Lou-Anne
Mon cœur loupa un battement en voyant Mariam discuter avec lui, de loin. Je le vis regarder dans notre direction avant de les rabaisser sur sa sœur. Je ne les entendais pas d'où je me trouvais mais je dévinai qu'il avait refusé en voyant Mariam lui courir après alors qu'il se dirigeait vers la sienne. Agacée, je demandai à Laura de m'appeler un taxi. Je ne sais pas le faire car je n'en ai jamais eu besoin. Et je ne veux pas demander à mes parents de venir me chercher alors que je peux rentrer par mes propres moyens. De plus, papa risque d'être fureux en me sachant entourée de noirs.
_Attends; me dit Laura, elle revient.
Je redirigeai mon regard vers Mariam et son frère et la vis qui avançait vers nous en souriant.
_C'est bon, il a accepté; nous annonce-t-elle en souriant.
Elle nous fit signe de la suivre et plus nous nous approchions de la Maserati, plus je sentais l'appréhension me gagner. Laura et Mariam me dirent au revoir et la première m'embrassa sur la joue en me remerciant d'être venue la voir. Respirant un grand coup, je montai dans la voiture, devant.
_Derrière ; j'entendis me dire l'homme à ma gauche.
Sa voix grave me donna la chair de poule. Et je restais un instant figée. Ne me voyant pas bouger, il se fit l'obligation de repéter.
_Va derrière.
Sortie de ma stupeur, je le regardai avec étonnement et demandai:
_Pourquoi?
Il fit claquer sa langue, comme agacé et me dit d'une voix grave tout en allumant le contact:
_Je ne veux pas prendre le risque d'être vu avec une petite blanche.
Choquée de ses propos et de sa façon de s'être exprimé, je pris du temps à me ressaisir.
_Dépêches; renchérit-il d'un ton impatient, je n'ai pas ton temps.
Lentement, je me quittai le véhicule pour remonter à l'arrière. Et bien que je sois remontée contre le propriétaire, je refermai doucement la portière car ça reste une Maserati. Jamais personne ne m'avait parlé sur ce ton, ni avec autant de dédain. Et moi qui d'habitude ne me laisse pas faire, ne réplique rien. Sa carrure, sa voix et son visage dur y est pour quelque chose. Enfin, il démarra la voiture et bientôt nous nous retrouvâmes dans la circulation dense de Paris.
_Ma sœur m'a juste dit que t'habites dans le cinquième arrondissement ; dit le chauffeur.
Sortant de mes pensées, je compris qu'il voulait que je lui donne mon adresse. Ce que je fis d'une voix sèche, chose qui ne semblait pas lui plaire.
_Changes de ton avec moi petite sinon je te promet que je n'hésiterai pas à te déposer là, en pleine route et de continuer mon chemin.
Suite à sa menace à peine voilée, je décidai de garder le silence. Je ne veux pas descendre au risque qu'un élève me voit et propage des ragots sur moi en me voyant attendre ou monter dans un taxi ou le métro ~que je ne sais pas comment utiliser d'ailleurs~.
_Tu t'appelles comment? Demande-t-il.Pourquoi me demande-t-il cela alors qu'il est clair qu'il ne veut pas sympathiser avec moi~ moi non plus, c'est clair~ ? Décidant de l'ignorer, je gardai le silence et ma tête tournée vers l'extérieur. Quelques secondes plus tard, je constatai que la voiture s'était garée et pourtant, je suis loin d'être arrivée. Je regardai le conducteur avec inquisition, lui aussi me regardai avec un air qui se veut neutre.
_Je te sors de la galère et te ramène chez toi gratuit alors si tu ne prends même pas la peine de te présenter, tu peux descendre.
Je le regardai, les yeux exorbités. Il... Il est sérieux en plus.
_Voulez-vous que je vous ouvre la porte princesse? Ironise-t-il, un semblant de sourire sur les lèvres.
Je marmonnai furieusement dans ma barbe inexistante et lui adressa un regard hostile. Celui qu'il me rendit me fit encore plus frissonner que sa voix grave et je balbutiai:
_Lou... Lou-Anne... Lecharp.
Et là, il eut une réaction à laquelle je m'y attendais pas du tout. Il s'esclaffa. Et pas un petit rire, non, un grand. Et je me surpris à aimer le son avant de me rappeler à l'ordre.
_Lecharp putain. Ta famille kiffe les écharpes ou quoi?
Vexée, je le laissai dans son délire et retirai discrètement l'écharpe que j'avais autour du cou. Oui, ma grand-mère, ma mère et moi aimons les écharpes et alors? Jamais encore on ne s'était moqué de mon nom de famille. Et dire que je suis vexée est un euphémisme. C'est bon, je le déteste. Hâte d'arriver chez moi et de ne plus jamais revoir ce type.
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La petite bourgeoise.
RomanceUne petite blanche aux parents riches qui habite dans le cinquième arrondissement de Paris, belle, magnifique même, intelligente, souriante et qui garde toujours la tête haute. Oui, c'est moi. "Les noirs, ne sont que des esclaves, nos esclaves. Ils...