La vengeance d'une morte

10.

— Que se passe-t-il ?

Le prof d'EPS accourt vers nous, mais avant qu'il ait pu nous atteindre, Hana se lève brusquement et gifle Irene qui s'effondre sous le choc. Toute la classe est muette de stupeur.

—Hein ? Est-ce qu'elle n'était pas sur le point de faire une crise? dit Kelly en s'éloignant progressivement pour aller se cacher derrière Minho.

— Comment oses-tu ? crie Irene, le visage rouge de rage. Elle essaie de se lever pour se battre mais Hana lui donne un coup de pied au ventre et la restreint dans cette position.

Personne dans la classe ne réagit. Au contraire, certains ont même sorti leurs téléphones pour immortaliser ce moment.

— J'ai toujours voulu faire ça ! jubile Hana d'un ton bizarre. Elle n'a plus rien de la Hana que j'ai toujours connu.

Sans transition, elle enroule ses mains autour du cou d'Irene dans le but de l'étrangler.

— Ça suffit toutes les deux ! Arrêtez !

Le professeur parvient à les séparer en se servant de ses deux mains.

— Hana ! gronde le professeur. Qu'est ce que tu fabriques ? Tu es la chef de classe !

— Oh putain, la chef de classe qui attaque une élève. Ça va faire du bruit ! dit Joon en riant.

Les autres sont probablement de son avis, vu qu'ils continuent à filmer.

De toute façon, les choses se passent comme ça ici. La majorité des élèves aiment entendre et répandre des rumeurs dégoûtantes sur les autres et les voir souffrir. Ils aiment les écraser, au sens propre comme au sens figuré. Si en plus de cela, ces personnes qu'ils martyrisent en viennent à se suicider, ça leur fait davantage plaisir.

Et si quelqu'un a le malheur d'intervenir pour les stopper, cette personne se verra ajouter à leur liste et se fera martyriser à son tour. Il ne lui restera plus alors que deux options : supporter leurs agissements jusqu'à la fin de l'année ou alors aller ad patres.

Le pire est que les professeurs encouragent ce type de comportements, soit disant que c'est une source de motivation pour travailler davantage. Tu parles !

C'est la raison pour laquelle tout le monde a feint l'ignorance à la mort de Young Ji. Ils ont agi comme s'il ne s'était rien passé, comme si ce n'était pas de leur faute.

— Quand l'orage sera passé, nous aurons, tous les trois, une longue conversation dans le bureau du provi –

Le prof est interrompu par le bruit assourdissant du tonnerre, ce qui nous emmène tous à nous couvrir les oreilles.

—L'orage est de plus en plus violent ! crie Joon en fixant les fenêtres desquelles on ne distingue rien d'autre que les ténèbres.

— Sans blague, Sherlock ! parvient à placer un autre élève, malgré la panique générale.

— Restez calmes ! hurle le professeur dans le vacarme pour essayer de nous rasséréner.

—Personne ne va perdre son temps à écouter un vieux débris comme toi, répond Fei en se cachant sous la table.

—Comment oses-tu... ?

L'enseignant a l'air très en colère, mais au même moment la foudre frappe notre salle de classe, exactement là où on se tient.

Dès cet instant, tout part en vrille. Tous les élèves se précipitent en même temps vers la sortie. En y allant certains tombent et les autres leur marchent dessus.

—AU SECOURS !!

—DÉGAGE DE MON CHEMIN !

Ils sont tellement apeurés qu'ils n'ont même pas remarqué les chairs calcinées du professeur d'EPS et de quelques malheureux élèves qui se tenaient trop près des fenêtres.

L'éclair était si violent que certains d'entre eux ont vu leurs corps être découpés en morceaux. Une mer de sang recouvre désormais le sol. Une mer dans laquelle flottent des bras, des pieds et des têtes ici et là.

Quant à moi, je me tiens debout, saine et sauve, mais tellement terrorisée que je n'arrive même plus à bouger.

Puis, comme par magie, elle apparaît à nouveau. Là, au fond de la classe. Observant avec pitié ses anciens camarades s'échapper de cette salle de classe maudite. Et cette fois, elle me tend la main.

Quand elle est là, je me sens si calme... Tout ce que je veux maintenant c'est me jeter dans ses bras et pleurer toutes les larmes de mon corps en lui disant combien elle me manque, combien je regrette tout le mal que je lui ai fait...

Je veux être avec elle...

Comme un zombie, je m'avance tout doucement vers elle, mes yeux fixés sur son magnifique visage. J'ai perdu tout contact avec ce qui se passe autour de moi. La seule chose qui compte c'est elle.

Ma main est à quelques centimètres de la sienne, à tel point que je peux sentir cette douce chaleur qui se dégage d'elle.

Je suis sur le point de la saisir, quand...