Chapitre 20

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L'amour : Sentiment intense et agréable qui insiste les êtres à s'unir.

Cette petite définition de l'amour était dans ma tête comme un refrain. Thomas était un bon prof. Cette définition était bien ancrée dans ma petite tête, et j'appliquais cette conception à la lettre. Mais l'intense et l'agréable disparaissaient toujours. Carl était la première victime de tous ceux que j'ai aimés de la sorte, de tous ceux que j'ai utilisés afin de trouver son amour ; l'amour de Thomas. Je trouvais plus de défauts à ceux que je disais aimer, que je trouvais de défaut à cette façon d'aimer. Et en passant de relation en relation, je ne cherchais plus l'intense et l'agréable qu'ils m'offraient, mais l'intense et l'agréable de Thomas à travers elles.

La fin de ma relation avec Carl a été pathétique. Il a même pleuré le pauvre. Mais je crois qu'à l'époque la douleur qu'il ressentait me laissait indifférente. Sandra et Emy refusaient cette rupture, chialant qu'il était un gentil garçon. Ce qu'elles ne savaient pas que mon insatiabilité m'empêchait d'apprécier ce gentil garçon à sa juste valeur ! Trop gentil, il n'a fallu qu'un mois pour que je ne trouve plus d'intensité, de passion en lui. Le patch anti-Thomas qu'il était devenait défectueux, alors je ne trouvais aucune raison de rester avec lui. Cette stabilité que je souhaitais avoir était partie en couille et depuis Carl, les conneries ont commencé.

À chaque aventure ou devrais-je plutôt dire « relation amoureuse », je les entamais avec mon je t'aime saupoudrer d'intense et d'agréable. Filles de l'internat, ou garçon de la ville, c'était l'amour fou en une semaine. Kei était définitivement détachée de moi quand elle apprit que je sortais avec des filles de l'internat. Elle s'était surement dit que c'était elle le problème si j'avais nié durant nos vacances qu'il s'était passé quelque chose entre nous. Personnellement, tout ça me laissait indifférente ; Kei, Carl, mes aventures d'une ou deux semaines avec celui ou celle capables de me faire minimum frémir, ou encore ce que les gens pensaient de tout ça, je m'en foutais, car maintenant, fille ou garçon, hybride si possible, j'étais perdue dans une spirale, méconnaissant l'amour, sexuellement désorienté, car tout simplement j'étais à la quête de lui en eux. C'était devenu une obsession.

L'année académique se solda sur une nouvelle Darla. Pas celle que je voulais être, mais tout simplement celle que je me suis laissée devenir en cherchant lui. Et à la fin de l'année, malgré l'insistance de Sandra qui était la seule à me supporter dans le groupe, je ne passais pas les vacances chez elle. Mon oncle toujours occupé avec ses « affaires » me répétait les mêmes choses que les années précédentes. Et pour une fois, je restais à l'internat pour suivre des cours supplémentaires, je me trouvais dans des sorties scolaires en dehors de la ville super chiante. Une période sans aventure et seule je dois dire.

Mon oncle qui ne voulait pas que je vienne à Londres, Kei qui me méprisait au plus haut point, ma réputation de salope qui grandissait accompagner des rumeurs genres les plans a quatre dans les toilettes de l'internat, étaient tout ce qui se tramait dans ma vie. Même moi à une période je ne savais pas ce qui était vrai ni ce qui était faux. Je me répétais simplement qu'il me restait qu'une année à faire pour me tirer de là. J'étais devenue celle dont on ne s'approchait pas de peur d'avoir sa réputation salie. Je ne les voyais même pas, j'étais de marbre face à elles. Au final, j'avais d'ennuyeuses vacances, seules.

À la rentrée, je revis les filles. Une Kei toujours aussi glaciale avec moi, je m'y étais finalement habituée, une Emy devenue visiblement la copie de Kei à l'exception de son poids, et une Sandra toujours aussi gentille, timides, et peu bavards. Cette dernière année fut remplie de faut semblant entre nous ; Kei, Emy et moi. Je n'avais que Sandra avec laquelle j'avais des conversations certes banales, mais sincères. D'ailleurs, c'était elle qui me demandait si telle ou telle rumeur à mon propos était vraie, par exemple sucée un inconnu au cinéma. J'avais ma petite idée de qui faisait circuler toutes ces choses sur moi, mais je ne disais rien. Il me restait quelques mois avant de me tirer d'ici, c'était la seule chose que je me répétais sans cesse comme un prisonnier purgeant sa peine.

Obsession: Baise-moi STPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant