Chapitre 3

4.4K 105 5
                                    

On dirait que j'étais dans un de ces rêves où il se passait n'importe quoi et n'importe comment. Ouvrant la porte des toilettes, il y avait debout devant une fenêtre au calme mon prof qui fumait en mode : « je m'en bats les couilles ». Ma question sur ce qu'il faisait ici comme si je niais l'évidence était suivie de son regard avec ses yeux mi-clos comme s'il niait ma présence ou peut-être vraiment qu'il n'en avait rien à foutre que j'étais là.

- Monsieur Thomas... Que faites-vous ? repris-je d'une toute petite voix.

- Je fume, dit-il faisant à nouveau face à la fenêtre pour y pousser un nuage de fumée.

- Vous savez qu'on pourrait vous mettre à la porte si l'on vous dénonce ou que vous vous faites prendre ?

Dans un silence ennuyeux, il écrasa son joint sur le rebord de la fenêtre, il inspira un grand bol d'air et se tourna vers moi histoire de bien me regarder. Il avait les yeux à peine ouverts, ces cheveux étaient en désordre sur son front, il était animal avec un regard pesant et un sourire que je décrirais de bizarre, c'est comme si je sentais qu'il pouvait d'un instant à l'autre rire ou s'énerver.

- Et ? dit-il en mettant les mains dans la poche

- Et quoi ? demandai-je perplexe

- Et qui va me dénoncer ?

- Euh...

- Vu que c'est toi qui m'as surprise fumant ici, est-ce toi qui vas me dénoncer ?

Après la deuxième question, il commença à faire de petit pas en ma direction. Il allait faire quoi (Oh putain, il va me tuer) ?

- Euh... ne vous inquiétez pas... je ne vais pas rester ni parler de ce que j'ai vu ici... c'est votre passe-temps... vous faites ce que vous voulez de vos heures libres, ce n'est pas à moi de vous juger. Cela ne me regarde pas.

Ma voix était hésitante, pas convaincante, et malgré ce petit discours pour essayer de le persuader, ce n'était pas gagné. Il s'avançait encore, jusqu'à être à un pas de moi. Je restais silencieuse, et la façon dont il se tenait devant moi me rendait pathétique. J'eus une forte envie de reculer, mais le mur couvert de mosaïque de la toilette était déjà dans mon dos, il était devant moi tel un géant. Je le regardais du haut de mes 1 m 65, il en faisait surement dans les 1 m 75 ou 78, mais en ce moment pour moi, il en faisait le double.

- Ceci n'est pas mon passe-temps dit-il posément.

J'avais baissé la tête évitant son regard, cette situation me donnait des sueurs froides. J'avais envie de fuir en hurlant. Il allait surement m'étouffer ; pas de témoins, plus personne pour dire qu'il fumait. Je n'étais pas dans sa tête, mais j'étais sûre qu'il pensait à ce genre de connerie vu la gueule de meurtrier qu'il faisait.

- Mon passe-temps, c'est le sexe, chuchota-t-il

Le mur de mosaïque et moi fîmes qu'un à cet instant. Je ne savais pas si c'était cette phrase ou sa voix ou encore si c'était sa voix disant cette phrase qui me mettait dans un tel état. Je sentais mon corps bouillir, mon instinct me criait de fuir et je l'écoutai. Sans attendre qu'il ne me dise quoique ce soit d'autre, je sortis rapidement des toilettes. Je ne courais pas pour ne pas paraitre folle, mais je fuyais ce collège comme si j'y avais vu le diable. Le couloir me parut plus long, on dirait que j'étais tombée dans un labyrinthe. Je ne fuyais pas ce qu'il avait dit, mais plutôt cette montée d'adrénaline qu'il m'avait transmise en une phrase.

Une fois sortie de ce fourneau, je me retournai pour regarder s'il ne m'avait pas suivie. (OK, j'étais un tout petit peu parano, j'avoue.) Je repris mon souffle, car depuis l'approche dans les toilettes, j'avais arrêté de respirer ou il m'avait peut-être coupé le souffle. J'étais déstabilisée.

Obsession: Baise-moi STPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant