La petite bourgeoise.

Chapitre 44

Lou-Anne

Quelques semaines plus tard:

_J'ai eu le bac; murmurai-je.

Quand mon cerveau finit l'analyse de cette phrase, je m'écriai:

_J'AI EU LE BAC. Laura ?

_J'AI EU LE BAC.

_Amy? Demandâmes-nous toutes les deux.

Ses yeux pleins de larmes nous alerta mais le grand sourire qui s'afficha sur ses lèvres nous rassura. Et comme des folles, nous nous étions mises à sauter en formant un cercle. Une fois que notre euphorie eut regréssé, je dis:

_Souleymane m'attend à la voiture, on va lui faire une petite blague d'accord ?

Quelques minutes plus tard, c'est avec une mine attristée que nous avançâmes vers Souleymane. Du regard, il semblait nous chercher, et il fronça les sourcils en distinguant les traits de mon visage. Il s'avança aussi, la mine inquiète.

L'un devant l'autre, on se regardait. Lui, inquiet. Moi, retenant mes larmes.

Semblant comprendre ce qu'il se passait, il ouvrit les bras et je m'y réfugiai. Il me serra contre lui avant de murmurer:

_Ça va aller bébé.

Je le serrai contre moi en collant ma tête contre son torse.

_Heu...

Il entreprit des va-et-vient dans mon dos, semblant ne pas savoir quoi dire.

_La... La prochaine fois. Et puis je suis sûr qu'ils ont mal calculé.

_Ah oui ? Demandai-je d'une petite voix.

_Bah oui. Je t'ai moi-même fait réciter tes leçons je te rappelle. Et puis, avec ce que je t'avais donné à lire, tu n'aurais pas pu oublier.

C'est vrai. Je n'avais pas oublié un mot de ce que j'avais appris. Il m'avait écrit un texte qu'il dit avoir tiré du Coran, il m'a fait réciter cela, comme quoi ça m'aiderait. Et il a eu raison.

Je souris contre son torse, avant de finir par rire. Déboussolé, il me fit relever la tête.

_Qu'est-ce qui te fait rire?

Mon sourire s'agrandissant encore plus, il comprit. Il me tchippa avant de me tirer les cheveux, me faisant couiner.

_Tu mérites une fessée pour ça ; me murmure-t-il.

_Ah oui ? Je pensais plutôt qu'après avoir obtenu mon bac, c'est un cadeau que je mériterai; répliqua-je avec un sourire de défi.

_Oh oui. Tu mérites une bonne fessée.

*****

Je finis de lacer ma chaussures et pris mon sac. Souleymane, Laura, son frère et moi avions prévu de sortir ensemble, tous les quatres. Je me regardai dans le miroir en repensant à la semaine dernière. Mes parents, pour me féliciter nous ont offert à Laura et moi un voyage pour les Maldives. Et vous savez c'est quoi le plus cool ? C'est qu'on a le droit d'inviter qui on veut. Et vous savez qu'est-ce qui est encore plus cool ? C'est qu'on ira à bord d'un jet privé. Oui oui. Mais ma mère a insisté, pour je ne sais quelle raison, pour que ce soit dans deux semaines, soit la semaine prochaine. Et Souleymane m'a offert un livre de sciences mathématique. Non je rigole pas. Heureusement qu'après, j'avais eu le droit à autre chose. Une robe de la dernière collection Chanel ~ma marque préférée~, une paire de chaussures, un sac, des bijoux et un parfum de la même marque. Non, il ne sait pas ménagé. J'avoue avoir été plutôt gêné par tout ça, mais il m'a dit de ne pas l'être, comme quoi je le méritais amplement.

Oh, et j'ai aussi rencontré sa mère, une femme magnifique. Aussi bien de l'extérieur que de l'intérieur. Au début, j'étais plutôt nerveuse. J'avais peur qu'elle me rejète ou autres, mais en fait, elle a été assez compréhensive. Même si elle a fait la remarque comme quoi ce qu'on faisait était haram et qu'on devrait se marier. Oh, elle nous a aussi demandé si nous avions déjà couché ensemble. Si si. Je ne vous cache pas comment je me sentais. Et y'avait Mariam qui se marrait. Après l'avoir rassuré, j'appris enfin pourquoi Souleymane refusait de me toucher. Selon la religion islamique, nous n'aurons plus le droit de nous marier si jamais nous couchions avant le mariage. Et j'avoue qu'apprendre cela m'a fait très plaisir, parce que s'il refuse, c'est peut-être parce qu'il veut... Bref, en tout cas, maintenant je sais de qui il tient ses blagues à deux balles.

Je souris face au miroir, épanouie.

_Lou ? Il est là.

Bon, faut que j'y aille.