Partie 25

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En théorie il y a la situation initiale, les péripéties et le dénouement. En pratique, c'est plus compliqué que ça malheureusement...

Sonia et moi sommes à un arrêt de bus, près des Champs. Hafid m'a appelé ce matin pour me donner rendez vous accompagnée de Sonia à cet endroit, avant de raccrocher. Chose dite, chose faite. Entendre sa voix m'a parue comme une délivrance. Il est vivant c'est l'essentiel ! El Hamdoullilah. Mais directement, parce qu'évidemment il y a toujours un « mais », je me suis demandée si il était en position de force. Si Hafid allait vraiment venir seul ou alors si c'était un coup monté d'Omar. Après concertations avec Sonia, on a préféré y aller seules... A nos risques et périls. Sonia regarde à droite, moi à gauche. On cherche sa 307 noire des yeux, on se lance de temps en temps des « Il est là » jusqu'à se rendre compte qu'en fait, non, c'était pas lui. Une sacré angoisse !

- « Nawell ! »

On se retourne et il était là, dans une autre voiture que la sienne. On se dépêche de monter, moi à l'avant, Sonia à l'arrière ! Je ferme la portière et je le regarde. Il a l'air d'aller bien, son visage n'est pas amoché, et au contraire, il lâche un sourire d'enfer ! Je pense que je peux être soulagée, pourtant j'y arrive pas. Je suis mal à l'aise... Où est Omar !? Et Jalel ? Il a l'air de rien vouloir lacher. Il roule. Il manquerait plus qu'il nous mette du raï et qu'il chante ! je m'impatiente...

- Hafid... arrête de sourire espèce de ouf ! T'es vraiment pas normal comme type ! t'étais où ! Tu te rends compte de la peur de dingue que tu m'a faite ! Que tu NOUS a faite ! Et tu reviens normal, avec le sourire, t'es perché mon pauvre ! Il est où Jalel d'abord !
- (Il golri) Nawell, je peux te dire un truc ou bien c'est ma fête jusqu'à qu'on arrive ?
- Dis si c'est intéressant sinon tais toi !
- Tu m'a manqué quand même ! Et encore plus ta voix de meuf qui s'énerve et qui parle comme si le poids de la terre lui avait été confié !

Je me retourne et je regarde Sonia en me mordant la lèvre. C'est moi qui vais commettre un meurtre au final ! Elle est morte de rire, parce qu'elle a compris que j'étais à deux doigts de lui sauter dessus. Je finis par regarder la route et me taire. En vérité, je sais qu'il se moque de moi et qu'il me taquine. Mais les larmes me montent bizarrement aux yeux. Surement les nerfs qui lâchent enfin. J'ai passé des jours et des nuits à m'inquiéter, à me faire le film de tous les scénarios possibles, et au final, tout ce qu'il trouve à faire, c'est relativiser au minimum et limite insinuer que j'en fais trop. C'est peut être le cas, j'en sais rien... Mon téléphone vibre c'est Sonia : « Je te vois par le rétroviseur. Il voulait te faire sourire, prends le pas mal » Je regarde le rétro : effectivement, elle me regardait et me souriait. Je lui réponds : « Je sais copine... Je sais. ». Hafid est silencieux, il ne parlera plus jusqu'à qu'on arrive dans un endroit je ne sais trop où. Périph, nationales, routes de campagnes, on mettra plus d'une heure à y arriver. Il se gare devant un hangar et nous demande d'attendre, ce qu'on fait. Il s'éloigne...

- Sonia ?
- Oui
- Ca va ?
- Je tremble comme une feuille, je me sens aussi perdue qu'un gosse dans un supermarché sans ses parents, sinon tranquille, ca va bien quoi !
- (Je golri) Punaise ! Quel merdier...

On se tait et fixe la porte du hangar, par où Hafid était rentré... En ressort dix minutes plus tard... JALEL ! Je sors de la voiture, cours et je saute dans ses bras. Il me serre fort et me fait un bisou sur le front. Je me mets à chialer comme une gosse. Il me répète « Arrête de pleurer petite sœur, ca y est c'est fini. Arrête ». Je finis par reprendre le contrôle de moi-même. Sonia et elle aussi sortie et pleure. Elle doit penser à Omar au final... je la prends dans mes bras et Jalel nous demande de nous suivre. On entre dans le hangar, traverse de grandes salles. Nos pas résonnent, on ose pas faire de bruit, ni parler. L'inconnu et l'appréhension me donne mal au cœur. On arrive finalement dans une petite pièce. Il y fait sombre, une télé est allumée au fond de la pièce, en face d'une table où sont assis Hafid, Omar et un troisième keu-mé. Je suis en train de rêver où ils sont ensemble, tranquillement ? Il manque plus que le verre de thé, non ? C'est un piège ? C'est nous les proies ou quoi ? J'ai pas le temps de recommencer à lister mes suppositions que j'entends Sonia crier :

« Redwane ? Mais qu'est ce que tu fous la ? T'es complice d'Omar ? T'es aussi pourri que lui ! (Omar se retourne : il s'est fait bien arrangé, il les les yeux enflés, son visage est presque méconnaissable, un bandage lui entoure la tête. Il la regarde, tandis que l'homme a qui elle parle reste figé, sans même lui prêter une quelconque attention) Et qu'est ce que t'as toi, à me regarder ! Fils de chien, tu m'as fait la misère, t'as fait la misère à beaucoup de monde ! Je voulais pas qu'ils te tuent, mais maintenant que je te vois, j'aurais préféré ! Que tu puisses puis faire de mal ! Tfou ! » Omar baisse les yeux et retourne à la contemplation de la table.

Redwane ? Qu'est ce que c'est que ce scandale ! Ou est ce que j'ai atteris !? C'est qui celui là, et surtout, j'ai rarement entendu Sonia pousser sa gueulante à ce point ! Jalel pose ses mains sur les épaules de Sonia et nous dit :

« Allez les hystériques, venez vous asseoir avec nous, on va tout vous expliquer ! »

Chronique de Nawell : Plume de la StreetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant