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Quand j'ouvre la porte de l'infirmerie, je suis automatiquement agressé par une odeur nauséabonde.

Putain, mais qu'est ce que c'est ?

Je dirige la lumière de mon téléphone vers un coin de la pièce. Il y a plusieurs types de récipients brisés et propagés sur le sol. Ce qui explique cette puanteur.

Tss, comment suis-je supposé dormir dans un endroit pareil ? dis-je avant de soupirer.

Je contemple ce spectacle pendant un moment, hésitant entre le fait de tout nettoyer et simplement d'aller dans une autre salle, quand soudain mes pensées sont interrompues par un bruit en provenance du couloir. On aurait dit le bruit d'une pastèque qu'on vient de jeter contre un mur. Et quelque chose me dit que ce n'était pas une pastèque...

Suivant mon intuition, je décide de me cacher. Mais avant ça, je dépose tout ce que j'ai dans les mains sur la table. Quand c'est fait, je me glisse silencieusement dans l'un des placards.

Plusieurs minutes plus tard, j'entends des pas. Suivis d'un autre bruit sourd que je ne parviens pas à identifier. Et, selon moi, ce ne sont pas les pas de quelqu'un de normal. C'est un peu comme si la personne à qui ils appartiennent ne se soucie pas d'être entendue et qu'elle n'est pas dérangée par le fait que le lycée soit dans le noir complet. Je retiens ma respiration, espérant que cette personne s'en aille...

En vain.

Les pas se rapprochent. J'entends des portes qui s'ouvrent et se referment.

Un frisson me parcourt l'échine. Je déglutis.

Qu'est-ce qu'elle peut bien fabriquer ?

Mon pire cauchemar se réalise quand les pas s'arrêtent juste devant l'infirmerie. Par l'entrebâillement de la porte du placard, j'aperçois une silhouette dont la main traîne une personne inconsciente, laissant des traces de... sang sur le sol.

Merde...Merde... Merde...

Je me mets à prier de toutes mes forces pour que cette personne ne puisse pas me voir, à prier comme si je croyais en Dieu, bien qu'au fond de moi je sais bien qu'il n'est rien d'autre qu'un personnage de science-fiction.

Et ça marche. La silhouette n'entre pas et continue son chemin, toujours en trainant l'autre corps.

Je soupire de soulagement. Je n'ai jamais eu autant la frousse de toute ma vie. Je peux presque entendre mon cœur vibrer.

Une minute... Il y a bien quelque chose qui vibre...

Mais ce n'est pas mon cœur ! C'est mon putain de téléphone que j'ai laissé sur la table ! Et il ne fait pas que vibrer, il y a la sonnerie aussi.

Merde... Merde... Merde !

Qui peut bien m'appeler au pire moment qui soit ?

La personne à l'extérieur s'arrête subitement. J'entends un autre bruit qui m'indique qu'elle a finalement déposé le corps qu'elle traînait avec elle, puis ses pas se rapprochent de l'infirmerie.

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle se retrouve à nouveau devant l'entrée.

Et là, ma peur qui avait déjà atteint un niveau très élevé, grimpe encore d'un échelon. Car, je viens de réaliser que la personne qui se trouve juste à quelques mètres de moi et celle qui fait sonner mon téléphone sont une seule et même personne.

Comment je le sais ? Parce qu'elle tient son téléphone bien en hauteur dans sa main droite et que sur l'écran est affiché en grands caractères :

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Mon cher Joon ❤️

~~~Appel~~~

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Juste au moment où je commence à penser que je suis fait comme un rat, elle se retourne brusquement, sort de la pièce et continue son chemin.

Putain, mais c'est quoi ce délire ? Elle ne m'a pas vu ? Ou alors elle a fait semblant de ne pas me voir ? La deuxième option me semble la plus probable car il n'y a littéralement aucun autre endroit où se planquer à l'infirmerie. Excepté peut être en dessous du lit.

Le son de ses pas s'éloigne peu à peu. Puis, plus rien. Rien d'autre que le silence. Un silence angoissant, troublant.

OK, Joon. Reprends-toi, t'es un mec, pas une chochotte. Qui que soit cette personne, contre toi, elle ne fait pas le poids.

J'essaie de rassembler assez de courage pour ouvrir la porte et m'enfuir, mais soudain mes narines sont assaillies par une forte odeur. Si je devais deviner, je dirais que c'est une odeur de chair brûlée.

Je sens par la suite un souffle chaud contre ma nuque, comme si quelqu'un respirait derrière moi.

Je t'ai trouvé, murmure une voix menaçante à mes oreilles suivie d'un petit rire.

La vengeance d'une morteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant