Chapitre 40

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Devant la porte de cet appartement que je reconnaissais facilement en plein jour, j'étais dressée tel un piquet à attendre qu'il m'ouvre. Le temps friquet n'arrangeait pas du tout mon humeur glaciale, et malgré munie d'un manteau et d'un pull, la raison de ma venue à lui me glaçait le sang. Dwayne avait compris le fameux « Il faut qu'on parle », il savait ce que je venais faire, il avait simplement donné l'adresse et fixer rendez-vous à demain. Les filles étaient fières, elles ne voyaient pas toute la tristesse qui se dégageait de mon rire sans teint. Mes nœuds à la gorge n'étaient perçus que par cette salope de Cassie. Elle savait que j'étais dos au mur.

Devant cette porte toujours indécise, je me demandais s'il n'était pas préférable que je prenne la fuite pour partir loin de tout ça. Mais là, j'étais obligée de trancher. Nombreux étaient ceux que j'avais brisés, nombreux m'ont brisé, lui si je le brisais, je me briserais aussi. Je fixais mes bottes, espérant trouver la solution à mes pieds.

- Qu'est-ce qui te fait autant peur Darla ?

Dwayne se tenait devant moi, le visage couvert comme le ciel de Londres, la voix creuse. Il me sourit, et la madeleine que j'étais se mit à pleurer. Il me prit immédiatement dans ses bras. L'idée de quitter ses bras à tout jamais faisait mal à moi qui n'hésitais pas à mettre fin n'importe quand, pour n'importe quoi, aujourd'hui rien que d'y penser me faisait pleurer.

- Entrons, suggéra-t-il en me trainant par la main.

De ma main libre, j'essuyai mes larmes.

- Alors tu habites ici ? dis-je en asseyant d'avoir une voix normale.

- Oui, répondit-il en fermant la porte dernière moi pour ensuite venir m'aider à enlever mon manteau. C'est l'héritage de mes parents... j'ai du mal à entretenir tout ça... les factures... la raison de mes petits boulots...

Il parlait, mais, rien de ce qu'il disait m'intéressait vraiment. Je cherchais ses yeux tout en les fuyant. Il se contentait d'accrocher mon mental et d'avancer dans la pièce. Je voyais des cernes sous ses yeux, il semblait fatigué. Tout près du canapé sur lequel je m'étais réveillée, il y avait sa guitare, et des draps. J'en conclus n'être pas le seul à ne pas avoir trouvé sommeil la nuit dernière.

- Je vis seule ici depuis... un certain temps je dois dire.

(On est... seul)

Cette information me mit encore plus mal à l'aise que je ne l'étais. J'oubliai même la raison de ma venue. Je le regardais marcher dans la pièce pour aller près de la table en bois ; l'entrée du paradis. Il passa la paume de sa main sur le rebord de la table toujours sans me regarder.

- Suis-moi, dit-il en prenant la direction des escaliers.

J'étais venue mettre fin à une relation, et me voilà maintenant en train de suivre ce mec comme à mon habitude. Ce n'était pas une pulsion sexuelle qui me poussait à lui, je me sentais naturellement capable de lui faire confiance. Yeux fermés, ou yeux ouverts.

(Jusqu'où te suivrai-je Dwayne Louis ?)

Une fois à l'étage, je le suivis dans une pièce que je pensais être sa chambre, mais qu'une fois à l'intérieur je fus bien étonnée de ce que j'y trouvais. Il n'y avait pas de lit, seulement un bureau avec une lampe, les murs étaient recouverts de feuilles, des textes y étaient écrits et le sol couvert d'une moquette noire. La pièce était sombre, très mal éclairée, et le climat n'arrangeait pas les choses. Je me dirigerai vers le bureau avec le regard curieux sur la feuille qui était juste au milieu.

- Ici... j'écris chanson et poème... je ne vais pas dire que tout est intime... mais... ici je pleure... ici je meurs... ici je suis. Ici le temps s'arrête, tout devient mots... surtout mes maux.

Obsession: Baise-moi STPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant