Partie 21

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"En vérité il n'y a que deux issues: le bénéfice du doute, ou le doute d'un quelconque bénéfice dans les actes de nos vies"

Le rendez vous a été pris en bas de mon bloc. Je descends les escaliers, Jalel vient de me demander de le rejoindre. L'ascenseur est en panne, la misère ! J'arrive, essouflée, au niveau du banc qui sert de point de rassemblement à chaque fois qu'on doit se parler avec un des grands. Jalel y est déjà assis, avec SalahDine, un autre de mes « protecteurs »... La discussion s'engage, à base de « La famille ca va ? » et puis on en vient à la cause de cette rencontre...

- (Jalel) Bon Nawell, je vais pas te faire poireauter, j'ai entendu un keu-tru et je voulais avoir confirmation c'est tout.
- Vas y, je t'écoute !
- A ce qu'on m'a dit, tu connais Hafid. Hafid, le frère à Sofian.
- Oui, je le connais, c'est vrai.
- Et à ce qui parait, tu serais un peu plus qu'amie avec lui.
- On se voit, et on se parle beaucoup. C'est une relation un peu ambigüe, je suis pas avec lui mais on apprend à se connaitre, pour pourquoi pas en arriver à du concret.

Jalel s'agite. Et c'est SalahDine qui prend le relais...

- Nawell, putain, Nawell t'es plus maligne que ça quand même, t'es plus futée que ça !
- Les gars, vous me faites peur là ! Qu'est ce que je dois savoir que je ne sais pas ?
- La question est : qu'est ce que tu sais de lui ?
- Je sais que son frère est mort, et que Karim et vous l'avez aidé à remonter jusque Omar. Je sais qu'il taffe dans le 17ème, c'est là ou je l'ai rencontré il m'a laissé son numéro au taffe, parce qu'il a été choquée de me revoir, apparemment il m'aurait vu à New York dans une boutique où je suis bien allée. Y'a quelques temps, il a été à l'hôpital il s'est fait tiré dessus, j'étais avec lui ce soir là, j'ai passé la nuit à l'hosto. Du coup, j'ai vu sa mère on a parlé. C'est quelqu'un de bien Salah je te jure. C'est quelqu'un de bien Jalel...
- (Jalel) La vie de ma mère que je vais l'attraper et lui faire regretter d'être né ! Il te fout dans ses histoires en plus, pourquoi tu me l'a pas dit ça ! T'es ouf ou quoi ? T'es devenue inconsciente ?
- Jalel, ca va je vais bien Hamdoullah, je voulais pas vous inquiéter...
- (SalahDine) Celui qui a fait du mal à mon ami, faudra qu'il trime pour que je lui pardonne ! Moi tout ce que j'ai à te dire, c'est Arrête de le fréquenter ! Le vois plus ! C'est tout !
- Vous me demandez de ne plus donner de news à une personne qui a été là pour moi ces derniers temps et qui compte pour moi. Je veux une explication ou je ferais comme si j'avais rien entendu si vous me donnez pas vos raisons ! Vous me faites descendre pour me dire « Fais pas ca, fais pas ci » et vous pensez que je vais dire « Amen » ? Faut pas rêver !

Ils se regardent longuement. Je sens qu'ils se parlent à travers leurs regards. Je suis sonnée. Je me repasse le film de tout ce temps passé avec Hafid, j'essaye de me remémorer un dire, ou un geste, quelque chose qui m'a paru suspect ou pas cohérent. Mais y'a rien ! Qu'est ce qu'ils lui reprochent ...

- (Jalel) Ok. Je vais te dire les choses. T'es grande maintenant, après tout. Son frère s'est fait fumer ici. Juste après on a vu débarquer son frère Hafid. Le mec, déter à pé-cho celui qui avait fait ça. Il voulait qu'on l'aide, on a fait ce qu'on pouvait. On répondait à ses questions, à identifier qui était en relation avec qui, bref, rien de dingue. Jusqu'au jour où il remonte jusque Omar. Juste après, il a disparu . Plus de nouvelles, wellou. Le keu-mé, on l'a hébergé, on l'a nourrit, on lui a donné de notre temps, de notre argent même, pour qu'il fasse le mort ensuite? On s'est dit, merliche, au moins, il sait qui c'est, il fait ce qu'il veut ca nous regarde plus maintenant. Quelques mois plus tard, Karim est mort. Tu te souviens de Mounia ?
- Oui, sa fiancée...
- Elle est où ? Elle fait quoi ?
- Je sais pas... Plus de nouvelles ! Mais ça depuis avant que Karim meurt !
- Et tu t'es pas posée de questions ?
- Ben non... Karim me disait qu'elle était au bled pour un moment et que lui non plus avait pas trop de nouvelles. Je me suis pas inquiétée, et puis quand je me suis rendue compte qu'elle n'était pas venue présenter ses condoléances, je suis restée dans l'idée qu'ils devaient être séparés et qu'il avait pas osé me le dire.
- Ce que tu sais pas, c'est que Mounia, elle l'a trompée. Et tu sais avec qui elle l'a trompée ? Avec Hafid ! Tu m'étonne qu''il donnait plus de nouvelles le chien ! Karim l'a jamais su, elle lui a juste annoncé qu'ils étaient pas fait pour être ensemble, et jusqu'à la fin il a préféré resté seul, dégouté... Moi ce qui me dégoute c'est qu'il continue à venir au tier-quar, comme s'il était la bienvenue. J'ai pas eu l'occasion de l'avoir en face de moi encore ce fils de p*te, en tout cas, il va savoir ce que je pense des gars comme lui !

Je les fixe, un après l'autre. Je sais pas quoi leur répondre, c'est à peine si je crois en leur histoire. Et pourtant, je dois bien y croire, c'est pas leur genre de mentir...

- Je vais réfléchir à tout ca. Merci de m'avoir prévenue. J'aimerais juste savoir comment vous savez que je suis en contact avec lui ?
- Tout se sait Nawell. Tout. Mais ça c'est une autre histoire. On dois y aller là, on se capte plus tard et passe le salam à la reum !
- Ok. Salam.

Ils s'éloignent, je m'asseois sur le banc. Quel sentiment devrait m'envahir ? Lequel devrais je laisser m'innonder à cet instant précis ? La colère ? La culpabilité ? Le dégout ? J'en sais rien ! Bizarrement, j'ai du mal à y croire. Parce que si c'est vrai, ca voudrait dire le sentiment qui m'accompagnerait à partir d'aujourd'hui et ce jusque le restant de mes jours serait la paranoia et la suspicion. Et puis si c'est vrai, ca voudrait dire que je tiens à une personne qui à peut être accélérer le départ de l'homme que j'aimais le plus dans ce bas monde: ça ferait d Hafid un vicieux sans précédent. Immonde...

Chronique de Nawell : Plume de la StreetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant