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Je pousse un grand cri. Non seulement à cause de ce qu'elle vient de dire, mais surtout parce-que mes poignets et mes cuisses se mettent soudain à saigner de manière incontrôlable. L'instant d'après, je réalise que c'est l'œuvre de cette salope. Elle me trucide avec un instrument coupant dont je n'arrive pas à déterminer l'origine.

En un rien de temps, je me mets à pisser du sang, chose dont ma tortionnaire semble se réjouir, si je dois prendre en compte le sourire qui fend ses lèvres en ce moment.

Il y a quelqu'un ?

La voix vient de l'extérieur de la salle. Peu importe qui cette personne peut-être, en posant cette simple question, elle vient probablement de me sauver la vie. Pour cause, mon bourreau ne bouge plus.

Je reviens dans une minute, ne meurs pas sans moi, me murmure-t-elle à l'oreille en me tapant gentiment sur la tête, avant de s'en aller à pas feutrés, me laissant dans cet endroit bizarre qui sent le rat mort.

Quelques secondes plus tard, je les entends parler. Réalisant que c'est peut être ma dernière chance, j'essaie tant bien que mal de me libérer. Difficile d'y arriver avec ces cordes qui m'étouffent comme un boa.

Oh ! J'ai dit à tous les élèves de rester dans leurs salles de classe. Qu'est-ce que tu fais ici ?

C'est la voix de tout à l'heure. Elle parle avec sympathie. Il doit sûrement s'agir d'un professeur. Lequel, je ne saurais le dire. De toute façon, je m'en fous. J'ai mieux à faire pour le moment.

J'étais aux toilettes, répond l'autre d'un ton désinvolte.

Cette conversation doit probablement l'ennuyer.

Je vois. Bon, je ferai mieux d'y retourner maintenant. Toi aussi d'ailleurs.

Le professeur commence à marcher puis il s'arrête soudain :

Au fait, je ne vois pas les autres. Sais-tu où ils sont tous passés ?

Oui.

Où sont-ils ? demande le professeur, qui ignore apparemment tout ce qui s'est passé ces dernières minutes.

Au même moment, après plusieurs tentatives infructueuses, je réussis enfin à me libérer. Je saigne abondamment, mais je préfère ne pas m'en soucier pour l'instant. Je décide de sortir par la fenêtre. C'est le seul moyen pour ne pas croiser l'autre folle.

Dès que je l'ouvre, j'entends le professeur hurler de douleur. Prise de panique, je saute aussitôt, en dépit du mauvais temps. Par chance, j'atterris sur le rebord de la vitre. Je repère la fenêtre de la classe voisine restée ouverte et lentement je m'y dirige.

Marchant prudemment sur la pointe des pieds, je dois lutter pour ne pas tomber, non seulement à cause de cette bourrasque mais surtout à cause de la douleur qui traverse mon corps. Peu de temps après, j'entends un autre cri. Mais cette fois, il exprime de la colère. Ma tortionnaire vient sûrement de se rendre compte que je me suis échappée.

Je m'arrête un instant pour essayer d'entendre ce qu'elle fait. Ne percevant aucun son, je continue ma route. Finalement, j'atteins l'autre salle de classe dans laquelle je m'engouffre aussitôt. Soupirant de soulagement, je me dirige vers la sortie. Quand j'ouvre la porte, je me fige net. Je me retiens de crier et mets la main sur ma bouche pour ne pas vomir.

Un homme est allongé sur le sol dans une position inconfortable, baignant dans son propre sang. Sa tête, il me semble, a été arrachée de son corps et ses os, brisés. Il ressemble à un pantin désarticulé. S'agit-il du prof que j'ai entendu parler tout à l'heure ?

Sans demander mon reste, je cours dans la direction opposée avant de m'effondrer après quelques mètres. Je me traîne donc vers les escaliers qui conduisent aux étages supérieures.

Je ne sais pas très bien où je vais, mais il faut que je parle à quelqu'un, n'importe qui, pourvu qu'il ou elle m'écoute. Il faut qu'ils sachent qui est le coupable et qu'ils le capturent.

J'ai perdu beaucoup de sang, je vais sûrement rendre l'âme d'un instant à l'autre, mais pas question que je meurs en vain. Avant de mourir, j'aimerais pouvoir me rendre utile. Prévenir les autres de ce qui les attend.

Après avoir rampé pendant environ une minute, j'aperçois enfin les autres à l'angle d'un couloir. Je me mets à ramper plus vite. S'apercevant eux aussi de ma présence, ils se dirigent vers moi en courant.

Oh mon Dieu ! Hye Mi !

Fei me prend dans ses bras avant de placer délicatement sa main sous ma nuque, son autre main me soutenant la hanche. Jina déchire une partie de son uniforme et enroule les morceaux au niveau de mes poignets et de mes cuisses pour stopper l'hémorragie.

J-Jina...Fei..., bégayé-je.

Mais elles sont tellement préoccupées par mon état qu'elles ne prêtent aucune attention à mes paroles.

Au lieu de paniquer davantage, je saisis le collier de Fei pour attirer son attention et ouvre lentement ma bouche.

A mon grand dam, les mots ne sortent pas. J'ai beau essayer de les former, mais rien ne se passe. C'est comme s'il y a soudain quelque chose coincé dans ma gorge, m'empêchant de parler. Je commence à suffoquer. La fin est proche...

Arrête Hye Mi, n'essaie pas de parler, dit Jina en pleurant.

Je lui jette un regard et je peux voir dans ses yeux que, tout comme moi, elle est convaincue que je vais y rester.

Je me sens de plus en plus faible. J'ai soudain l'impression que mes yeux pèsent des tonnes. Je les ferme donc tout doucement et demeure dans cette position.

Des images défilent à toute vitesse dans mon esprit, comme si un écran de cinéma se trouvait devant moi. Je me revois enfant puis adolescente. Je revois les choses que j'ai faites, les choses que j'ai dites...

Une petite lumière blanche vient remplacer ces images, devenant de plus en plus grande à mesure que le temps passe. Mon corps me semble tout à coup plus léger...

C'est alors que je me souviens : je ne peux pas partir de ce monde comme ça. J'ai promis de tout faire pour aider mes amis afin qu'ils soient sains et saufs. Si je ne peux pas parler, alors je dois trouver un autre moyen de les prévenir. Rassemblant mes dernières forces, je sors quelque chose de ma poche ensanglantée et le dépose dans la main de Fei en espérant qu'elle comprendra.

Un carnet.

La vengeance d'une morteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant