Chapitre 24 POV Remus

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20 juillet 1977

Nous avons discuté jusque tard dans la nuit et à chaque réveil, nous sommes de plus en plus près l'un de l'autre. J'ai été gêné la première fois que je me suis rendu compte que dans mon sommeil, mes mains avaient pris possession des cheveux de Sirius. Cependant, ça n'a jamais eu l'air de le déranger alors pourquoi se priver?

La légère crise de jalousie face à Marie n'est évidemment pas passée inaperçue.                                      

Un bref instant, j'ai imaginé que peut être Sirius était jaloux d'elle et puis je me suis rendu compte qu'il n'a jamais eu de concurrence à proprement parlé à Poudlard surtout pas de moi.

L'heure du petit déjeuner est passée depuis longtemps lorsque Sirius émerge enfin.                     

Pour se faire pardonner, il m'invite à déjeuner en terrasse d'un petit restaurant dans une rue peu fréquentée. Pas de doute, il connait la ville comme sa poche et malgré tout ce que je sais de ses parents, il a l'air d'y avoir de bons souvenirs.                                                                                            

Il est si à l'aise en monde moldu, si je ne le connaissais pas si bien je ne pourrais imaginer qu'il a été élevé dans la plus pure tradition des sorciers. Il parle à toute vitesse et la bouche pleine et je ne peux détacher mon regard de lui.

Affalé sur sa chaise il finit son deuxième dessert, puis de nouveau m'entraine dans un dédale de rues désertes. Il jacasse et rit comme à son habitude, me laissant à peine le temps d'en placer une. Tout à coup, son rire se brise et tout son corps se fige comme s'il avait vu un détraqueur.

Je me retourne surpris. Ses prunelles bleues sont remplies d'appréhension.                                             Mon regard se tourne vers l'endroit qu'il fixe désespérément. A vrai dire, l'imposante femme qui arrive face à nous, entièrement vêtue de noir me ferait presque peur aussi.

Comme pétrifié, Sirius cherche une échappatoire du regard mais la rue est étroite. Je  m'approche de lui et attrape sa main. 

_ Sirius?

Son regard se tourne vers moi brièvement mais n'arrive pas à se fixer. D'un geste sec, je l'attire à moi et appuie son dos contre le mur.

Au moment où la femme passe devant nous, ses yeux noirs regardent brièvement nos deux mains l'une dans l'autre et cela me glace le sang.                     
Pas besoin de présentation, Walburga Black détourne rapidement le regard et poursuit son chemin suivie de près par un jeune garçon. Il ressemble à s'y méprendre à Sirius. Même yeux bleus, même boucles noires quoi qu'un peu plus courtes.

Sirius est prostré et s'il avait pu fusionner avec le mur, il l'aurait sans doute fait. La tête baissée en position de soumission, il est livide. Je ne l'ai jamais vu ainsi.

Ma main toujours dans la sienne, je pose l'autre sur son épaule et chuchote.

_ Pads... Tout va bien. Elle est partie. Tout va bien.

Son corps glisse lentement le long du mur. A terre, il enfouit son visage dans ses bras et est pris de violents tremblements. Son souffle est erratique.

Je m'assoie face à lui dans la même position qu'il avait prise pour m'apaiser dans le ferry.

Mes deux mains de chaque côté de son visage, je l'oblige à redresser la tête. Les larmes dévalent sur ses joues tandis que je pose mon front contre le sien sans cesser de chuchoter. 

_ Tout va bien Sirius. Je suis avec toi. Tu es en sécurité. Plus jamais elle ne te fera de mal. Je ne la laisserai pas faire. Je te le promet.

Peu à peu, la panique semble s'apaiser. Son souffle et les battements de son coeur reviennent à la normale. Mon pouce caresse machinalement sa joue essuyant les dernières larmes.

Il parait épuisé. Sans un mot, je l'aide à se relever et en reprenant sa main, le guide jusqu'à l'hôtel. Il s'allonge sur le lit et je viens me coller à lui. Sans attendre, il fourre son visage dans mon cou et mes bras l'enserrent comme si sa vie en dépendait.

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Je n'ai aucune idée du temps pendant lequel nous sommes restés ainsi. Lorsque son souffle se fait moins régulier, je chuchote.

_ Est ce que ça va?

_ Je suis désolé, soupire t'il. Il y a des années que je n'avais plus fait de crises de panique.

_ Ne t'avise pas de t'excuser. Ta mère est simplement effrayante, je l'ai aperçu trente secondes et j'ai eu l'impression qu'elle pourrait me briser rien qu'en me regardant.  

Je le sens sourire et se détendre dans mon cou alors je l'interroge.

_ Est ce que tu veux m'en parler?

Il se détache de moi, attrape son paquet de cigarettes et s'assoit sur le rebord de la fenêtre.

Je le rejoins et vole de ses lèvres celle qu'il vient d'allumer. Il me regarde avec surprise.

_ J'en ai besoin aussi. Je ne plaisantais pas, elle m'a vraiment retourné l'estomac.

_ Elle fait cet effet à beaucoup de monde.

J'inspire une bouffée qui me brûle les poumons. Je tousse sans pouvoir m'arrêter et cela déclenche instantanément son rire. Il reprend l'objet coupable.

_ Evite ça tu veux Moony?

_ Très bien. Alors comment s'appelle ton frère?

Il tressaille.

_ Je ne suis pas idiot Pads. La ressemblance est frappante.

Il ne lève pas les yeux vers moi.

_ C'est Regulus.

_ Bien sûr une étoile. Ecoute, je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous mais je vois que ça te fait souffrir alors ne garde pas ça pour toi.

_ Regulus est l'enfant prodige des Black. Il est l'héritier maintenant. Quand j'ai quitté le manoir, je n'ai pas envisagé d'autres solutions pour le protéger que l'éloigner. Tout ira bien pour lui tant qu'il n'est pas associé à moi. Alors je l'ai laissé... Je l'ai abandonné avec ces monstres et je l'ai rayé de ma vie. Niant jusqu'à son existence.

_ Pourquoi tu n'en a jamais parlé à personne?

_ James est au courant.

Je reste sans voix et pince légèrement les lèvres. Bien sûr, James est au courant.

James sait absolument tout de Sirius puisqu'il est son meilleur ami.

Je me sens véritablement blessé par cette révélation.

N'a t'il donc pas assez confiance en moi pour me confier ses secrets alors qu'il connait tous les miens?

Summer 1977Où les histoires vivent. Découvrez maintenant