Il est maintenant minuit, je suis assise sur le lit de ma chambre. Je laisse retomber ma tête contre le mur pensive. On frappe à la porte.
- Entrez !
La porte s'ouvre. C'est Antoine. Je pivote mon poignet et l'invite à entrer. Il vient s'asseoir à côté de moi.
- Une nouvelle fois, tu me laisses l'accès à ta chambre. Je vais finir par croire que tu es amoureuse.
Je souris et laisse tomber ma tête contre son épaule.
- Tu es mon ami.
Il sourit.
- J'ai cru que tu partais sans me dire au revoir.
- Je n'aurai pas pu. Ça n'aurait pas été cool.
- Je ne t'aurai pas laissé partir.
- Tu penses que tu aurais réussi à me retenir ?
- Je t'aurai ramené de force dans ta chambre et t'aurai attaché.
Je souris.
- Je suis contente, je reprends après quelques secondes de silence.
- De quoi ?
- D'avoir aujourd'hui réussi à me défendre face aux serpents sans en tuer, d'avoir réussi à me contrôler.
- A quel prix ? Tu as vu dans quel état tu es rentré ?
J'hausse les épaules.
- Et la dernière fois, avec ce vampire, c'est ton instinct qui a réagi, sous l'effet de la peur. Tu n'as pas à t'en vouloir.
- C'est plus fort que moi.
- Lucie, n'ais pas peur de tuer. Moi j'ai tué hier soir, ce soir. Tu penses que ça fait de moi quelqu'un d'horrible, en plus du fait que je sois un vampire ?
- Arrête avec ça. Tu sais très bien que pour moi tu es différent. Parfois je bloque c'est vrai mais je ne le fais pas exprès. Et même si c'est horrible et que je m'en veux j'ai déjà tué des serpents.
Il tourne la tête vers moi surpris.
- Vraiment ?
- Oui, mais pour me défendre et par accident, parce qu'ils ne résistaient pas aux sorts ou qu'ils en avaient subi trop mais pas comme hier, pas brutalement et sauvagement comme ce vampire qui a... explosé. Ça je refuse, je ne veux pas tuer pour tuer ou de manière... barbare.
- Lucie, c'était ton instinct hier qui a réagi, répète-t-il.
- Mais imagine qu'un jour toi, William ou Camille me surpreniez, vouliez me faire une blague et que mon instinct...
- Non, c'est différent Lucie, ne pense pas à ça.
- Tu devrais t'éloigner de moi.
- Jamais.
Je lève les yeux au ciel.
- Tu crois que moi je n'ai pas peur de ne pas réussir à me retenir lorsque tu saignes beaucoup, comme tout à l'heure.
- Mais non, je sais très bien que tu y arriverais. Je n'ai jamais pensé un seul instant que tu puisses t'en prendre à moi.
- Comme moi vis-à-vis de toi. Je ne doute pas.
- J'aimerai tellement être comme tout le monde, avoir une vie normale.
- Non Lucie, toutes les filles de cette école sont chiantes à mourir, sauf toi.
Je souris amusée.
- Non, ce n'est pas vrai.
- Je t'assure. Depuis que tu es arrivé, il y a enfin de la vie dans cette école.
- Une vie dangereuse où des gens meurs, sont blessés.
- Où les sorciers observent enfin des sorts utiles, où les loups font ce qu'ils font de mieux, chasser, où j'ai un vrai but dans ma vie.
- J'ai donné un but à ta vie ? Je demande en souriant.
- Avant je ratais un cours sur deux. Maintenant je viens pour te voir.
- Tu es capitaine de l'équipe de football, tu as plein d'amis, tu es toujours entouré, tu avais même une copine.
- Un plan cul, rectifie-t-il.
Je lève les yeux au ciel.
- Et tout ça... ce ne sont que des apparences, parfois un peu trop superficielles. Avec mes amis, je ne discute pas comme je discute avec toi, continue-t-il.
Je souris et repose ma tête contre son épaule.
- Pourquoi le football ? je demande curieuse.
- Je ne sais pas. Mon père m'a inscrit petit, me poussant à être le meilleur et j'y suis arrivé. Je suis le meilleur, convoité par les recruteurs de la région.
Je souris.
- Il doit être fier.
- Même pas.
- Peut-être qu'il ne le montre pas
- Il n'a jamais rien montré.
- Vous n'êtes pas... très proche, je dis doucement.
- Je le déteste. J'attends simplement d'avoir 18ans pour couper tout contact avec lui.
Je ne sais pas trop quoi dire.
- Il a trompé ma mère il y a quatre ans avant de l'abandonner pour une autre femme avec qui il a eu mon demi-frère, explique-t-il.
- Je suis désolé.
- Ma mère a fait une grave dépression et est décédé l'année dernière.
- C'est terrible, je suis désolé.
- Je ne lui pardonnerai jamais.
- Je comprends.
- C'était une sorcière elle aussi, dit-il en souriant en parlant de sa mère.
Je souris. Nous discutons un long moment et je finis par m'endormir contre lui.
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L'école fantastique
ParanormalLucie Morin, jeune sorcière issue d'une famille très reconnue dans un monde où vampires, loups-garous et sorciers cohabitent, fait sa première rentrée dans l'école prestigieuse créée par son grand-père. Mais comment s'adapter à un environnement si s...