Lou-Anne
Le souffle court, je le regardai droit dans les yeux, n'en revenant pas encore du baiser que nous venions d'échanger il y'a à peine deux secondes. Si je m'y attendais...
_M... merci; puis-je enfin dire après avoir repris mes esprits.
Son sourire mutin me fit comprendre que ma réaction n'était pas sans lui plaire. Il recula de quelques pas et je sentis comme un froid s'abattre sur moi, avant qu'il ne s'empare de ma main. Tout en me faisant avancer, il me dit:
_Tous ses efforts juste pour moi ?
_Hmm ? Murmurai-je, ailleurs.
C'est en remarquant son regard insistant que je me repris. Décidément, ce baiser m'a vraiment fait tourner la tête.
_Euh... oui... enfin non...
Ne voulant surtout pas lui flatter son ego, je me repris et répondis :
_... Je veux dire, je me fais toujours belle avant de sortir, cela n'a rien à voir avec toi.
_Hum; murmure-t-il à son tour, ne semblant pas convaincu le moins du monde.
A quelques mètres de sa voiture, une idée m'effleura l'esprit.
_C'est moi qui conduit ! M'exclamai-je avec excitation.
Il me regarda un petit moment, les sourcils froncés avant de me sortir un...
_Non.
Mon excitation chuta d'un cran. Comment ça non ?
_Mais je sais conduire; me défendis-je.
_Je n'en doute pas.
_Pourquoi non alors ?
Il s'arrêta dans sa marche, m'obligeant à faire de même.
_Ai-je l'air d'un mec qui se fait conduire par une meuf ?
Cette fois-ci, c'est à moi de froncer les sourcils. Ça veut dire quoi ça ?
_Il est où le problème si c'est moi qui conduit ? Questionnai-je, les poings sur les hanches.
_Aucun.
Ah, enf...
_Mais c'est non.
_Mais pourquoi ?
_Parce que je ne veux pas du tout me faire conduire quelque part par une meuf.
Je sais bien que les mecs préfèrent conduire eux-mêmes en présence d'une fille mais sérieusement ?
_Mais il serait où le problème ?
Il me regarda étrangement. Il semblait ne pas comprendre comment je faisais pour ne pas comprendre.
_Imagines la scène une seconde, nous deux, à l'avant d'une voiture, toi sur le siège conducteur et moi sur le siège passager.
J'imaginai la scène mais je ne vis toujours pas le problème. Enfin... jusqu'à ce que mon imagination déborde, que je le vois un tantinet plus petit, les mains entre les cuisses, la mine boudeuse. L'image me fit éclater de rire, ce qui ne plut pas à monsieur qui avança vers sa voiture sans moi.
_Excuse-moi, je ne voulais pas; lui dis-je en essayant de m'ôter cette image pas du tout virile de ma tête pour ne pas éclater de rire une seclnde fois.
Ah les hommes, ça change d'humeur dès qu'on touche à leur virilité.
Il ne semblait pas vouloir s'arrêter, je me saisis donc de sa main. M'arrêtant devant lui, je lui dis, en jouant de la prunelle:
_Désolée. Je ne voulais pas te vexer.
Il garda le visage impassible, mais je voyais bien qu'il se retenait de sourire. Je posai un rapide baiser sur le coin de ses lèvres et lui sourit timidement en m'écartant. Je clignai un peu des paupières, toujours mon sourire sur les lèvres et...
_C'est bon.
Mon sourire s'agrandit.
_Mais c'est moi qui conduit.
Et disparut.
Il posa furtivement ses lèvres sur mon front avant de monter dans sa voiture, sur le siège conducteur, fier de son coup.
Un jour, je conduirai cette voiture Souleymane, foi de Lou-Anne.
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La petite bourgeoise.
RomanceUne petite blanche aux parents riches qui habite dans le cinquième arrondissement de Paris, belle, magnifique même, intelligente, souriante et qui garde toujours la tête haute. Oui, c'est moi. "Les noirs, ne sont que des esclaves, nos esclaves. Ils...