Un duo extra-os-dinaire

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La route est pleine de surprises, le saviez-vous ? Pour sûr, non. Vous ne seriez pas si ignares si vous sortiez un minimum de votre cloaque. Me voilà donc, une nouvelle fois, prêt à voler au secours de vos méninges. Et dire que je ne serai même pas payé pour ça. Quelle infâmie...

Après une soirée tourmentée, comme vous devez assurément vous en rappeler, notre petit trio a donc rechaussé ses souliers et vagabondé vers le nord-est. Pour ceux qui n'auraient pas suivi, ça s'appelle rebrousser chemin. L'elfe en arrière garde, cette escapade m'est apparue plus bucolique et festive. Notre objectif ? La montagne où résident les fiers nains. Il y aurait beaucoup à dire sur eux. Ils sont - je désespère que ça vous ait échappé - petits, trappus, ventrus, barbus. Mais cela est très réducteur, sans mauvais jeu de mots. Ce sont d'incroyables artisans, ainsi que d'arrogants ivrognes. Étrangement, les deux vont de paires et leur talent se mesure au nombre de chopes qu'ils vident.

Voilà ce que sont ces mineurs d'exception, quoiqu'ils ne soient pas notre sujet aujourd'hui. Alors, pourquoi les évoquer ? De quoi vais-je encore bavasser ? Eh bien, s'ils n'avaient été deux mystérieuses créatures pour nous enquiquiner, les rocailleux auraient fait un merveilleux récit. Dommage, gageons toutefois que ce n'est que partie remise. Malgré tout, j'ai bon espoir de vous aguicher, car nos deux uluberlus ne sont pas de ces spécimens ordinaires. Laissez-moi planter le décor de notre rencontre, avant de vous les introduire. En vous espérant pas trop froussards...

Prenez place dans un crépuscule d'automne. Des feuilles parsèment le sol, le vent les balaie avec force. La route est sinistre, peu éclairée et le danger guette derrière chaque arbre. Elle zigzague à la lisière de la forêt, laissant entendre de lugubres cris et hululements aux confins des bois. Pourtant, vos héros continuent d'errer à travers cette brume, à la recherche d'un endroit plus accueillant où se reposer. Voilà le Bosquet des Damnés, un cimetière de troncs et de toiles d'araignées, de ruines et d'os brisés. Malgré mes réclamations pour éviter ce lieu maudit, mes compères n'en ont fait qu'à leur tête. Voyez où nous mène la candeur de nos chefs...

Je vous sens transi de peur rien qu'à imaginer cet endroit. Que devrais-je dire, alors, moi qui y suis traîné de force ? Je suis paniqué et ne m'en cache pas. Moquez-vous, pleutres lecteurs, qui derrière un livre vous cachez ! Que connaissez-vous de ce lieu, hein ? Savez-vous seulement qu'il s'agissait d'un paisible village bien des siècles auparavant ? Avez-vous ne serait-ce qu'entendu parler du massacre de Bois Nain ? Quelle idée ! Votre ignorance n'a d'égal que votre futilité. Si je vous dis qu'à l'heure de l'exploration d'Orquéra, avant même que l'idée soit née d'y aménager un royaume, des chevaliers y ont conduit une expédition punitive, cela vous parle-t-il ? Pff, je ne sais même pas pourquoi je m'évertue encore à vous poser des questions. Malins comme vous êtes, je présume que vous bloquez encore sur le nom de notre continent. Mais dans quelle aventure me suis-je lancé... ?

Bref, tâchons de nous canaliser, vous n'en valez clairement pas la peine. Je disais donc, avant que n'intervienne votre stupidité, que nous avancions à pas feutrés aux abords de ce hameau hanté. Aector en tête, je le suivais de près, tandis qu'Ëlyias fermait la marche. Pas un son ne filtrait de nos bouches, chacun de nous étant absorbé par notre environnement. C'est alors qu'une voix spectrale retentit :

- Qui va là ? Est-ce encore toi, Osselet ? nous questionne-t-elle.
- Qui le demande ? lui répond notre roi, tentant tant bien que mal de paraître assuré.
- Le Seigneur de ces terres, rustre personnage. J'ignore qui vous êtes, mais votre impertinence cesse aujourd'hui. Priez vos dieux païens, votre dernière heure a sonné.
- Est-ce un canular ? Vous ne nous faites pas peur, montrez-vous ! s'insurge cette fois l'elfe.
- Vos injonctions n'ont pas cours sur moi. Je vous dis à bientôt, vos cadavres nourriront prochainement mon armée.

La Compagnie d'AectorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant