Chapitre 9

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Lou-Anne

Souleymane, le frère de Mariam et l'homme de ma mauvaise humeur, se tourna en partie vers moi.

_Très jolie écharpe ; commente-t-il.

Je baissai les yeux sur ce dernier et approchai ma main pour le retirer pour ne pas encore me recevoir des moqueries liée à cette dernière et mon nom de famille. Mais je me stoppai soudainement. C'est hors de question que je laisse cet homme arriver à ses fins. Je posai mes mains sur la lanière de mon sac à main qui se trouve sur mes genoux, relevai les yeux vers lui et décidai de lui parler comme s'il ne s'était pas comporté comme un connard envers moi.

_Merci et bonsoir; lui dis-je en souriant.

Il me sembla qu'il fût surpris de mon comportement et de mon ton chaleureux mais il se reprit bien vite.

_Bonsoir; répond-il. Je n'ai pas trop manqué?

Manqué? J'aurai souhaité ne jamais te revoir oui.

_Pas du tout. Je t'ai manqué moi? Le questionnai-je en retour.

Une fois de plus, il me sembla qu'il fit surpris de ma questionna mais il me répondit tout de même :

_Un peu oui...

Je haussai les sourcils à l'entente de sa réponse. Réponse à laquelle j'avoue ne pas m'y attendre.

_... Je n'avais personne à emmerder, ma sœur était trop occupée avec ses révisons; termine-t-il en me lançant un magnifique sourire.

Je roulai des yeux et portai mon attention vers l'extérieur. C'était trop beau pour être vrai. Quelques secondes plus tard, je sentis le moteur vibrer sous mes fesses et une question me traversa l'esprit: A notre première rencontre il avait une Maserati et maintenant un 4×4, serait-il lui aussi un dealer?

_Bon, allons-y, tu nous a assez mis en retard comme ça. Et j'ai tout le trajet pour mettre mes plans à exécutions.

Je posai mon regard sur lui en essayant de l'analyser. Non, il ne ressemble pas à un dealer. Pas que ces derniers aient des caractères spécifiques mais... A bien le regarder ce n'est pas du tout l'impression qu'il donne. C'est vrai qu'il dégage une aura plutôt... Dangereuse. Mais... Quelque chose en moi refuse de croire que c'est un dealer. Sûrement parce que Laura ne me mettrait jamais dans la voiture d'une mauvaise personne.

De plus, ce serait vraiment un gâchis de gâcher un aussi beau corps en prison; me souffle une petite voix dans ma tête.

Quoi? Enfin, je veux dire... Ce serait vraiment un gâchis de... de... de priver sa famille de sa présence pour de la coke. Ouais, c'est ça. J'ai buté sur les mots la première fois.

*****

C'est à peine la voiture garée que je sortis de cette dernière. J'étais à deux doigts de gifler le conducteur, ce bougre. J'en viens même à préférer notre première rencontre à celle-ci. Il m'a fait des blagues pourries sur mon nom pendant tout le trajet et il m'a même préparée un petit paragraphe dans lequel mon nom est oralement souvent repeté. Quelle délicate attention!

"La famille Lecharp se trouvait dans un magasins d'écharpes, madame Lecharp s'approcha d'une rangée d'écharpes tandis que sa fille, mademoiselle Lecharp s'emparait déjà d'une écharpe et monsieur Lecharp laissa sa famille dans le magasin d'écharpe car il devait aller écharper un misérable nègre. "

Bien que je sache qu'il se moquait de moi, je prêtais quand même attention à ce qu'il me disait. Et la fin de sa phrase m'avait interpeller.

"... il devait aller écharper un misérable nègre. "

Et c'est là que j'ai compris pourquoi il se montre aussi désagréable avec moi.  C'est sa façon à lui de défendre son ami auquel j'ai mal parlé, de défendre ses semblables sans avoir recours à la violence. Parce que c'est clair qu'il peut me faire payer mon racisme avec des manières inorthodoxes.

Et soudain, je me demande si je suis agacée parce qu'il se moque de moi ou plutôt parce que je me rend compte que je ne suis pas une personne juste.

La petite bourgeoise.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant