Summer 1977

Chapitre 14 POV Remus

J'ai dit ça uniquement pour qu'il n'ait pas le dernier mot mais je suis vraiment terrifié. 

J'ai peur que les gens se retournent sur moi ou même de faire peur aux enfants. Objectivement je sais à quoi je ressemble, je sais à quel point ça peut être perturbant.

J'ai été touché par la confiance de Sirius hier soir. Je me doutais que des choses horribles s'étaient passées au manoir Black pour que du jour au lendemain, il vienne vivre chez les Potter bien que cela dépasse tout ce que j'avais imaginé.   

Ses cicatrices sont différentes des miennes parce qu'elles sont magiques. Elles relèvent de sortilèges puissants peut être même de sortilèges de torture mais... une mère, même aussi insensible que Walburga Black ne peut pas faire ça à son enfant n'est ce pas? 

J'ai eu envie de lui poser des questions, de comprendre mais il a déjà fait un énorme pas. Je suis certain qu'il se confiera à moi lorsqu'il sera prêt.

Je m'assure de rendre la tente invisible aux moldus avant de m'installer au volant du van. Sirius à mes côtés est tout sourire et frétille d'impatience. Il aime réellement beaucoup l'eau. En arrivant sur la plage, je m'aperçois à mon grand désarroi que la mer est plutôt basse. Cela signifie devoir arpenter ces galets malveillants bien plus que la veille.  

Il est trop tard pour renoncer. Sirius attrape ma main et m'entraine avec prudence. Finalement ce n'est pas si compliqué, il suffit de prendre son temps.  

Je sens la main de Sirius s'accrocher à la mienne et avant d'avoir compris ce qu'il se passait, nous voilà tous les deux allongés sur les galets. Sirius éclate de rire et je me retiens d'en faire autant. Je le regarde d'une expression faussement fâchée en m'asseyant. 

_ Sirius Black, si tu ne tiens ma main que pour m'entrainer dans ta chute je te prierai de t'abstenir à l'avenir!   

Il rit tellement que les larmes coulent sur son visage et au moment où je m'apprête à me relever, il saisit le bas de mon pull et tire en arrière de manière à ce que je tombe sur lui. D'une main, je me redresse pour coller mon visage à quelques centimètres du sien. Il ne rit plus et un instant je crains de l'avoir blessé. Il est visiblement troublé. Je me penche et lui chuchote à l'oreille.   

_ Le dernier à l'eau s'occupera des repas pendant 3 jours.

Je me relève à toute vitesse et déguerpis avant même qu'il ne réagisse.

Au bord de l'eau j'ai un bref instant d'hésitation, instant suffisant pour qu'il me rattrape. Il enlève ses chaussures, son pantalon et son T-shirt et se jette à l'eau en prenant même le temps de se retourner pour me faire un clin d'oeil. 

Je n'ai pas bougé comme stupéfixé, complétement hypnotisé par cette vision de Sirius les cheveux trempés, les gouttes d'eau qui ruissellent sur son torse. 

_ Rem! Remus! Et OH MOONY!! 

Il me fait de grands signes et je rougis instantanément de m'être fait prendre à l'observer ainsi. Le sourire aux lèvres il m'invite à le rejoindre en s'approchant du rivage. 

_ Tu peux le faire Moony! C'est quasi désert et personne ne nous regarde. 

J'inspire profondément sans le quitter des yeux. Je n'ai aucun problème avec le regard de Sirius. Si j'ai été gêné quand, pour la première fois mes trois amis m'ont ramassé complètement nu après la pleine lune, ça s'est plutôt vite dissipé et puis, la vie en communauté ne laisse pas grand place à la pudeur.

J'entre enfin dans l'eau qui s'avère être véritablement fraiche malgré la bonne température ambiante. C'est vraiment agréable et rapidement nous chahutons comme les enfants que nous sommes toujours. Plus tard, nous nous allongeons tant bien que mal sur les galets. Quel spectacle devons nous donner? Deux anglais, ça se devine un peu à la pâleur de nos peaux, les corps meurtris qui profitent du soleil. A nous voir comme ça, personne ne penserait que la menace d'une guerre prochaine plane sur nos épaules.

Nous avons alterné longtemps le bronzage et la baignade avant de regagner notre tente, heureux mais épuisés. Bon joueur, j'entre en cuisine sous l'oeil amusé de Sirius. Après le repas, je le rejoins à l'extérieur. Il pose sa tête sur mes genoux et demande. 

_ Raconte moi quelque chose. 

_ Comme quoi?

_ Ce que tu veux, j'aime t'entendre parler.

_ Et bien , figure toi qu'en 1905 un auteur français Maurice Leblanc a créé un personnage qui vivait ici à Etretat. Un gentleman qui était réputé pour être expert dans l'art du déguisement et de la supercherie. C'était un cambrioleur, vraiment très doué et particulièrement raffiné. Il l'a nommé Arsène Lupin.

Sirius écarquille les yeux, quémandant silencieusement d'autres informations.

_ Les rumeurs disent qu'il cachait ses butins dans la falaise. Celle que tu as vu en arrivant s'appelle l'Aiguille creuse et est censée contenir tous les trésors qu'il a volé.  

Sirius se redresse sur un coude. 

_ Il est possible d'y accéder? 

_ C'est une légende Sir'. Lupin n'a jamais existé, il n'y a rien de caché là bas. Je ne suis même pas certain que ce soit vraiment creux, ça m'étonnerait même.

Il se rallonge en affichant un air déçu. Je reprend.   

_ Mais on peut accéder à certaines parties des falaises et même y entrer à certains endroits. Tu veux qu'on essaie demain?  

Il secoue la tête positivement. 

_ Ce serait vraiment cool.

_ Super! Bonne nuit Sirius!

_ Bonne nuit Rem'.  

Bien enfoui sous les chaudes couvertures, je repense à cette journée. Je n'aurai jamais imaginé pouvoir être si à l'aise torse nu. Je me suis vraiment amusé, j'ai même fini par les oublier ces cicatrices qui régissent ma vie depuis des années. Celles qui m'obligent à porter un pull sous 30° et a décliné les invitations de baignade au Lac Noir.

Dans la nuit je me réveille en frissonnant, comme souvent... Je déteste ça. Dans la pénombre je chuchote.  

_ Sirius?   

Un grognement sourd me répond. 

_ J'ai froid...  

Sans rien dire, il soulève la couette dans une invitation silencieuse à le rejoindre. Je n'attends pas une seconde et me love dans ses bras ouverts. Sirius a toujours chaud, comme pour beaucoup de choses il est mon exact opposé. Il cale son menton sur le haut de ma tête et raffermit sa prise m'entrainant avec lui dans le sommeil.