près qu'il n'y a qu'une seule couleur qui a été utilisée : le rouge. Et cette odeur... J'en ai la nausée. Par chance, j'arrive à me retenir de dégueuler. Pour l'instant, en tout cas.
Génial, mes nouvelles chaussures sont déjà tachées de leur sang dégoûtant.
–Beurk, Fei, t'as un mouchoir avec toi ? dis-je en me retournant.
Mais à ma grande surprise, Fei n'est plus là.
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La vengeance d'une morte
Horror« Ce n'est pas parce que je suis morte que je ne peux pas me venger... » Sa seule amie l'a trahie. Son petit ami l'a trompée. Ses parents l'ont abandonnée. Ses camarades de classe l'ont maltraitée. Le monde entier lui a tourné le dos. Ne pouvan...