Evidemment, je savais qu'en venant en France je prenais le risque que les gens puissent me reconnaitre. Puisque j'ai passé nombres de mes étés à arpenter Bordeaux de long en large avec Reggie et plusieurs fois nous sommes montés à la capitale.
Pourquoi est ce que je ne l'ai pas dit à Remus? Qu'est ce qui m'empêche de lui apprendre l'existence de mon petit frère?
Je suppose qu'il voudra comprendre la raison pour laquelle je ne l'ai jamais mentionné alors que nous le croisons dans les couloirs de Poudlard depuis 5 ans. Et comment je pourrais lui dire que j'ai délibérément rayé mon unique petit frère de ma vie? C'était certes pour le protéger mais je me sens si coupable, si honteux. J'ai peur de l'opinion que Moony pourrait se faire de moi. Je dois changer de sujet. Mes yeux vagabondent et inspectent la chambre.
_ C'est vraiment bien moins miteux que le Chaudron Baveur. J'avais oublié comme les français sont classes!
Je me dirige vers la fenêtre.
_ Et regarde cette clarté! Je n'ai jamais compris pourquoi le Chemin de Traverse est si sombre et ceci à n'importe quelle période de l'année.
Je l'attrape par le bras et l'entraine dans le couloir.
_ Allons visiter!
La grande bibliothèque a aspiré Remus dans ces rayonnages pendant ce qui m'a semblé durer des heures en dépit de mes soupirs ennuyés.
Ce n'est que la promesse d'un chocolat chaud qui l'a fait capituler et sortir de son paradis. Remus boit des litres et des litres de thé mais je sais qu'aux abords de la pleine lune, le chocolat chaud a un effet plus réconfortant pour lui.
Il fait bonne figure et n'importe qui le croisant dans la rue ne relèverait pas son mal être. Et pourtant il est pâle à faire peur, des cernes violacées ornent son visage et il dissimule difficilement cet état permanent de fatigue. Cela fait des heures que nous arpentons les rues pavées du Faubourg Mystique et il ralentit de plus en plus la cadence.
_ Allez Rem, ça suffit pour aujourd'hui. On rentre et on se repose.
Il m'adresse un sourire plein de reconnaissance et m'entraine en direction de l'hôtel.
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Allongés côte à côte sur le grand lit double, il me demande.
_ Est ce que tu voudrais aller du côté moldu demain? Ils ont vraiment de jolies choses à voir.
_ J'ai très envie de voir la Tour Eiffel!
_ Et moi le Louvre! Alors demain, on oublie la magie et on s'intègre dans le monde moldu.
_ Seulement si tu te sens bien...
_ Je ne suis pas en sucre Sirius. ça ira!
Je n'insiste pas. Remus déteste paraître plus faible que les autres. Il tient à ne pas être traité différemment.
Le petit rituel instauré de s'installer au clair de lune pour discuter me manque. J'ai très envie d'une cigarette mais aucune volonté de quitter ce cocon et je refuse d'enfumer Remus.
_ Moony? Tu me racontes ce que tu sais sur les monuments qu'on visitera demain?
Il s'installe confortablement et commence à me parler des merveilles contenues dans le musée du Louvre et des 324 mètres de hauteur de la superbe tour construite pour l'Exposition Universelle de 1889.
J'aime tellement le son de sa voix. Celle ci finit par faiblir et s'éteindre. Je remonte la couverture sur lui, embrasse son front et plonge dans le sommeil.
11 juillet 1977
Les petits déjeuner de l'hôtel sont fabuleux. Moins copieux et gourmand que ceux de chez nous mais par Merlin, j'avais oublié comme j'aimais leur croissant et cette baguette de pain. C'est le ventre plein que nous nous dirigeons vers le Paris moldu.
Remus m'entraine vers... comment a t'il dit déjà? Le métro? Ce moyen de transport est épatant, nous filons à toute vitesse sous la terre, sous Paris!
Aucune idée de comment il se repère dans ses dédales souterrains, je m'agrippe à la manche de son pull pour ne pas le perdre.
Je m'imaginais que le musée du Louvre serait l'un de ces endroits ennuyeux où Remus aime passer des heures. Contre toute attente, j'ai été subjugué par la beauté des trésors qu'il renferme. J'aime dessiner, je suis même plutôt doué. J'ai malencontreusement laissé échapper cette information, Remus a tout de suite insisté pour que je lui montre l'étendue de mes talents dès que cela sera possible. S'il savait que souvent, c'est lui que je dessine...
Quelques heures plus tard, nous voilà de retour dans le métro direction la Tour Eiffel.
Plus jeune, Reggie était fasciné par cette construction qu'il avait vu dans les brochures au Faubourg Mystique. Il rêvait de monter au sommet cependant Mère n'a jamais accepté que nous puissions nous mêler aux Moldus. Je sens Remus m'observer sans rien dire.
Il est évident que tôt ou tard, je devrais lui apprendre l'existence de Regulus et affronter son jugement. Mais pas aujourd'hui.
Au pied de cette tour, nous échangeons un regard et pas besoin de parler pour savoir que notre ressenti est le même. Je me sens ridiculement petit et inutile face à cette énormité de métal.
_ Escalier ou ascenseur? me demande Remus.
_ Ascenseur bien sûr! Me connais tu donc si mal Moony pour penser que je prendrais la solution la moins agréable?
Il éclate de rire et attrape ma main pour me guider jusqu'à l'ascenseur vitré.
_ Comment les moldus ont ils construit ça? Je suis sans cesse impressionné de voir à quel point ils font de jolies choses sans magie.
_ La magie ne leur manque pas puisqu'ils ne connaissent pas son existence. Ils ont développé d'autres formes de technologies.
La sensation à 276 mètres de hauteur est époustouflante. Le vent s'engouffre dans mes cheveux. Remus retire un élastique de son poignet et me le tend machinalement. Nous nous approchons des balustrades et mon coeur s'emballe. Le bruit perpétuel de Paris et de sa circulation a disparu laissant place à un silence reposant. Toute la ville s'étale devant nos yeux. Remus passe un bras autour de mes épaules et colle sa joue à la mienne.
_ Bienvenue dans le Paris moldu Padfoot.
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Summer 1977
FanfictionUn Wolfstar retraçant l'été après leur 6ème année. On change de style pour celui là. Bienvenue dans la vie de deux jeunes garçons de 17 ans à la découverte de ce qu'ils ressentent. J'aime passionnément ces deux là 🤍 Les personnages et l'univers ap...