Rosalie Greengrass observa Sirius Black un long moment, en silence. Elle était assise à côté du lit où il était étendu et n'avait pas bougé depuis de longues minutes, comme si le temps s'était suspendu. Elle avait l'impression que, si elle le touchait, elle allait aggraver la situation.
Sirius était allongé sur le lit d'une des chambres du Manoir Greengrass, aussi pâle qu'un fantôme, presque aussi décharné que sur la photo qu'avait diffusée la Gazette du Sorcier après son évasion spectaculaire.
Rosalie ne pouvait presque pas croire que l'homme face à elle était Sirius Black.
Ils avaient été à Poudlard ensemble et, tout ce dont elle pouvait se souvenir, c'était à quel point Sirius était charmant. Il avait toujours été charmeur, drôle, innocent. Sirius avait toujours attiré tout le monde autour de lui. Il avait une sorte de désinvolture, de joie, qui n'appartenait qu'à lui et que personne n'avait jamais pu imiter. Même James Potter n'avait jamais eu le même charisme que Sirius Black. Rosalie, qui n'avait pas été la plus grande admiratrice de Sirius, avait toujours reconnu sa beauté et son intelligence.
Aujourd'hui, pourtant, ce Sirius avait disparu. Elle ne trouvait en lui aucune trace de ce jeune homme innocent et vivant qu'il avait été. Il était marqué, ce qui n'était pas étonnant quand on savait qu'il avait passé plus de douze ans à Azkaban... Mais il y avait une sorte de douleur qui émanait de lui, comme si les deux années passées loin de la prison n'avaient fait que creuser ses traits, ne lui avaient procuré que du malheur.
Rosalie savait, depuis quelques jours, que cela s'expliquait par le traitement que Sirius avait subi au sein de l'Ordre du Phénix. Critiqué, isolé et enfermé, Sirius s'était laissé aller. Rosalie pouvait ressentir d'ici que l'homme avait baissé les bras à un moment.
Allongé comme cela, endormi, il semblait presque mort. Elle savait qu'il était simplement placé dans un coma magique, mais elle avait déjà pris son pouls quatre fois depuis qu'il était arrivé ici. Elle ne pouvait cacher son inquiétude à l'idée qu'il ne se réveille jamais.
– Tu peux faire quelque chose ? demanda une voix derrière Rosalie.
Elle s'efforça de ne pas sursauter. Elle connaissait parfaitement l'habitude de Regulus de surgir littéralement de nulle part, mais elle avait toujours su contrôler ses émotions pour ne pas hurler à chaque fois qu'il faisait une telle chose.
– Je ne sais pas encore, répondit-elle en reprenant la température de Sirius.
Trop haute.
– Comment va-t-il ? Est-ce que tu as pu essayer les potions de soins que Severus a ramené de Poudlard ? Je peux aussi passer chez un potionniste, si tu as besoin de quoi que ce soit. Enfin... Je vais plutôt demander à Caleb d'aller chez un potionniste. Même si je suis capable de me cacher, je ne peux pas faire mes courses comme tout le monde. Mais tu penses pouvoir l'aider ? Je peux peut-être faire quelque chose pour aider... Après tout, je suis son frère. Les liens du sang et tout ça.
Rosalie claqua sa langue contre son palais sans même se retourner vers son meilleur ami. Elle le connaissait assez pour savoir que, lorsqu'il était inquiet, il se mettait à débiter un flot de paroles. Il avait besoin de parler pour extérioriser et était incapable de s'arrêter si on ne lui disait pas d'aller se faire cuire une bouse de dragon.
Elle savait qu'il était anxieux et c'était parfaitement compréhensible ; son frère, en plus d'avoir passé douze ans dans la pire prison du monde sorcier, avait été enfermé par son propre camp et semblait prêt à mourir. Mais ce n'était pas parce qu'elle comprenait Regulus qu'elle n'avait pas envie de lui jeter un sortilège pour le faire taire. La situation était assez complexe pour qu'il ne vienne pas la harceler avec ses questions.
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LE REFUGE [TERMINÉE]
Hayran KurguUA. Début cinquième année. Harry se sent seul et comprend que personne ne tient à lui. Après une retenue douloureuse avec Ombrage, il se transforme en Animagus et trouve refuge dans la Salle Commune des Serpentard. Y trouvera-t-il la famille qu'il c...