Chapitre 37

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Voyons... on en est ou niveau bordel ?

Euh... sincèrement moi non plus je ne sais pas. Ma vie a été si bordelière que parler de ce moment comme grave serait un euphémisme. J'en ris maintenant, les merdes s'enchainaient si rapidement dans ma vie que je me demandais si j'étais des latrines. Je suis sûre a 200 % que vous vous êtes dit en apprenant que mon oncle était un putain de trafiquant que vous le voyez venir, que c'était évident que ce mec était louche, vous l'avez peut-être parié avec un ami. Vous avez peut-être hurlé « Youpi, j'avais raison ! », ou... je ne sais pas quoi d'autre, mais aviez-vous pensé à ce que j'ai ressenti en apprenant cette nouvelle ? aviez-vous parié sur ce que j'allais faire après cette nouvelle ? êtes-vous si cruelle de ne rien ressentir pour la pauvre fille paumée que j'étais à l'époque ?

Je déconne !!! Vous pouvez parier autant que vous voudrez. Après tout, je vous raconte une histoire, je ne vous demande pas de me comprendre. J'aurais parié si ce n'était pas ma vie. J'allais peut-être avoir tout faux en pariant que Dwayne était venu avouer que ses parents n'étaient pas morts et qu'ils... Putain je m'égard. Revenons là où j'ai à nouveau perdu foi en l'humanité. Un bon résumé de mes galères bien sûr.

Mes parents sont morts, mon prof de philosophie m'a baisée puis est parti, mes amies qui étaient ma nouvelle famille m'ont rejetée, le père d'une de mes amies m'a violée, je suis complètement bousillée et finalement... mon oncle est un meurtrier. Tout cela est le foutoir de la vie d'une ado de 17 ans. Vous vous demandez surement comment j'ai fait pour supporter toute cette merde cumulée en 17 ans. La réponse n'est pas pour maintenant. Je ne vais pas vous donner mon secret sans vous raconter toute l'histoire, sinon vous allez partir avant la fin.

Vivre me semblait de plus en plus un poids. Telle une migraine qui ne pouvait pas me lâcher, la douleur ne voulait pas lâcher mon existence. J'inspirais le mal tel un poumon dans un fumoir. Pour une fois, je n'avais pas choisi ce mal, ou je devrais dire qu'il ne me concernait pas directement. Les choix de quelqu'un d'autre ont mené cette nouvelle souffrance en moi, et comme tout bon poumon, je me suis imprégnée de ce maudit parfum jusqu'à en être suffoqué. \

Le Saint était mon oncle Samuel Saint Patrick âgé de 43 ans, j'en étais plus dégoutée que fière. Celui que je voyais comme le bon samaritain était le diable en costard cravate. Je me suis baignée dans son argent sale. Mais ce qui me fit le plus mal, c'était de savoir que j'étais la nièce de celui qui a tout enlevé à Dwayne. Je ne pouvais pas le regarder dans les yeux. J'avais la sensation d'avoir mis la bombe dans l'avion. Je voyais sur ma main le sang de ses parents. C'est pour ça que ce soir-là, je lui ai demandé de partir. D'ailleurs, les jours qui suivirent cette révélation, je lui interdisais de venir chez moi. J'avais de plus en plus honte de lui. J'adressais à peine la parole à Éric. Je vivais une nouvelle période de dépression et quand je voyais enfin mon oncle, je faisais de grandes crises d'angoisse. Je fuyais la seule famille qu'il me restait, je fuyais le seul ami que j'avais. Je ne voulais pas parler à Oncle Sam, je ne croyais pas que la vérité sortant de sa bouche allait me faire me soulager, bien au contraire. Alors je fuyais cette sombre vérité depuis l'avoir appris.

Une époque où j'aurais dû recevoir un oscar pour mon jeu d'actrice. Ne pouvant plus rater les cours à cause des examens avenirs, le matin je me rendais à l'institut avec sourire, une fois les cours finis, je rentrais pleurer. Dwayne restait au loin me regardant parfois, je secouais la tête chaque fois pour qu'il ne puisse pas m'approcher. Les filles trouvaient tout ça bizarre surtout que je ne leur fournissais plus d'explication. Mon sourire et mes « ça va "répétés depuis la maison était suffisant comme réponse.

Ce mal me dévorait, ce silence me tuait. Alors je me dirigeai vers le baume le plus efficace contre la douleur : l'alcool. La crème au chocolat ne marchait plus alors, tous les soirs j'allais chercher une bouteille de vin dans la cuisine pour le boire sur mon lit dans le noir à fixer le plafond. Je buvais pour tout oublier, je buvais pour m'oublier. La lune me tenait compagnie quelques soirs, je buvais sa présence quand elle me rendait visite en passant par la fenêtre. Je sentais parfois qu'il ne pleuvait que dans ma chambre les soirs de pluie, alors je buvais pour ne pas avoir froid. Suite à chaque soirée de beuverie, j'entendais Éric se plaindre de perdre ses meilleures bouteilles aux servantes de la maison, il n'osait m'accuser, mais il pressentait que c'était moi.

Obsession: Baise-moi STPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant