Partie 11

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Le hasard n'existe pas, alors parfois, y'a de quoi devenir barge...

Avec la madré, on est chez Sonia. Sa mère nous a invitées, avec quelques autres voisines. C'est le rituel. Tous les mois, on se fait un repas, histoire de garder le lien et casser la routine. Les patronnes sont au salon, elles se chambrent, se taclent, c'est un sketch ! Et puis quand le ton monte, t'en a toujours une qui calme tout le monde en faisant un rappel sur les mauvaises paroles, alors que deux minutes avant, elle avait prit la tête des incollables dans le genre ragot. Du coup, elles font une pause... toujours de courte durée. Dans la chambre, allongée avec Sonia sur son lit, on écoute le son de Wallen à l'ancienne ...

« J'ai saisi ton cœur comme une pognée d'eau, ce qu'il te faut m'échappe
Un seul de tes regards me transforme en ado, ce qu'il me faut c'est toi
(...) On renoue comme on défait, s'il te plait s'il te plait si l'on essayait
& si tu pars tu sais ce que tu laisses, tu le sais tu le sais, juste une moitié de moi-même »

Notre humeur sage et silencieuse contraste des rires qui se font entendre du salon. Sonia tema le plafond, sûrement en train de penser à Omar. En arrivant tout à l'heure, elle m'a sauté dessus pour que je lui raconte ma rencontre avec Hafid. On s'était pas revus depuis le déjeuner au Sushi, et avec tout ce qui s'était passé, j'avais donné peu de news. Du coup, j'ai tout balance: la rencontre, les liens avec Omar, la mort de son reuf, Hafid à l'hosto... Ca l'a calmé net ! Elle l'avait tèj, mais était accro encore, c'est clair. N'empêche, j'étais fière d'elle : il l'harcelait, la menaçait, mais elle résistait. Elle tend son bras vers la chaîne hi fi et l'éteint...

- « Nawell, je suis désolée pour Hafid. Put*in, j'espère qu'il va vite se rétablir.
- J'y vais tous les jours, il se rétablit t'inquiètes pas. Ne sois pas désolée, c'est pas ta faute à toi, t'es autant victime que lui.
- Ouai je sais, mais je me sens liée à tout ça. Pourquoi il continue de m'appeler, de me texter ? Il me fait peur par moment... Surtout maintenant !
- Le calcule pas, tout se paye. Mais je sens que ça va mal finir tout ça. Ca fait quelques jours qu'Hafid est levé, et chaque fois que je rentre dans sa chambre, y'a des gars qui en sortent. Un truc se prépare Sonia...
- Quelle misère ! Mais c'est parti trop loin aussi ces histoires ! Et sa mère ça va ? Meskina, elle me fait de la peine...
- Elle va mieux maintenant qu'il peut la rassurer lui-même. Avant-hier, j'étais avec lui, il me tenait la main, on parlait. Elle est rentrée dans la chambre à ce moment là. J'ai enlevé ma main direct, j'étais en panique ! On s'étaient pas revues depuis la discussion dans le couloir ! Elle s'est avancée, lui a fait un bisou sur son front, sur le mien, et s'est assise à côté de moi. La te-honnnnnnnn ! J'étais rouge, et lui était mort de rire. J'ai bafouillé cinq mots et je suis partie. Hier, il m'a dit qu'elle lui avait raconté que je l'avais prise dans mes bras et que j'avais pleuré avec elle, et qu'elle lui avait dit que seule quelqu'un avec un bon cœur aurait pu faire ça...
- (Elle crie) La belle mère te kiffe ! Oh la classe la reuss ! Youyouyouyouyou !
- (Je lui donne un coup de coussin) MAIS TAIS TOI ! Y'a ma mère à côté ! T'es une gamine quand tu t'y mets chut !
- (Morte de rire) Oh ca va ! Je suis contente pour toi. Je me disais que t'allais plus jamais te mettre avec quelqu'un depuis...
-... C'est bon, me rappelle pas de mauvais souvenirs Sonia. Et puis je suis pas avec Hafid. On discute c'est tout !
- (Elle me rend un coup de coussin) Ouais, ouais, lalla la3roussa...

Mon phone vibre. Je le sors de la poche de mon jean. Hafid : « Salam ma préférée. T'es pas venue me voir aujourd'hui, tu vas bien j'espère ? » Je lui réponds : « Alaykoum salam . Ca va Hamdoullah, t'inquiètes pas. J'ai pas pu venir, je suis chez Sonia, réunion de comères mensuelle ! » Sonia me prend l'appareil des mains, lit et se met à écrire un keu-tru. Elle l'envoie. Je lui arrache le tél des mains en l'insultant. Elle lui avait envoyé : « Tu me manques... » Oh la traître. Elle est éclatée de rire, je vais la tuer. En plus il répond pas. Ca y est, il doit se foutre de moi, il a du transféré le message à tous ses contacts ! Et puis quelques minutes plus tard, Son prénom s'affiche. Je veux même pas lire, je suis affolée. Je balance le phone à Sonia et lui demande de lire la conséquence de ses bêtises, mettant ma tête dans mes mains... Sauf qu'elle me répond pas. Je lève la tête, elle a les larmes aux yeux et me tend le phone. Je le prends et lit :

« Il me tarde de sortir de là, de prendre soin de toi, de t'alléger de tes peines. T'es une perle, et j'espère être le boîtier qui te protègera de tout, quitte à tomber ou me blesser, tant que tu restes intact. Karim aurait été fier de toi... Et tu peux l'être de celle que tu es. »

Sonia me dit en reniflant que j'ai de la chance, que jamais Omar ne lui avait parlé comme ça après tout ce temps passé avec lui... Moi, je suis juste choquée ! Et pas par la même chose ! Comment il connaît mon frère ? Pourquoi il parle de mon frère ? Qu'est ce qu'il sait de mon frère ?
Pourquoi il me parle de lui que maintenant ? Je tire Sonia du lit et lui dit de s'habiller de suite ! Elle s'exécute sans comprendre. Je prends ses clefs de voiture, mets mes baskets et lui prend la main. Je dis aux mamans qu'on va faire un petit tour, elles nous donnent l'autorisation, et on sort. Elle me demande où on va, je lui dit qu'on va rendre visite à un malade. Elle me dit que c'est moi la malade ! Une fois arrivée, je marche avec détermination, je visage fermé jusque devant sa chambre. Sonia me court après et me dit de me calmer, que j'ai tout le temps de lui dire ce que je ressens pour lui ! Elle est ouf celle là j'ai envie de rire ! Elle croit qu'on a fait tout ce chemin pour que je lui dise que je suis fan de son sms ! C'est bien son genre... Pas le mien. Je toque à la porte, j'entends : « Entrez ! » Sonia me dit qu'elle m'attend devant, j'entre et referme la porte. Il a pas l'air surpris de me voir...

- « Ah te voilà. T'en a mis du temps ! T'imagines ce que je dois faire pour que tu viennes me voir ?
- Hafid, s'teuplait, dis moi de suite comment tu sais le prénom de mon frère...

Chronique de Nawell : Plume de la StreetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant