Chapitre 46

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La sœur Germinal disait souvent que le diable apparaissait au moment où l'on s'attendait le moins. Mais je ne pensais pas lui donner raison en voyant le diable une serviette sur la taille avec une gueule d'ange. Mes yeux ne me mentaient pas, c'était bien Thomas avec la bouche en cœur et les yeux hypnotiques. Il avait coupé ses cheveux, mais je l'avais reconnu. Mon cœur changeait de rythme toutes les cinq secondes comme une voiture sur une piste qui drift. Ma main tremblait, mes jambes étaient moles. Il était à quelques pas de moi, l'homme qui avait hanté la majorité de mes fantasmes et de mes cauchemars. C'était bien le prof qui faisait mouiller tel le Niagara la fillette de 15 ans que j'étais.

- Thomas ? m'interrogea Angeline choquée.

Chat, tigre, lion, tous avaient bouffé ma langue. J'étais frigorifiée de l'intérieur comme de l'extérieur. Je ne savais pas si j'étais dégoutée ou obnubilée par sa présence. Il me regardait en méprisant complètement la présence d'Angeline. Son sourire en coin, son assurance dans ses yeux, tout ça me donnait des nœuds dans le cœur. Pourquoi était-il là ? Pourquoi ce fantôme était à nouveau sorti de son placard ? Moi qui le croyais peut-être en prison, que faisait-il ici ?

La gamine en moi qui l'idolâtrait avait les yeux tout ronds en ce moment. Sans monture, était-il le prince charmant qui allait me retirer de cet enfer ? Mais au moment où il se tint devant moi ma main frappa sa joue avec fracas. Une gifle réflexe qui sorti du plus profond de mon être blessé.

- Je croyais t'avoir bien dressée, rit-il.

- Ouais... c'est lui Thomas, s'affirma Angeline.

Alors définitivement, je n'étais qu'une bête à dresser, un pantin qu'il faisait danser à sa guise. Ces mots étaient durs à entendre, je m'étais déjà dit que c'était un connard, mais l'imaginer et le constater était deux choses différentes. Cette haine ressentie à l'instant me faisait mal, et ce mal éveillait cette douleur qui me pesait par son manque après son départ. Mes larmes voulaient couler, mais je les retenais. J'avais la respiration saccader, je ne voulais que lui sauter à la gorge et l'étrangler, couper son souffle pour lui faire sentir comment j'ai vécu les mois qui suivirent son départ. Il avait tant bousillé dans ma vie, mais je n'avais que ma main qui voulait réagir. Alors je voulus renouveler ma gifle, mais il arrêta mon geste avec un calme déconcertant.

- Tu ne me respectes plus prune ?

J'allais lui cracher au visage, mais de l'autre main, il empoigna mon cou et serra son étreinte immédiatement. Son regard rempli d'un cynisme que je n'avais pas vu auparavant me glaça le sang.

- Lâchez-la ! implora Angeline.

Ce qu'il fit en me laissant tomber au sol sans me regarder.

- Regarde ce que tu me fais faire Darla, se plaint-il en allant s'asseoir sur le lit. Pourtant je ne veux que t'aider.

Angeline me rejoint au sol les yeux remplis d'inquiétude.

- Ne t'inquiète pas, la rassurai-je rapidement.

J'étais pourtant un peu étourdie. Thomas était sur le point me briser le cou sans même avoir l'ombre d'une hésitation dans son regard. J'avais peur de lui, et de ce qui allait suivre. Ce n'était plus le même homme ou... peut-être que je n'avais jamais connu la véritable personne qu'il était. Je le voyais peut-être sans maquillage, sans masque. Thomas dans sa véritable nature. Mais que venait-il faire dans toute cette histoire ? Clairement, il n'était pas là pour me retirer dans cette merde.

Je le regardais avec répugnance, et lui il m'observait avec le sourire. Je ne savais pas ce qu'il avait en tête, mais ça ne présageait rien de bon.

Obsession: Baise-moi STPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant