Partie 8

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Y'a des jours où tu te dis que t'aurais mieux fait de rester dans ton lit.

Les sorties sont devenues rares avec la reprise du taffe et le temps froid. Sonia m'harcèle pour m'engrainer dans ses plans shopping, mais niet, je repousse toujours. Ce matin du coup, elle est venue à la maison et m'a tirée de force du lit pour qu'on profite de mon jour de repos. Avec le soutien de la madré. « Bon, ok, je me lève, t'as gagné » !

« Au Suchi ». Voilà où Sonia a décidé de m'inviter pour déjeuner. Elle sait comment me faire plaisir ! Le restau' vient d'ouvrir : il remplace l'ancienne sandwicherie « Le Bis ». J'y été jamais allée à l'époque, c'est pas trop mon délire leurs double steaks, chiken et toute la compagnie. Mais là, c'est différent, le serveur vient de prendre nos commandes et bien sur, mes makis sont de la partie ! En attendant mon péché mignon, Sonia me parle. Et quand Sonia me parle, c'est toujours une grande histoire pour pas grand-chose. Je me suis habituée à l'écouter en prenant toujours du recul sur ses paroles. Question de précaution ! Aujourd'hui, le sujet porte sur les mecs. L'amertume déborde de sa bouche, elle digère toujours pas l'autre bouffon d'Omar. « Les mecs, c'est tous les mêmes : des b*tards ! Ils veulent des meufs sérieuses et quand ils ont ce qu'ils voulaient, ils peuvent pas s'en contenter ! Et v'là que je texte a droite , et v'là que je b*ise à gauche ! Des pourris ! Tous des pourris ! Y'en a pas un qui rattrape l'autre, pas un qui tire vers le haut son pote ! Vas y ma sœur, le célibat y'a rien de mieux ! C'est tout ! » Elle a le don de tourner en tragédie tout ce qui lui arrive, truc de ouf. Je lui réponds que c'est à elle de trouver un garçon bien sans histoires et non pas à elle d'être le côté lumineux d'un mec sombre à histoires ! Et qu'elle devrait arrêter d'être émerveillée par leurs voitures mais plutôt par leur aura, ça la changera ! Elle me dit que j'ai raison, et se remet à parler tout en souriant à pleines chicos à un keu-mé avec sa Breitling assis pas loin. Je souris et me dit qu'elle est vraiment irrécupérable ! Son visage se fige et elle me secoue la main : « Oh le fauve ! Nawell y'a une de ces beautés qui vient d'entrer je suis croc ca y est ! » Je lui retire la main de mon bras et lui demande avec un air moqueur combien de coups de foudre elle a eu aujourd'hui. Elle me répond pas, et reste quée-blo. Je décide de me tourner pour voir à quoi ressemblait sa nouvelle proie...

Hafid ? Je suis sous surveillance ou quoi ? Il se dirige vers le comptoir et prend sa commande à emporter. Je suis mal à l'aise, à tel point que mes makis passent mal, je peux pas trouver mieux comme preuve crédible! Je baisse ma tête et cache mon visage avec mes veuches mais laisse tomber ca y est il m'a vu ! La misère ! Il s'approche de nous, Sonia saute sur sa chaise et me chuchotte : « Ca y est il m'a vu. Il arrive Nawell. Regarde l'experte et prends en de la graine ! ». Il arrive à notre table...

- Nawell, la serveuse du 17eme ?
- (Je lève ma tête et souris de force) Oui c'est bien moi. Salam Hafid ! On se voit partout dis donc !
- Il faut croire que tu me suis !

La discussion s'enchaine et je traine un rire forcé. Le proverbe dis « suis moi », oui, mais la fin c'est JE TE FUIS ! Fuir. Oui je dois fuir. C'est pas le moment... Les étoiles ont disparu des yeux de Sonia, elle me fixe avec un regard interrogateur, pendant que je m'efforce d'écourter la conversation, histoire qu'il s'en aille et que je puisse enlever la mèche de devant mon œil encore hors service. Mais y'a rien à faire, apparemment il a plein de choses à raconter. Sonia s'immisce dans la conversation, trouve des choses à répondre, rit à ses remarques pas drôles. La totale. Mais il ne la calcule même pas. Ca la rend dingue. La porte s'ouvre et trois keu-més entrent. Parmi eux : Omar ! C'est quoi cette scène de malade là ? Ca va mal finir, il est venu embrouiller Sonia ? Moi ? Comment il sait qu'on est là, il traine pas ici en plus ! Sonia calcule rien et continue de jouer aux remarques fantomes. Omar se détache de ses deux compères et une fois devant nous, s'adresse à ... HAFID ! Après l'avoir salué et avoir fait semblant de pas nous connaître, il lui demande de venir avec lui pour parler. Hafid accepte, nous dit au revoir et ils s'éloignent...

En fait, la situation est pire que ce que je pensais ! Comment un mec comme Hafid posé, simple, cultivé peut être en contact avec un mec pareil ! C'est juste pas possible. Je rêve là ! Ils se sont mis à l'écart dans le restau et je vois Omar faire de grands gestes, Hafid acquiescer. Hafid, un dealer ? Je commence à me dire que ma pote doit pas avoir tout à fait tord, ils semblent différents mais c'est peut être tous des mithos dans le fond. J'ai plus faim, voilà ! Sonia, qui les guettait, se tourne vers moi et me dit : « Hey Nawell, le beau gosse là tu le connais? Tu me dis qu'il faut que je trouve un mec calme mais ton keu-mé il a l'ami le plus infréquentable de Paname. Chelou toi. Déclare moi le bail cachotière... »

Chronique de Nawell : Plume de la StreetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant