17.

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Yoo ma

Un an plus tôt


Le ciel était couvert de ténèbres. La pluie menaçait de tomber.

Je traversai le portail de l'école en bâillant.

Encore une journée à supporter de sombres idiots, me dis-je.

Parvenue aux couloirs du bâtiment, je remarquai immédiatement que les sombres idiots, dont je parlais précédemment, avaient tous les yeux rivés sur une feuille de papier. En regardant de plus près, je vis qu'il s'agissait d'une photo, mais je n'étais aucunement intéressée par leurs gamineries.

J'en étais sûre. Quelle salope, dit une élève avec répugnance.

Alors que je la dépassais, je me rendis compte qu'elle avait, elle aussi, une photo dans les mains.

Balayant la scène du regard, je vis que tout le monde ou presque tenait la même photo. Certains semblaient dégoutés, d'autres se moquaient ouvertement.

Yoo ma !

Une voix familière vint interrompre ma rêverie.

Irene, murmurai-je, alors qu'elle s'avançait vers moi.

Mlle Ah reum te cherchait tout à l'heure, dit-elle avec un sourire bienveillant.

Mais je n'étais pas dupe.

Je connaissais son vrai visage. Je savais qu'elle faisait partie des personnes qui martyrisaient Young Ji, mais elle le faisait en secret. Et si elle maintenait sa réputation de « toutou » de Mlle Ah reum, c'était uniquement pour être dans les bonnes grâces des autres et gagner leur confiance.

Je hochai la tête en signe d'assentiment, avant de m'en aller d'un pas ferme et rapide. Je voulais mettre le plus de distance possible entre ces idiots et moi.

Et au fait, dit soudain Irene, ce qui me stoppa dans mon élan. Je me retournai. Au lieu du sourire angélique qu'elle affichait plus tôt, elle arborait maintenant une expression moqueuse. Est-ce que t'as vu ces photos ? Young Ji a vraiment l'air de prendre son pied.

Je fronçai les sourcils :

De quoi tu parles ?

Elle se mit à rire tout doucement avant d'ajouter :

Pourquoi ne vas-tu pas voir par toi-même ?

Puis, elle disparut dans la foule.

Intriguée, je jetai des coups d'œil à droite à gauche. Je repérai un garçon. Il tenait une photo dans une main et son téléphone au-dessus comme pour l'immortaliser davantage.

Sans le prévenir, je la lui arrachai des mains.

Hey ! fulmina-t-il. Mais sa colère s'évapora dès que ses yeux rencontrèrent les miens. Y-yoo ma.

Le fait de se retrouver devant l'élève la plus brillante du lycée le fit trembler de peur.

Dégage.

Il ne se le fit pas dire deux fois.

Je reportai mon attention sur la photo. J'en restai bouche bée.

Young Ji ? Qui a bien pu faire une chose pareille ?

A la pensée que cette photo se trouvait dans les mains de la plupart des élèves du bahut, mes yeux s'agrandirent de panique.

Si Young Ji voyait ça..., ça la tuerait, pensai-je.  Elle est sensible et beaucoup trop fragile. Le pire c'est que toutes les personnes qui lui en veulent et qui ont vu cette photo vont s'en servir pour la faire souffrir davantage.

Tss...

Je froissai la photo dans ma main avec rage, puis je me dirigeai vers ma destination initiale.

Lorsque j'ouvris la porte de la salle, j'y trouvai Mlle Ah reum accompagnée des autres membres du conseil.

Ah Yoo ma, tu arrives au bon moment. Nous allions justement commencer...

Boum !

Je tapai du poing sur la table. Ils avaient tous l'air choqués et confus.

Il y a, en ce moment, une photo scandaleuse qui fait le tour de l'école.

Quoi ? s'exclama Mlle Ah reum en se levant brusquement de sa chaise.

Cette photo porte atteinte à l'intimité d'une élève et je vous demande, en tant que membre de ce conseil, d'agir en sa faveur.

Pendant un moment, il n'y eut rien d'autre que le silence. Puis, une voix s'éleva :

Yoo ma, nous avons mieux à faire que de nous occuper des affaires de Young Ji.

La voix appartenait à l'un de mes camarades de classe, confortablement installé sur sa chaise. Les hochements de tête approbateurs des autres membres du conseil m'indiquèrent qu'ils partageaient son avis.

Et soudain je compris : ils étaient déjà au courant. Ils étaient déjà au courant et ils n'avaient pas l'intention de lever le petit doigt pour aider Young Ji. Tous, à l'exception peut-être de Mlle Ah reum qui, après mes paroles, s'apprêtait  sortir de la pièce. Cependant, la déclaration de mon camarade de classe l'avait stoppée net.

Très bien, dis-je calmement. Je les dévisageai tour à tour d'un air menaçant. Certains paraissaient gênés, d'autres effrayés. Je vais le faire moi-même.

La main sur la porte, je leur lançai :

Mais ne comptez plus sur moi pour participer à ce conseil de merde

Ce fut aussitôt la panique générale. Quelques-uns allèrent même jusqu'à se lever de leurs chaises pour m'arrêter. La raison était simple : ce conseil n'était qu'une vaste mascarade. Il n'y avait qu'une seule personne qui travaillait vraiment dans ce groupe et c'était moi. Toutes les louanges que nous avions récoltées des élèves et des professeurs me revenaient de droit. Sans moi, ils fonçaient droit dans le mur.

OK OK, nous allons t'aider, dit soudain mon camarade de classe, le même qui, quelques minutes plus tôt, semblait s'en foutre éperdument. Juste... ne nous abandonne pas.

Ils étaient maintenant tous derrière moi, au sens propre comme au sens figuré.

La vengeance d'une morteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant