Vers nos retrouvailles

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Eh, ça y est, me revoilà ! Attendez un instant, je vérifie qu'il ne manque aucune page à mon journal. Qu'est-ce qu'il y a encore ? Oui, je me méfie, mais osez me dire que vous lui faîtes entièrement confiance, hein ? Moi pas, et vous vous y ferez. Enfin, c'est bon, il semble qu'elle n'ait rien soustrait, ni raturé ou esquinté. Ouf, me voilà rassuré !

Où en sommes-nous ? Ah, c'est que vous ne perdez pas de temps ! Eh bien, soyez avertis que nous avons quitté notre nid douillet pour regagner la route. Une journée et deux nuits se sont écoulés depuis que je vous ai laissés désœuvrés. Mine de rien, cette tanière me manquera. Son confort, la paix qui y règne, les repas chauds et – oui, c'est bon, j'y venais ! – ce petit être. Il aura sublimé ce séjour et je suis toujours incapable d'expliquer pourquoi. Au fond, ce n'était pas l'essentiel, j'espère seulement qu'il ne lui arrivera rien. Qui sait, un jour le reverrai-je... Mais j'en doute.

– Vous semblez peiné, m'interpelle notre guide.
– Non, non, j'ai juste besoin de remettre le pied à l'étrier.
– Pourquoi me le cacher ? À travers votre journal, j'ai pris part à toutes vos aventures et aux sentiments qui vous ont chamboulé, me confie-t-elle. Je vais être honnête, je ne m'attendais pas à une telle profondeur venant de vous.
– Quelle gentillesse...
– Mais justement, vous m'avez surprise ! se rattrape-t-elle. Vous étiez mal parti, mais que de changements depuis votre départ de Karia...
– Karinas, me vois-je forcé de la reprendre.
– Oui, c'est ça, de Karinas. Je tiens d'ailleurs à vous présenter mes excuses, je vous avais mal jugé à propos de votre elfe. Il se peut que vous l'aimiez, mais parviendrez-vous à la convaincre, si d'aventure vous la trouviez ? Et plus encore, si elle acceptait de vous reprendre, reussiriez-vous à la conserver auprès de vous ? Quel feuilleton !
– Peut-être de l'extérieur. D'autres que vous y verrez ma vie, ses écueils et contradictions, ses nombreux moments de doute et d'autres plus restreints de joie.
– Arrêtez donc de prendre mal tout ce que je dis, Aëmys, me sermonne-t-elle. J'ai lu tout ceci et je l'ai aimé. Considérez cela comme un compliment et non comme une pique. Votre journal retentira sans doute d'un succès plus grand que vos précédentes œuvres.
– J'espère surtout que notre quête aboutira, lancè-je, plus amical.
– D'une quelconque manière, ce sera le cas et vous aurez grandi.

Ces mots concluant notre conversation, nous continuons de progresser plus au nord. Il faudra que la forêt rapetississe dans notre dos et poursuivre plus encore pour rejoindre nos compagnons. Car oui, le temps des retrouvailles est enfin arrivé ! Nous y avons laissé des plumes, je ne peux que le concéder, mais un nouvel oiseau vient compléter notre nid, et pas n'importe lequel ! Admettez que cette magicienne a du potentiel. Reste à savoir si elle l'utilisera à bon escient... Je n'ai pas peur de le dire, la balance est positive de notre côté. Tous les objectifs n'ont pas été remplis, loin s'en faut, mais nous revenons plus forts que nous ne sommes partis. En sera-t-il de même pour Aector et sa cordée ? Je trépigne d'impatience à l'idée de le savoir, pas vous ?

Bref, ne nous affolons pas, il nous reste une sacré trotte à parcourir, alors autant s'intéresser à ce qui nous entoure. Je trouve Fìnael en bien meilleure forme, ou n'est-ce qu'une impression ? En revanche, Yoruk affiche grise mine. Que diriez-vous d'aller s'enquérir de son état ?

– Mon cher ami, comment allez-vous ? lui demandè-je donc.
– Boarf, ça va, marmonne-t-il.
– Allons bon, je le vois bien que ce n'est pas le cas, insistè-je.
– Ah ça, pas moyen d'le faire causer, il tire la tronche d'puis qu'on est partis, intervient notre elfe.
– Alors, qu'est-ce qu'il vous arrive ?
– J'crois que c'est lié à cette naine qu'il a fréquentée.
– Pas du tout ! se défend-il, agacé. Par la barbe de mon grand-père, vous ramenez toujours cela à une histoire de fesses. Il y a plus important...
– Très bien, mais qu'est-ce donc ? continuè-je de creuser.
– Hm...
– N'est-ce pas vous qui insistiez il y a peu sur l'intérêt des confidences, du partage et de l'amitié au sein de notre compagnie ? tentè-je une autre approche.
– T'bile pas, il t'répondra pas.
– Fìnael, que diriez-vous de bavarder un peu avec moi ? vient à ma rescousse Majora. Il est parfois bon de laisser les hommes discuter entre eux.

La Compagnie d'AectorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant