L'école fantastique

Chapitre 36

Le midi, je vais trouver papy dans son bureau. Je frappe et entre. Il me dévisage surpris de mon entrain. 

- Bonjour Lucie. Tu as passé un bon week-end ? Me demande-t-il en souriant.

- Tu as un frère ? Je demande sèchement.

Il me fixe décontenancé.

- Un frère ? Demande-t-il visiblement surpris par ma question.

Je sors la photo, m'approche et la pose devant lui sur le bureau.

- Qui est-ce ? je demande.

Il pâlit.

- C'est moi...

- Et...

- Mon frère, c'est vrai.

- Pourquoi tu ne nous en as jamais parlé ?

Il détourne le regard gêné voire agacé même.

- Nous sommes fâché, avoue-t-il d'un ton sec.

- Depuis quand ?

- Depuis que nous sommes jeunes.

- Qu'est-ce qu'il est ?

- Un sorcier.

- Est-ce que tu as d'autres frères et sœurs ?

- J'ai une sœur, louve, qui voyage beaucoup et un autre frère vampire, qui vit aux Etats-Unis.

- Alors tu n'es pas fils unique ?

- Avoir un enfant est impossible dans notre famille. Crois-moi, certains ont essayé mais la nature nous oblige à avoir trois enfants minimums, d'espèces différentes.

- Ok. Est-ce que c'est ton frère qui est à la tête des serpents ?

Il fronce les sourcils.

- Non. Non, bien sûr que non.

- Tu dois me le dire si c'est lui.

- Ce n'est pas lui Lucie. Comment peux-tu penser une chose pareille ?

- Je ne sais pas. Tu nous as bien caché, deux frères et une sœur.

- J'avais mes raisons. Ça ne vous regarde pas. Comment as-tu su ? Comment as-tu eu la photo ?

- J'ai fouillé ton bureau, j'avoue.

- Pardon ?! pourquoi ?

- Les serpents ont dit que c'était ton frère à leur tête. J'ai voulu vérifier.

- Donc tu t'es introduit dans mon bureau, à mon insu ?!

- Il fallait que je sache.

- Sors de mon bureau !

- Papy...

- Sors !

Je sors en claquant la porte. Mes mains tremblent. Je sens une tension monter en moi. Je croise Antoine à ce moment-là.

- ça va ? Me demande-t-il inquiet.

- Je n'ai vraiment pas envie de parler, je réponds.

Malheureusement à ce moment-là, il se retrouve projeté contre le mur. Je recule surprise par moi-même. Il tombe au sol stupéfait. Je reviens rapidement vers lui.

- Pardon, je n'ai pas fait exprès. Excuse-moi.

Il se relève.

- Ce n'est rien.

- Je suis désolé Antoine, je ne voulais pas

- Lucie...

- Non je... Je ne sais pas ce qui m'a prise. Je suis... énervé.

Je m'apprête à partir mais il me retient par la main.

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

- Pardon, je dois rester un peu seule, je ne veux pas faire d'autres conneries.

Je file et pars m'isoler dans ma chambre. Je m'assois sur mon lit et essaie de me vider l'esprit mais la conversation que j'ai eu avec mon grand-père ne cesse de me revenir en mémoire. Pourquoi nous avoir caché l'existence de ses frères et de sa sœur ? Pourquoi est-il fâché avec son frère ? Mes mains fourmillent, ma chambre se met à trembler. Ma respiration s'accélère. Je change de vêtements et sors rapidement. Je me rends à la salle de sport où je commence à courir sur le tapis de course. Je mets la musique au volume maximumdans mes oreillettes et cours. C'est la seule façon de ne plus penser, de neplus réfléchir.

Je ne retourne pas en cours l'après-midi, j'ai trop peur de blesser quelqu'un d'autre ou de voir Antoine et qu'il me pose des questions.

Le soir, je reste tard à la bibliothèque. Soudain, Antoine s'assoit près de moi. Il dépose ses livres de cours sur la table.

- Qu'est-ce que tu fais ? je demande.

- Tu m'as proposé de m'aider à rattraper mon retard.

Je lève les yeux au ciel. Il trouve maintenant ce prétexte pour venir me parler alors qu'il sait que je souhaite rester seule mais que je ne peux lui refuser ça.

- Quoi ? Tu ne veux plus ?

- Si.

- Super.

Il sort l'exercice de math que nous avons à faire pour le lendemain.

Cela fait une heure que nous travaillons. Souvent je le surprends à me fixer et me demande si vraiment il m'écoute quand je lui explique les leçons mais bon, j'essaie d'être le plus clair possible.

- Tu n'as pas à avoir peur de ce qu'il s'est passé ce midi, dit-il soudain.

Je laisse tomber mon crayon sur la table.

- Je suis désolé. Ça n'aurait pas dû arriver

- Arrête de t'excuser. Ce n'était rien.

- Non, j'aurai pu faire pire.

- Tu ne feras pas pire.

- Comment peux-tu le savoir ?

- Je le sais.

- Qu'est-ce qui t'a énervé ?

- Mon grand-père a une sœur louve qui voyage selon lui et deux frères, un vampire et un sorcier avec qui il est fâché.

- Pourquoi ne pas vous l'avoir dit ? Pourquoi le cacher ?

- Je n'en sais rien. Il affirme que ce n'est pas son frère à la tête des serpents.

- Tu le crois ?

- J'ai envie de le croire oui.

Il pose sa main sur la mienne.

- Crois-le Lucie. Achille est quelqu'un de bien, mis à part cette fois, il ne t'a jamais déçu et s'il ne vous a rien dit, c'est parce qu'il avait surement ses raisons.

J'hoche la tête. Il écarte sa main et nous reprenons à travailler.