Chapitre 55

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Alex m'observe, les sourcils froncés ce qui plisse l'arc dessiné sur son front. Si le haut de son visage exprime l'inquiétude, le coin de ses lèvres, qui s'élèvent discrètement, trahissent de l'amusement.

— Ellie, ça va ?

Sa voix me semble lointaine alors qu'il se tient juste en face de moi. J'acquiesce et le regrette aussitôt quand le mouvement me déclenche un vertige, le chasseur raffermit sa prise sur mon bras pour m'aider à garder l'équilibre.

— Je crois que je suis en train de tomber malade, je me sens bizarre et j'ai la tête qui tourne.

— Combien de verres t'as bu ?

— Quatre.

— T'as mangé quelque chose ?

— Non, pas encore.

Alex secoue la tête, avant de me faire assoir à la table. La femme sur laquelle j'ai fait tomber les assiettes me jette un regard de reproche avant de s'en aller.

— Bouge pas, je reviens.

Pendant qu'il s'éloigne, j'observe la peinture bleue qui ondule sur son dos avec le mouvement de ses muscles. J'essaie de deviner la signification des motifs dessinés mais ils sont trop abstraits pour moi. Lorsqu'il disparait au milieu de la foule, je dirige mon attention en direction des danseurs dont le nombre ne cesse d'augmenter. La façon dont ils bougent leurs corps au rythme de la musique est fascinante et je ressens de nouveau l'envie de les rejoindre. N'ayant toujours pas envie de me ridiculiser, je me contente de taper la mesure avec mon pied.

Une assiette pleine de viandes et de légumes grillés à l'odeur alléchante apparait devant moi et me sort de mes pensées. Alex s'assied du côté opposé et pose son propre plat sur la table.

— Mange, ça va un peu éponger l'alcool.

C'est lorsque j'avale la première bouchée de viande que je me rends compte que je suis affamée. J'engloutis la nourriture à une vitesse impressionnante, d'autant plus qu'elle est assaisonnée plus généreusement que d'habitude en raison de la fête. Alex, qui mange plus lentement que moi, me regarde avec un air amusé.

— Qui est-ce qui a choisi de te peindre des yeux de chouettes ? Ash ?

—Oui, elle et Lyl.

— C'est parce qu'elles t'ont jamais vu tirer à l'arc, tu mérites clairement des yeux d'aigles.

J'observe ses propres yeux et essaie de deviner quel animal ils sont censés représenter, la forme me semble familière, mais avec mon esprit embrumé, je n'arrive pas à la reconnaître.

— Et toi, quel est ton animal ?

— Un loup, c'est Lam qui l'a choisi.

L'image du loup que j'ai vu lorsque j'ai quitté la Ville me revient en mémoire. Je me souviens de son attitude effrayante et du hurlement aigu qu'il a poussé. Ce n'est pas un bon choix pour Alex, il n'est pas terrifiant au contraire, sa présence est rassurante.

— Je n'aurais pas choisi cet animal pour toi.

— Et qu'est-ce que tu aurais choisi alors ? demande-t-il, intéressé.

—Je ne sais pas, je ne connais pas beaucoup d'animaux. Mais tu es beaucoup plus amical qu'un loup.

— Alors trouve un animal amical dans tes livres et c'est ce que je peindrais l'année prochaine.

— Avec plaisir.

Heureuse à cette idée, je sens un sourire étirer mes lèvres. Le jeune homme détourne le regard visiblement gêné. Afin de ne pas augmenter son embarras, je recommence à observer les danseurs, hypnotisée par leurs mouvements et envieuse de leur savoir-faire.

Sans émotions Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant