Ah Reum
Je continue d'errer dans ce monde... Pour dire vrai, cet endroit ressemble plutôt à une peinture inachevée, les bords fondant et tombant en morceaux. La seule scène définie est l'endroit où habite Yoo ma. Sa maison est la seule qui soit visible et claire. Les autres bâtiments du quartier sont tourbillonnants et flous.
Seulement, il y a quelque chose d'étrange avec cette maison... Je sens que je ne devrais pas y entrer, de peur d'être témoin de quelque chose que je ne pourrai pas effacer de ma mémoire. Mais il faut que je sache ce qui est arrivé à Yoo ma.
Je sais déjà qu'elle a été tuée et qu'elle est revenue d'entre les morts, changée. Je sais aussi qu'elle a massacré les gars qui travaillaient pour Fei et que ses parents n'étaient pas contents de ça. Je veux dire... qui serait heureux d'apprendre que sa fille a tué à elle seule un groupe d'hommes adultes ? Personne. Enfin, j'espère.
Rassemblant toutes mes forces restantes, j'accélère mon rythme et me dirige vers la porte principale. Mon corps translucide passe à travers le bois massif avec facilité. A l'intérieur, je trouve son père en train de boire une tasse de café à la table à manger. Un peu moins de dix secondes plus tard, Yoo ma apparaît, descendant les escaliers qui conduisent à l'étage.
—Tes valises sont prêtes ? demande son père avec désinvolture, le visage complètement caché par le journal qu'il a commencé à lire. Tu dois être à l'aéroport à 6 heures du soir. Dès que tu auras fini à l'école, appelle-moi pour que je vienne te chercher.
Yoo ma lui fit un léger signe de la tête, bien que je puisse clairement discerner des traces de colère sur son visage. Elle va ensuite à la cuisine et attrape un verre d'eau en continuant de fixer son père à son insu.
Quant à moi, je me retrouve dans un tourbillon de confusion. Ainsi, Yoo ma était censée quitter le pays aujourd'hui ?
—Les enquêtes sont presque terminées, mes collègues finiront par savoir que c'est toi qui es derrière tout ça, continue son père.
Et enfin tout devient clair dans mon esprit. Il prévoyait d'envoyer Yoo ma à l'étranger pour qu'elle puisse échapper à la possibilité de pourrir en prison, et peut-être aussi pour que sa réputation ne soit pas entachée par les actes horribles de sa fille.
—Où est-ce que maman garde tous les sacs en plastique? demande Yoo ma, n'ayant apparemment pas écouté ce que vient de dire son père.
Je me dirige vers elle, derrière le comptoir en la regardant tâtonner à la recherche des dits objets.
Son père grogne et abaisse le journal un instant.
—C'est sous l'évier de la cuisine, dit-il avant de reprendre aussitôt sa lecture.
Yoo ma s'accroupit devant les deux poignées de la petite porte de l'armoire. Elle pose ses deux mains lentement dessus puis les ouvre.
J'étouffe un cri d'horreur.
Pour cause, ce qui se trouve à l'intérieur de ce petit cabinet est un cadavre de femme, enroulée de force pour former une boule afin qu'il puisse rentrer dans le petit espace. Ses yeux sont ouverts largement, presque comme si elle était morte sous le choc. Sa peau est blanche, pâle et bleuâtre comme si toute vie en elle a été complètement aspirée et drainée.
Yoo ma, cependant, n'a pas l'air surpris ni effrayé. Au lieu de cela, elle repousse légèrement le corps pour récupérer la pile de sacs en plastique qui se trouve derrière lui.
Tout en la regardant rouler tranquillement les sacs, un rapide éclair de mémoire me traverse les yeux, me conduisant complètement dans une autre scène.
Soudain, il fait nuit dehors. Son père ouvre la porte. Il doit certainement rentrer du travail. Yoo ma, quant à elle, est assise sur le canapé et lit dans le silence.
—Ta mère dort déjà ? demande son père alors qu'il marche vers la cuisine et se tient à côté du comptoir, là où le corps est caché.
—Oui, depuis environ une heure..., répond-elle en gardant les yeux fixés sur le livre. Puis, quand il se retourne, elle se met à l'observer.
Un petit sourire narquois se dessine sur ses lèvres alors que son père, ne se doutant de rien, passe devant le corps.
Elle a donc aussi tué sa mère, ou pire, consumé son âme...
Mais une question me taraude : pourquoi n'a-t-elle pas également tué son père si elle était si inquiète qu'il puisse découvrir le cadavre ?
VOUS LISEZ
La vengeance d'une morte
Horror« Ce n'est pas parce que je suis morte que je ne peux pas me venger... » Sa seule amie l'a trahie. Son petit ami l'a trompée. Ses parents l'ont abandonnée. Ses camarades de classe l'ont maltraitée. Le monde entier lui a tourné le dos. Ne pouvan...