Prologue POV Sirius

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Juillet 1976

De retour au Square Grimmaurd, mes sentiments sont partagés. 

D'un côté, mon dégoût pour ce manoir et tout ce qu'il représente mais surtout pour ses occupants, Walburga et Orion Black mes géniteurs.

Et d'un autre côté, mon rayon de soleil. La seule raison pour laquelle je n'ai pas encore violemment claqué cette fichue porte, Regulus. Mon tout petit frère, mon seul allié dans cette maison lugubre.

Malgré notre écart d'âge finalement peu conséquent, j'ai très vite ressenti l'instinct de grand frère protecteur. Très jeune, j'ai aussi entretenu cet esprit de rébellion contre ma famille de Sang-Pur et ses idéaux.  

Mon entrée à Poudlard et ma répartition à Gryffondor ont été le point de départ de la montée de violence et d'aversion dont mes parents ont fait preuve. Leur fils ainé est devenu la honte de la Noble et Très Ancienne Maison des Black.                       

J'ai été soulagé lorsque l'année suivante, Regulus a été envoyé à Serpentard, mes parents étaient fiers et pour le protéger, j'ai décidé de m'en éloigner. Le sacrifice a été d'une difficulté sans nom cependant, du haut de mes 12 ans, cela me paraissait être la meilleure solution. 

Le tenir à distance des insultes, des sortilèges de douleur dont ma mère n'a jamais été avare. J'ai cru qu'il comprendrait que c'est mon amour pour lui qui m'a poussé à l'ignorer. Il était hors de question qu'il prenne ma défense au risque de laisser penser qu'il puisse être comme moi et en subir les conséquences. 

J'ai développé une certaine résistance à la douleur, cachant soigneusement les nombreuses cicatrices qui labourent mon dos.

Cet été, mon instinct de protestation a été plus fort que celui de survie. La pluie de douleur qui s'est abattue sur moi m'a cloué au sol, ce jour là j'ai cru mourir. Pour la première fois, Regulus m'a ramassé, conduit dans ma chambre et administré les soins qui étaient en sa capacité. 

_ Tu es un idiot Sir', murmure t'il des sanglots dans la voix. Tu sais comment elle est. Elle finira par te tuer. 

Ses paroles font sens dans mon esprit. Elle aura ma peau c'est sûr! Je me redresse sur les coudes.

_  Je dois partir! 

Reg m'observe stupéfait et légèrement anxieux. Rassemblant mes dernières forces, je me lève pour jeter à la hâte quelques vêtements et les objets auxquels je tiens dans un sac.   

Mes yeux croisent ceux, désormais terrifiés de mon frère 

_ Je suis désolé Reggie, je ne peux pas rester ici.... Je ne suis pas comme toi, pas comme eux... Elle ne s'arrêtera jamais ... Tu pourrais venir avec moi...     

Il étouffe un rire nerveux et pince les lèvres.

_ Arrête Sirius! Tu ne peux pas partir! Pour aller où? Je t'en supplie Sir', ne me laisse pas...

Ses yeux débordent de larmes à présent. Je savais qu'il ne quitterait jamais ce manoir mais malgré ça, il en va de ma vie et de ma santé mentale, notion relativement fragile chez les Black. J'enfile ma veste en cuir, passe mon sac sur mon épaule et une main sur sa joue.

_ Je suis désolé. Il faut que je parte. Fais attention à toi. 

Sans me retourner par peur de changer d'avis devant ses yeux larmoyants, je dévale les escaliers quatre à quatre et claque la porte du lugubre Manoir Black.

Dans la douce nuit de juillet je prend une profonde inspiration. Je ne pense qu'à une seule personne : James!

James Potter est mon meilleur ami, mon refuge depuis 5 ans. Depuis l'instant où il m'a percuté sur le quai devant le Poudlard Express le jour de notre première rentrée.   

Il est le seul qui a toujours su pour la maltraitance de ma mère et qui m'a souvent accueilli lorsqu'elle dépassait les bornes. J'aime Remus et Peter de toutes mes forces mais James est réellement comme mon frère. 

Au milieu de la nuit et du haut de mes 16 ans, malgré la douleur et la fatigue, j'ai arpenté les rues de Londres pour toquer au Manoir Potter.  

Euphémia Potter ouvre la porte les yeux brumeux de sommeil. 

_ Sirius? Oh par Merlin ... Que s'est il passé?

_ Je suis désolé Euphémia, je ne savais pas où aller.

_ Non, non! Entre mon chéri. JAMES! cria t'elle du bas de l'escalier.  

Elle caresse ma joue tandis que mon meilleur ami déboule et me serre dans ses bras sans poser la moindre question.

En dépit de tous mes efforts pour garder contenance, la douleur s'insinue. Je grimace et menace de perdre l'équilibre. James passe un bras autour de ma taille et me guide jusqu'à un fauteuil.

_ Tu es blessé? me demande Euphémia. Qui t'a fait ça?

Je reste silencieux. Elle connait bien mes parents et ne les apprécie guère. 

_ C'est ta folle de mère, chuchote t'elle horrifiée. James! Va chercher des vêtements secs et prépare la chambre d'ami s'il te plait.

Une fois qu'il a quitté la pièce, elle sort sa baguette. Ce n'est pas la première fois qu'elle me rafistole pourtant, elle n'a pas su retenir un mouvement de surprise quand j'ai soulevé mon T-shirt. Après avoir refermé certaines des plaies encore sanguinolentes, elle a sorti un baume qu'elle utilise régulièrement pour atténuer mes cicatrices.  

Sous sa main réparatrice mes larmes coulent et je la laisse me serrer contre elle.  

_ C'est fini chéri. Je ferais le nécessaire, tu n'y remettras plus jamais les pieds. Tu vas rester avec nous, tu es chez toi ici. Monte retrouver James maintenant!

D'un pas lent je monte les escaliers jusqu'à sa chambre. Toujours sans parler, il m'attrape par le bras, m'enlève mon T-shirt pour m'en enfiler un propre puis me couche dans son propre lit avant de s'allonger contre moi. Ce n'est pas la première fois. Mes cauchemars reviennent très régulièrement à l'école et il m'arrive souvent de me glisser près de lui la nuit. Sa présence me réconforte. Ce soir, le battement régulier de son coeur n'arrive pas à calmer mes angoisses.

_ Parle moi Pads, murmure t'il en collant son front au mien. 

Je déglutis difficilement. 

_ Elle a failli me tuer cette fois. Je sais qu'elle n'a aucune considération pour moi mais... je suis toujours son fils. Et ...    

_ Et ton frère? devine James.

Je lève un sourcil interrogateur. 

_ Oh s'il te plait Sirius... Je viens aussi d'une famille de Sang-Pur, j'ai entendu parler des Black. Leur ainé rebelle et leur cadet bon petit Serpentard. Je l'ai repéré dès son arrivée à l'école, il te ressemble beaucoup trop pour t'être étranger. Tu n'en as jamais parlé, j'en ai conclu que tu avais tes raisons et ça m'a suffit.

Il est comme ça James, à me faire confiance quoi qu'il arrive. Je soupire.  

_ Je l'ai laissé... J'ai toujours pensé que c'était préférable pour lui de ne pas être associé à moi, qu'il ne s'en porterait que mieux. Il m'a supplié de rester mais je pouvais pas... Je pouvais pas...  

J'éclate en sanglots et laisse mon ami passer ses bras autour de moi, trop occupé à inonder son T-shirt de mes larmes.  

_ ça ira Pads, ça ira. Tu as bien agi. Tu es en sécurité à présent.

Summer 1977Où les histoires vivent. Découvrez maintenant