CHAPITRE IX*

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C'est bien sa voix que j'entends, je la reconnais grâce à sa messagerie vocale. Je lui ai laissé tant de messages pour savoir ne serait-ce que s'il allait bien et qu'il était toujours en vie. Je ne sais pas s'il y en a un qu'il a écouté en 10 ans mais j'avais besoin de lui parler. J'avais besoin de mon grand frère.

-Ethan : Oui, Allo ?

-Moi : Je, Ethan ?

-Ethan : Oui ? Qui est-ce ?

-Moi : Anna... ta sœur

-Ethan : Anna ?

-Moi : Je voulais te souhaiter un joyeux anniversaire... et puis je voulais savoir comment tu allais...

-Ethan : Merci et je vais très bien. C'est bon ? Ou tu as encore un truc à me dire ?

-Moi : Quoi ? Tu es sérieux ? C'est tout ce que tu as à me dire ?

-Ethan : Anna, ne le prend pas comme ça

-Moi : Je devrais le prendre comment ? Ça fait 11 ans que tu es parti ! 11 années ! Je ne t'ai jamais eu au téléphone ! J'avais besoin de mon grand frère mais il m'a abandonné ! Et quand par miracle tu décroches je devrais te laisser tranquille ? J'espérais que tu m'estimais plus qu'une simple inconnue.

-Ethan : Je, effectivement je suis parti. Je voulais faire un trait sur toute cette partie de ma vie. Tu n'es qu'un dommage collatéral

-Moi : Un dommage collatéral ? C'est tout ce que je suis à tes yeux ? Tu sais, j'ai longtemps rêvé que tu reviennes à la maison, je voulais que tu passes le pas de la porte. Tu n'avais pas le droit de me laisser sur le bord de ta route. Tous les soirs, je priais pour qu'il ne t'arrive rien. Tu étais mon héros, je t'idolâtrais. Mais je me suis plantée sur toute la ligne. T'es qu'un connard.

-Ethan : Je suis désolé Anna mais il valait mieux que je parte, pour tout le monde.

-Moi : Pour toi. Tu n'es qu'un sale égoïste Ethan !

-Ethan : J'ai fait ce que je devais faire ! Et si c'était à refaire, je ne changerai rien !

-Anna : C'est sûr que je n'en vaux pas la peine... Je ne sais même pas comment j'ai

Je n'ai pas le temps de finir ce que je voulais lui dire qu'il me raccroche au nez. Je voulais simplement qu'il comprenne le mal qu'il m'a fait durant toute ces années. Pour finir, il ne s'est jamais préoccupé de savoir comment j'allais. Les larmes coulent abondamment sur mes joues, j'ai juste envie de le gifler et revenir en arrière pour ne jamais pleurer son absence. J'ai tant souffert alors que lui m'avait oublié.

Je me dirige vers une pharmacie qui semble toujours ouverte à cette heure-ci. Je retourne chez Lewis avec mon petit achat. Je sais très bien que c'est une connerie, mais là, rien ne peut m'en empêcher. Mon cœur à beaucoup trop mal.

Une fois chez le pilote britannique, je me précipite vers la salle de bain que j'occupe, j'entrevois Lewis endormi sur le canapé. Je ne le réveille pas puisqu'il verrait que je pleure et je ne le veux pas, je ne veux pas qu'il s'oppose à moi, à ma bêtise. Assise sur le sol de la salle d'eau, le carrelage froid contraste avec les lames qui brûlent mes poignets. J'avais promis mais ce soir je suis incapable de m'en empêcher. Mon sang coule au sol, cette sensation de délivrance qui m'entoure et me réchauffe.

L'amertume que je ressens envers mon frère se dissipe peu à peu au fil des traits qui s'ajoutent à mes avant-bras. Il y en 11 sur chaque bras, 11 pour les 11 ans d'espoir et de souffrance qu'il vient d'achever en une seule phrase sur laquelle il n'a pas hésité une seule seconde, comme s'il savait déjà ce qui allait se passer, que tout était prévu. Pas une once de regrets dans sa voix, tout ceci me brise. Il a ruiné 11 ans de ma vie, il n'en valait pas la peine mais je me suis battue pour qu'un jour je puisse le revoir. Cette guerre je l'ai menée dans le vide et je ne la gagnerai jamais. J'ai perdue.

Fuck, SirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant