La vengeance d'une morte

45.

Ah reum

Je sprinte à toute vitesse tout en essayant de ne pas glisser sur tout le sang éparpillé sur le sol. Pendant tout ce temps, je peux sentir quelqu'un ou quelque chose me suivre par derrière, mais je n'ai pas le temps de me préoccuper de cela pour l'instant. Il faut que je retrouve Yebin avant qu'il ne soit trop tard.

Même si je suis déterminée à tuer Yoo ma, je ne peux pas m'empêcher d'être effrayée comme je ne l'ai jamais été de toute ma vie.

—Les pommes de terre poussent sur les arbres...

J'essaie de me parler toute seule dans le but d'atténuer la boule au ventre dans le creux de mon estomac.

Alors que je me fais cette réflexion, le tonnerre retentit soudain avec un timing impeccable, ce qui est loin de me rassurer. J'accélère le pas, sautant de temps en temps lorsqu'un tas de corps bloque mon chemin.

Mais ce n'est que quand un autre coup de tonnerre retentit et que des éclairs illuminent l'endroit que je constate qu'il y a quelque chose de bizarre. Cela fait trois ans que j'enseigne dans cette école et c'est la première fois que j'ai l'impression que ce couloir s'étend sans fin. Pourtant, j'ai couru tout droit, je n'ai pris aucun détour.

Je m'arrête. Je réalise soudain ce qui se passe :  Yoo ma est en train de jouer avec moi.

—Mon Dieu, alors après quelques minutes de course, tu as enfin décidé d'arrêter.

J'entends sa voix sans savoir d'où elle provient. Je dirige la lumière de mon téléphone d'un côté à l'autre à la recherche de sa silhouette.

Je tends l'oreille, me concentrant sur les rares sons autour de moi, mais n'entendant plus la voix de Yoo ma, je prends une profonde inspiration, essayant de calmer mes nerfs.

Je me mets à réfléchir à la démarche à suivre. Le couloir s'est transformé en une sorte de labyrinthe sans fin. Bien que les portes de la classe soient encore ouvertes, je ne vois aucune raison d'entrer dans l'une d'elles. Me maudissant un peu, je tâtonne lentement à travers le hall sombre.

C'est alors que je remarque deux lumières rouges rayonnantes de l'autre côté du couloir. Ces lumières ont la forme exacte des yeux d'un être humain normal. Seulement, il n'y a ni tête ni corps. Juste des ténèbres.

Mettant mes pensées dans l'ordre pour savoir pourquoi cette créature est apparue, je me rends soudain compte qu'elle se dirige vers moi à une vitesse fulgurante.

Je reste paralysée par la peur alors que la créature émet un bruit sauvage. Un bruit qui terrifierait n'importe qui.

Sans attendre une seconde plus, je me mets à courir dans la direction opposée. Le son de mes pas rapides contraste presque avec le son inhumain que fait la créature malveillante qui me poursuit.

Je jette un coup d'œil derrière mon épaule. Il n'y a rien d'autre qu'une forme ténébreuse noire et indistincte. Lorsque je regarde à nouveau devant moi, je suis accueillie par une autre paire d'yeux rouges brillants.

—C'est pas vrai ! Où vais-je aller maintenant ?! m'écriai-je, prise de panique.

Je m'arrête un instant et attends les instructions de Young ji.

Pendant ce temps, les deux créatures se rapprochent de plus en plus dans les deux directions.

—À l'intérieur. . .

J'entends sa voix dans mon esprit. Une voix calme malgré le fait que ces deux démons me poursuivent. Regardant sur le côté, je vois une porte qui doit conduire sûrement à une salle de classe.

Sans remettre en question l'idée de Young ji, je me dirige immédiatement vers la porte et la tire. . . mais celle-ci refuse de s'ouvrir.

Je la secoue et tire avec frénésie, mais toujours rien. Je peux sentir les deux ombres se rapprocher de plus en plus.

—Un peu d'aide ici ?! crié-je, essayant toujours d'ouvrir la porte coulissante de toutes mes forces.

Du coin de l'œil, je constate que les ombres ne sont plus qu'à quelques mètres de moi. De leur corps enfumé sortent des mains sombres qu'elles lèvent sûrement dans le but de me saisir.

Mais avant qu'elles ne puissent mettre leur projet à exécution, la porte s'ouvre et par réflexe, je bondis à l'intérieur de la pièce. Dès que je touche le sol, je me relève précipitamment et ferme la porte.

Quand je suis certaine de l'avoir verrouillée, j'attrape le bureau à côté de moi et le tiens contre la porte, me préparant à l'impact que les deux ombres peuvent causer pour la briser.

Mais les secondes deviennent finalement des minutes et il ne se passe toujours rien. Je lève la tête et cligne des yeux plusieurs fois à travers la petite fenêtre translucide sur la porte, mais je ne vois plus aucune ombre ni rien de la sorte. Malgré cela, je n'ai pas l'impression que le danger est écarté.

—Mlle Ah reum, qu'est ce que vous faites?

Je retiens ma respiration.

Ce n'est pas vrai... je dois être en train de rêver. . . Ce n'est pas possible. . .

Je me retourne lentement. Je fais presqu'un arrêt cardiaque en voyant la personne qui se trouve devant moi.

—Seol ri ?