Chapitre 18 POV Remus

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Je n'ai jamais éprouver une telle sensation de liberté, cette impression de respirer enfin à pleines poumons. Je crois que Sirius ressent la même chose et nous n'avons pas eu besoin de parler pendant de longues minutes.

Mon père m'a confié son vieil appareil photo et plusieurs pellicules. Il a adoré mon idée d'explorer le Paris des moldus et m'a encouragé à initier Sirius. Nous immortalisons ce moment au sommet de la Tour Eiffel.  

_ Est ce que tu es fatigué? demande Sirius lorsque l'ascenseur de verre touche de nouveau le sol.   

Etonnamment malgré les kilomètres parcourus dans cette journée, je me sens en pleine forme. Je sais que ça ne durera pas mais je suppose que l'air vivifiant y est pour quelque chose. 

_ Je me sens bien. Vraiment Sirius!   

_ Est ce qu'on oublie le métro pour rentrer? J'ai envie de flâner.     

Ces cheveux sont toujours attachés en un chignon brouillon, cela lui donne un air différent.

Au détour d'une rue, je lui demande de m'attendre et m'engouffre dans une boutique. C'est l'occasion de tester mon français seul pour la première fois. Je ressors sous son regard interrogateur avec un petit sac.      

_ Surprise! Tu verras en rentrant.

Sirius a perpétuellement des expressions enfantines. Tantôt boudeur, tantôt exalté.  

J'aime son impatience... la plupart du temps. Il devra attendre après le diner pour découvrir le contenu de ce sachet.    

Les employés de l'hôtel sont aux petits soins pour nous. Manifestement, ils refusent de faire mauvaise impression à un membre de la famille Black.    

Je sais qu'en Angleterre, la Noble et Très Ancienne Maison des Black est connue de tous mais jamais je n'aurais imaginé que ce soit également le cas dans d'autres pays. Sirius est charmant et charmeur, il sait parfaitement jouer de son statut malgré son dégoût pour son nom.

Il frétille d'impatience et je prend un malin plaisir à faire durer le repas. Il lève les yeux au ciel et se penche vers moi.

_ Tu en fais exprès n'est ce pas?     

_ Possible.          

_ Ne joue pas à ce jeu Lupin, murmure t'il d'une voix rauque, presque dangereuse. 

A mon tour, je m'approche et souffle.          

_ Et sinon quoi Black?!

Je me recule doucement sans le lâcher du regard. Ses yeux gris s'animent d'une flamme ardente tandis qu'il me scrute attentivement. Je reprend en souriant.  

_ J'ai dit que c'était une surprise. Je n'ai pas précisé si elle serait agréable pour toi.

Je détourne enfin le regard et croise celui du serveur. Notre petit manège n'est pas passé inaperçu aux yeux du personnel et je sens le rouge me monter aux joues.

A Poudlard, plus personne ne s'étonne de la proximité des Maraudeurs. C'est James qui a initié ces moments d'intimité et la première fois, cela ne paraissait absolument pas naturel. Cependant au fil des mois, c'était devenu un automatisme.                 

James est affreusement tactile. Il attrape par les épaules, sert dans ses bras et embrasse le front à la moindre occasion. Il est particulièrement friand des calins de groupe. 

Peter, Sirius et moi avons pris goût à cette douceur et cela s'est rapidement changé en habitude. Nous avons besoin de nous toucher, d'avoir ce contact physique les uns avec les autres. Et si à l'école cela ne choque plus personne, ce n'est pas le cas dans le monde des sorciers. D'autant plus lorsque l'on fait partie d'une famille pronant la pureté du Sang. 

Abrégeant le repas, j'entraine Sirius à l'extérieur de cette salle.

Assis en tailleur sur le lit, il attrape avec impatience le sachet que je lui tend et en sort tout un matériel de dessin. Devant son air méfiant, je souris et lui explique.   

_ Je n'ai absolument rien à te raconter ce soir alors à ton tour de me montrer tes talents. 

Il pince les lèvres comme s'il hésitait. 

_ Qu'est ce que je dessine? demande t'il.  

_ Qu'est ce que tu fais d'habitude?  

Il retient un léger sourire puis me répond sur le ton de la confidence et dans un clin d'oeil. 

_ Je ne suis pas sûr que tu veuilles le savoir.      

_ Oh par Merlin, Padfoot! Ne me dis pas que c'est de cette façon que tu gardes un souvenir de tes conquêtes.  

Il éclate de rire et sans rien ajouter commence à griffonner. Jamais je ne l'avais vu si concentré en cours. Les lèvres serrées et repoussant régulièrement une mèche de cheveux gênante derrière son oreille, il est fascinant à observer. 

Pas une seule fois il ne relève la tête. Son crayon glisse sur la feuille à toute vitesse. Comment ai je pu ignorer ce talent? Qu'est ce que j'ai loupé d'autre en ayant sans cesse la tête plongée dans mes bouquins?

L'hésitation se lit sur son visage au moment où il pose son crayon puis il se décide à faire glisser la feuille de papier vers moi. Je reste bouche bée. Il est impossible de seulement dire qu'il sait dessiner c'est tout simplement magnifique.   

Devant mes yeux figure un portrait nous représentant au sommet de la Tour Eiffel il y a quelques heures. Mon bras sur son épaule, joue contre joue et tout sourire.  

_ Tu le compareras avec la photo qu'on a faite mais... ça devrait ressembler à ça.   

Il a les joues légèrement roses et attend manifestement mon avis.  

_ Sirius... Pourquoi est ce que j'apprend seulement maintenant que tu es un véritable artiste? C'est extraordinaire, tu es vraiment doué.

J'examine avec attention tous les détails dont il a fait preuve. Ses quelques boucles échappées au vent, les bagues qui ornent ses doigts et mes cicatrices, fidèlement représentées alors qu'il n'a pas levé une seule fois les yeux dans ma direction.

_ Je suis impressionné. Vraiment!     

Il sourit, mal à l'aise avant de répliquer.          

_ Je vais tenter de ne pas être offensé par ton étonnement à chaque fois que je me révèle doué dans un domaine.         

Je lui tire la langue en levant les yeux au ciel et me couche en pensant à ces quelques traits crayonnés figeant cette journée.

Summer 1977Où les histoires vivent. Découvrez maintenant