Chapitre 2

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Souleymane

_Je prends ma pause, tu viens Soul? Me demande sur le pas de la porte de mon bureau, Charles, mon collaborateur.

Je levai mes yeux de mes dossiers pour la deuxième fois depuis ce matin. La première était pour me chercher un café.

_Non, je dois m'occuper du dossier de monsieur Hudson; lui répondis-je.

_Ce n'est pas demain son rendez-vous?

_Si.

_Alors tu as du temps, allez viens. J'ai pas envie de manger seul.

Je relevai alors mes yeux que j'avais replongé dans mes papiers sur lui avec un sourire mutin.

_Tu ne vas pas me dire que tu préfères ma présence à celle d'une femme noire bien formée au visage d'ange, aux yeux pétillants de malice, au sourire enjôleur, aux...

_C'est bon. Stop. Pas besoin de dresser toute une liste.

Mon sourire se fit plus grand. Charles est un vrai don juan. Et il aime particulièrement les renoies, il dit qu'elles sont non seulement belles mais aussi qu'elles ont des courbes à en damner ~je le garde d'ailleurs loin de ma sœur~. Je ne le contredit pas suur ce point là car il a raison. Ce ne sont pas toutes les renois qui ont des formes, mais la majorité. De toute façon, ça ne m'intéresse pas. Les femmes? J'y ai renoncé depuis longtemps maintenant. Les petites copines, les flirts, les coups d'un soir ne sont que des pertes de temps. Je ne dis pas que je suis un saint hein, ce n'est pas le cas. Mais je me concentre sur l'essentiel. Ma famille et mon boulot.

Je m'appelle Souleymane Diallo, vingt-deux, guinéen et musulman. Je viens de la Guinée, un pays de l'Afrique Occidentale. Oui je suis noire mais non, je ne connais pas très bien mon pays d'origine. J'y vais parfois avec ma mère pendant les vacances pour saluer la famille dont j'oublie les noms dès mon retour en France. Mais je ne suis pas à blâmer, les familles renoies sont comme les familles rebeux, tellement de tantes, oncles, neveux, nièces, petites mamans et autres qu'il est difficile de se rappeler de tout le monde. C'est dans ce genre de famille que tu deviens grand-père avant même d'être devenu père.

Mes parents ont immigré en France quand je n'étais qu'un petit garçon, je ne m'en souviens plus en réalité. Je suis aujourd'hui l'aîné de la famille. Grand frère d'une ado de dix-sept ans, Aïssatou et d'un autre ado de quatorze ans. Autant vous dire que je dois les surveiller de près. C'est dans cette tranche d'âge qu'on fait le plus de bêtises. On voit notre corps changer, des seins apparaître, nos fesses se bomber, des abdos se déssiner et ça y est. On pense qu'on a grandi. Qu'on a plus besoin de personne et qu'on est plus obligé d'obéir au grand-frère autoritaire. Je sais de quoi je parle, je suis passé par là. Mais la vie m'a vite remis les pieds sur terre.

J'étais un ado turbulent, le plus turbulent de mon quartier au fait. J'écoutais plus ma daronne et je levais même la voix sur elle en l'absence de mon père. Que Dieu et ma mère me pardonne. J'ai même sniffé de la coke une fois à cause de mes mauvaises fréquentations. Mon père l'a vite compris en me trouvant défoncé et il m'a bien remis à ma place. Les coups de ceintures font toujours leur effet. C'est peut-être cruel pour certains, mais s'il ne l'avait pas fait, je serai sûrement pas qui je suis aujourd'hui.

Puis il est tombé malade, pendant ma dernière année de lycée. On lui a diagnostiqué une tumeur au cerveau, mais il était trop tard pour le soigner. On avait les moyens de toutes façons. Sa maladie empirait de jour en jour, il ne pouvait même plus aller au travail. C'est là que j'ai compris. C'est moi l'aîné de cette famille, c'est à moi de m'occuper d'elle après mon père. Alors, j'ai quitté l'école. Mes parents n'étaient pas d'accord, mais il fallait bien que quelqu'un fasse rentrer l'argent et je n'allais sûrement pas laisser ma mère le faire alors que j'étais là. J'ai cherché du boulot, ce n'était pas facile parce que je n'avais pas encore mes dix-huit ans et ma couleur de peau ne le facilitait pas la tâche. J'ai plusieurs fois failli choisir l'argent facile, vendre de la drogue, mais à chaque fois que je rentrais à la maison, mon père me conseillait, il a fait de son mieux pour le garder sur le droit chemin et il y est arrivé. J'ai fini par trouver un boulot dans un petit garage où je suis devenue mécanicien, mais la paye était peu, beaucoup trop. J'ai alors cherché un deuxième job et j'ai été accepté dans un grec, j'y ai d'abord fait le ménage, puis la caisse et après j'ai été au cuisine. Je cumulai les deux jobs, les payes n'étaient pas conséquentes mais au moins, je rapportais à manger à la maison avec de l'argent halal et c'était ça le plus important. Je me faisais insulter, gronder, discriminer par mes responsables mais je devais me faire et supporter, parce qu'il faut ramener de la bouffe à la casa. Ces épreuves m'ont rendu responsables, j'ai vu la vie sous un angle différent d'un ado qui veut juste s'amuser. Et mon père est mort. Il est partit en paix, le sourire aux lèvres en sachant qu'après lui, il y'a quelqu'un qui prendra soin des siens. Tout ceci m'a endurci et j'ai compris que la vie n'est pas un jeu. Aujourd'hui, je ne regrette pas d'avoir essuyé toutes les humiliations que j'ai subi. Des années plus tard, avec Charles, un ami d'enfance, on a notre propre agence de voitures. On y vend et loue des voitures de plusieurs marques. Les affaires marchent bien. Et aujourd'hui, ces personnes qui me crachaient dessus, m'insultaient, m'humiliaient baissent le regard devant moi. Comme on dit La patience est une vertu. ". J'ai été patient et je suis récompensé aujourd'hui.

_Très bien, allons-y. En espérant que tu ne m'abandonneras pas à la première femme rencontrée.

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La petite bourgeoise.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant