Summer 1977

Chapitre 20 POV Remus

Il a raison. Sirius a un charme naturel et une prestance impressionnante. Il a enfilé un simple jean noir, un T-shirt blanc et sa veste en cuir fétiche et bon sang, il en impose!

Je suis planté devant ma propre valise depuis vingt minutes et c'est bien la première fois que je suis plus long que lui à me préparer. J'adore mes pulls et je me sens à l'aise dedans mais j'ai souvent l'impression de faire tâche à me balader comme ça à ses côtés. Il s'approche de moi après un énième soupir.

_ Je peux donner mon avis? demande t'il.

D'un geste de la main, je l'invite à regarder.

_ Si tu arrives à faire des miracles.

Il fouille quelques minutes, sort un jean bleu clair et une chemise à carreaux que j'aime beaucoup. Enfin, il sort de sa propre valise une veste en jean et me fait un clin d'oeil.

Le résultat est vraiment pas mal, Sirius a toujours eu bon goût en matière de mode.

Il y a bien longtemps que je ne me suis pas senti aussi bien. L'entrainant par le bras, nous sommes de retour dans le monde moldu.

Lors de notre dernière visite, j'ai repéré un bar qui ressemble à celui dans lequel nous avons l'habitude d'aller en Angleterre. L'endroit est bondé et la chance n'est visiblement pas avec moi ce soir : c'est un spécial karaoké. Les prunelles de Sirius s'illuminent.

Installés dans un coin de la salle sombre, je commande un soda et il choisit une bière.

_ Sirius, tu sais que les bières moldues sont vraiment très différentes de la Bièraubeurre? C'est beaucoup plus alcoolisé.

_ Alors c'est ce que tu devrais prendre parce que tu vas venir chanter avec moi!

_ Aucune chance Black!

_ Oh s'il te plait, Moony de mon coeur! Pour me faire plaisir...

Il place son visage devant le mien et fait ses yeux de chiot.

_ Pas cette fois Pads!

Il recule, boudeur. L'ambiance est vraiment sympa même si mon français n'est pas assez bon pour comprendre toutes les chansons.

Enhardi par une deuxième bière qui effectivement, est nettement plus forte que ce dont il a l'habitude, Sirius s'approche de l'organisateur de soirée pour regarder la liste des chansons. Il semble enfin trouver son bonheur et m'adresse un clin d'oeil. Je lui envoie un petit signe d'encouragement.

_ La prochaine chanson est choisie par Sirius qui vient tout droit d'Angleterre. Je vous demande une ovation sur "Bohemian Rhapsody de Queen" reprise par Sirius et Remus!

Il n'a pas osé faire ça? Nous adorons cette chanson et l'avons écouté en boucle dans le dortoir toute l'année. Quel fourbe! J'aurai dû m'en douter.

Tous les regards sont tournés vers moi, aucun moyen de me défiler. Je me lève la mort dans l'âme et monte sur la scène. En attrapant le micro que me tend mon ami, je lui glisse à l'oreille.

_ Tu me le paieras. Je te déteste Black.

_ Je n'en crois pas un mot, réplique t'il avec un sourire innocent.

La musique débute et je me force à ignorer la foule face à moi.

Je me concentre sur Sirius, exactement comme lorsque nous chantons à rendre fous James et Peter et fais abstraction de tout ce qui nous entoure. Je dois avouer que j'y ai pris plus de plaisir que je ne l'avais imaginé mais il ne perd rien pour attendre.

Aux alentours de minuit, Sirius se lance dans une dernière chanson. Seul cette fois. La chanson "Si tu savais combien je t'aime de Christian Adam" est annoncée. La mélodie est douce. Les paroles sont compliquées à traduire pour moi surtout à cette heure tardive cependant j'imagine aisément qu'il s'agit d'une chanson d'amour. Les yeux dans le vague, Sirius a sorti sa plus belle voix pour réciter.

Si tu savais ce qu'est ma peine

Lorsque tu es loin de moi

Et l'amour qui se déchaine

Rien que d'entendre ta voix

Si tu savais combien je t'aime.

Il a les joues légèrement roses au moment où il me rejoint.

_ Je suis passablement ivre Moony, je crois qu'on devrait rentrer.

Bras dessus, bras dessous le trajet du retour a duré nettement plus longtemps que l'aller. Enfoui bien au chaud sous les couvertures, je souffle.

_ Merci Sirius, je pense que je n'aurais jamais osé de moi même mais j'ai passé une super soirée avec toi.

Un ronflement ponctue ma phrase, Sirius est tombé comme une masse.

14 juillet 1977

C'est notre dernière journée à Paris. Nous profitons d'être dans le Faubourg Mystique pour passer à l'agence postale. Nous avons quitté l'Angleterre il y a 9 jours déjà.

J'envoie un hibou à mes parents afin de les rassurer, leur expliquant que la Pleine Lune s'est bien passée. C'était la principale peur de ma mère.

Mon deuxième courrier est pour Lily et Sirius a tenu à lui ajouter quelques lignes lui rappelant de prendre soin de James ou elle aurait affaire à lui. Un hibou spécial long courrier est envoyé à Peter aux Etats Unis.

Quant à Sirius, il adresse une longue lettre à Euphémia et Fleamont puis se décide d'envoyer une Beuglante à James. Ces courriers sont horribles, il en arrive régulièrement à Poudlard et ce n'est jamais une bonne nouvelle.

Je me souviens que Sirius en a reçu une de Walburga lorsqu'il a été renié. La voix glaçante de la matriarche des Black a hurlé dans une froideur extrême qui a littéralement gelé l'ambiance dans la Grande Salle. James en a également fait les frais lorsqu'Euphémia a été informée par le professeur McGonagall de la tentative de celui ci de faire ami ami avec le calmar géant qui réside dans le lac Noir. Sombre souvenir.

Cette fois Sirius récite toute une ribambelle de mots d'amour pour rappeler à son "frère" combien il l'aime. Je n'ose imaginer la Beuglante récitant de jolies choses sur un ton furieux. James sera fou.

L'après midi sera consacrée aux emplettes. Nous avons décidé de quitter Paris demain très tôt. Nous remettons le van en état et procédons au ravitaillement. C'est Sirius qui a choisi la gourmandise à ramener à Peter.

_ Wormtail doit absolument goûter ces croissants. Et James aussi. Ils vont adorer ça.

C'est donc à une dizaine de ces viennoiseries qu'il a jeté un sort de conservation et placé dans le van.

Sirius m'informe qu'aujourd'hui c'est la fête nationale, célébrée côté moldu principalement. Je l'interroge.

_ Quelles genres de célébrations ont ils?

Abandonnant la valise qu'il était occupé à remplir, il m'attrape par la main.

_ Il faut que tu vois ça!

C'est à mon tour d'être étonné de l'habilité des non mages, de la façon dont ils font des choses extraordinaires sans magie. Les milliers de fusées colorées qui éclatent au dessus de la Tour Eiffel semblent être une montagne d'ingénierie alors qu'un sorcier de 3ème année fait la même chose d'un coup de baguette. C'est une merveilleuse façon de clôturer notre périple dans "la ville lumière".