Chapitre 58

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— Ellie, je voudrais te parler de l'autre soir. Tu sais... pendant la fête du soleil. Quand tu m'as embrassé.

Je me relève, gênée. J'avais réussi à oublier cet épisode et, maintenant, la culpabilité déferle à nouveau en moi. Si seulement je pouvais revenir en arrière et effacer cet instant, faire en sorte que cela ne se soit jamais produit.

— Je suis vraiment désolée, Alex. Je n'aurais pas dû faire ça, je ne sais pas ce qui m'a pris.

— Tu regrettes de m'avoir embrassé ?

— Oui, j'ai bien vu que je t'ai embarrassé. Je n'aurais pas dû faire cela sans te prévenir.

Alex soupir, passe une main dans ses cheveux, puis m'observe un long moment. J'aimerais combler le silence qui s'est installé entre nous, mais je ne sais pas quoi dire de plus.

— Ellie, t'es vraiment unique, reprend le jeune homme. C'est une des choses que j'aime le plus chez toi, mais ça rend parfois les choses plus compliquées.

Il s'approche avant de poser sa main sur ma joue. Le contact de sa paume chaude est agréable et je sens les battements de mon cœur s'accélérer. Les iris verts d'Alex se fixent sur les miens avec intensité, porteurs d'un message que je n'arrive pas à déchiffrer, me pétrifiant sur place. Je me retrouve incapable d'effectuer le moindre mouvement de peur qu'il cesse de me regarder ainsi, ou pire, qu'il ne s'éloigne.

— J'ai besoin de savoir si tu pensais ce que tu m'as dit juste avant de m'embrasser ou si c'était juste à cause de l'alcool. Tu sais, à propos de vouloir rester tout le temps avec moi et tout ça...

— Oui.

L'affirmation est sortie de ma bouche avant que mon cerveau n'ait eu le temps d'entièrement comprendre la question, mais cela n'aurait pas changé la réponse. Malgré mon état second, j'avais pensé chaque mot prononcé ce soir-là.

Alex se met à sourire, un sourire plus agréable à regarder que tous ceux qu'il m'a accordé jusqu'à présent.

— Tant mieux, dans ce cas...

Il relève ma tête et se penche lentement dans ma direction, les paupières fermées. Lorsque sa bouche se pose sur la mienne, je me tétanise, le souffle coupé.

La proximité de son visage lui donne un air grotesque, lorsque je m'en rends compte, je l'imite et ferme les yeux. Privée de ma vue, je m'abandonne à mes autres sens. Je peux sentir la douceur de ses lèvres, la chaleur de ses mains sur mon dos et à l'arrière de ma nuque, son odeur de forêt et de feu de bois. Une chaleur agréable commence à irradier de ma poitrine pour s'étendre dans toutes les fibres nerveuses de mon corps qui y répondent par un concert de fourmillements. Mes mains décident de partir à l'exploration, parcourent son torse, caressent son dos, encadrent son visage avant de se perdre dans ses cheveux.

Alex s'écarte de moi, bien trop tôt à mon goût. Ses yeux continuent à crier ce message que je n'arrive pas à décrypter.

— Ellie, je t'aime.

Je devine à la façon dont il l'a prononcé que cette phrase n'est pas anodine, qu'elle vient de marquer un tournant. Qu'après l'avoir entendu, rien ne pourra être pareil entre nous, sans aucun retour en arrière possible. Sans attendre de réponse, Alex repart à la rencontre de mes lèvres et je me laisse envahir par les nouvelles sensations que cela déclenche en moi.

***

Lorsque le soleil se lève, je suis encore éveillée, contrairement à Alex qui ronfle paisiblement derrière moi. La nuit ne fut pas reposante, loin de là. Une fois nos embrassades terminées, nous sommes allés nous coucher, apparemment, la tournure qu'a prise notre relation implique de devoir dormir collés l'un contre l'autre. Si, au départ, j'ai trouvé agréable de sentir ses bras autour de ma taille, les inconvénients se sont vite imposés à moi.

Sans émotions Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant